§ La faiblesse des ressources disponibles des
associations explique pour une grande part le primat
des logiques de subvention des activités
menées sur les logiques de prestation
Il s'en suit que les associations de migrants s'engagent peu
dans les champs où la concurrence pour l'accès aux subsides de
l'État est particulièrement rude. C'est le cas dans les secteurs
de l'intégration sociale et l'insertion par l'emploi, la langue et le
logement où les organisations des migrants subsahariens sont si peu
actives. La politique d'intégration nationale est sous-traitée
principalement aux associations françaises d'intégration sans les
acteurs migrants eux-mêmes, en d'autres termes.
§ La non-ouverture aux acteurs non migrants
(associations, entreprises, groupes, pouvoirs
publics) et le cloisonnement communautaire
expliquent en partie ce peu de visibilité auprès des acteurs
majeurs de la question migratoire et intégrative
C'est ce travail de décloisonnement que portent et
animent de plus en plus des collectifs associatifs transnationaux tels Africa
50, le COSIM, le Forim. Les collectifs nationaux des migrants subsahariens
restent pour autant encore très recroquevillés et pas toujours au
fait des dispositifs et moyens disponibles pour accompagner les leurs dans le
processus d'intégration économique et socio-professionnelle.
131
168 Ndongo Mbaye, extrait de l'article « A la recherche
de l'Africanité » in l'Africanité en
questions, Revue Africultures, 2001.
132
Au final, en raison de ces facteurs bloquants, les
subsahariens du Grand Lyon, pourtant désireux d'unité et
d'action, peinent à construire un projet associatif global,
cohérent, intégré, fédérateur qui serait
suffisamment fort, légitime et visible pour susciter l'adhésion
du grand nombre, mobiliser l'ensemble des compétences, même
lointaines, engagées ou non dans la vie associative. Les raisons de la
démobilisation ici évoquées ne sont pas exhaustives. Tout
juste sont-elles les plus significatives au regard des discours exprimés
par nos interlocuteurs durant la série d'entretiens que nous avons
menés dans différentes communes de l'agglomération
lyonnaise. La situation est-elle pour autant sans issue?
Nombreuses sont celles qui restent déterminées,
comme le Collectif Africa 50, Alpadef, le promoteur du Centre ACF, l'A2P
Nord-Sud-Sud, Miferval, Passerelle Ngam, l'ABRA ou encore l'ABL
portées par la conviction qu'une révolution peut se faire
avec une poignée d'hommes et femmes de «bonne volonté
», dès lors qu'un premier pas est fait sur le chemin de ce que la
communauté associative africaine du Grand Lyon voudrait être dans
un monde culturellement complexe mais si riche d'occasions de rencontres et de
partage. C'est fort de cette conviction que nous aussi nous hasardons à
proposer quelques pistes d'actions, sans doute déjà
envisagées par les acteurs susmentionnés&ou pas.