1.3.3. Caractéristiques
sociodémographiques de la population immigrée rhodanienne
Sur environ 194.000 immigrés en 2009, environ 33% sont
naturalisés français et 130.000 sont étrangers, un taux de
la population étrangère qui avoisine les 11 % de la population
globale du département.
Si la population rhodanienne dans son ensemble se
caractérise par sa jeunesse, laquelle se concentre essentiellement dans
une vingtaine de communes de l'agglomération lyonnaise46, ce
n'est pas le cas de la population immigrée qui apparait plus
âgée que la moyenne : «les plus jeunes sont peu nombreux
puisque les immigrés ne naissent pas en France et que peu d'enfants ont
été concernés par le regroupement familial,
procédure plus souvent utilisée pour les conjoints. Ainsi, tous
âges confondus, les immigrés représentent 8,9 % de la
population des ménages mais seulement 2,5 % chez les moins de 15 ans
» (Insee, RP : 2006). En effet, 96% de la population immigrée
dans son ensemble est avant tout adulte avec une part forte parmi les 30-59 ans
(55%), tranche qui correspond aux âges d'activité, d'où le
taux d'actifs assez élevé, nous le verrons, au sein de la
population immigrée du Rhône. Les25-54 ans sont les plus nombreux
avec 102.070 individus recensés en 2009 contre 61.980 pour les 55 ans et
plus, 21.036 pour les 15-24 ans, et 8.901 pour les moins de 15 ans.
1.3.3.1. Les primo-arrivants
Personnes étrangères présentes sur le
territoire rhodanien depuis moins de 5 ans, ils sont environ 20.000 (ils sont
près de 67.000 en 2005 au niveau régional). Il est recensé
4000 nouveaux entrant par an, cette estimation étant faite à
partir du nombre de Contrats d'Accueil et d'Intégration
(CAI)47 signés dans le Rhône (4050 en 2008 et 3555 en
2009 contre 8 709 dans la région Rhône-Alpes sur la période
2008-2009).
46 Le département du Rhône est surtout un
pôle très attractif pour les étudiants de la région
Rhône-Alpes (121.807 étrangers en 2006) et pour les
étudiants étrangers (13.000 à Lyon).L'agglomération
lyonnaise est en effet un des plus importants pôles européens en
matière de santé, des bio-industries, de l'industrie chimique
fine, pharmaceutique, agrochimique, de la recherche mais aussi pour la
formation.
47 Selon la préfecture du Rhône, dans son
Programme départemental de l'Intégration des Immigrés du
Rhône 2010-2012 : « Ce contrat entre l'État et le
migrant, prévu à l'article L.311-9 du code de l'entrée et
du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA), est
obligatoire depuis le 1er janvier 2007. Il est conclu pour une durée
d'un an et peut être prolongé d'une année
supplémentaire. Par ce contrat, le migrant s'engage "à suivre une
formation civique et, lorsque le besoin en est établi, linguistique"
(art L.311-9 CESEDA). Il bénéficie également d'un bilan de
compétences professionnelles. En cas de non-respect des termes du
contrat par l'étranger, le préfet peut refuser le renouvellement
du titre de séjour ou la délivrance de la carte de
résident». En 2009, 97.736 CAI ont été
signés en France (8.710 en Rhône-Alpes). 52% l'ont
été par des femmes (4961 en 2009 dans la région) et 48%
par des hommes, chiffres qui confirment la tendance observée depuis les
20 dernières années d'une augmentation constante des femmes dans
la population immigrée en France. La tendance est globalement la
même en Rhône-Alpes, dans le Rhône et dans le Grand Lyon. Le
CAI est majoritairement délivré au titre de la migration
familiale (73%) au niveau national. Suivent les migrants économiques
(20.000 environ par an) et les réfugiés (10.00 par an). Moins
d'un titre sur 10 est accordé pour motif professionnel.
36
Tableau 4 : Statut des primo-arrivants signataires du
Contrat d'Accueil et d'Intégration en Rhône-Alpes
Source: Insee, RP, 2006.
Plus d'un immigré sur dix arrivé en France
depuis 2000 d'après le recensement démographique 2006 de l'Insee
s'est ainsi installé en Rhône-Alpes48. Parmi les
nouveaux entrants, beaucoup sont Algériens (près de la
moitié de l'effectif des signataires avec Tunisiens et Marocains),
Sub-sahariens mais aussi Anglais.
1.3.3.2. Les femmes
Elles constituent le contingent le plus important des
immigrés avec environ 52 % de la population rhodanienne, ce qui confirme
la forte féminisation de la migration dans le département et plus
largement dans la région Rhône-Alpes (51% de l'effectif global des
immigrés)49. On y recense ainsi 98.520 immigrées
(étrangères et naturalisées confondues) et environ 95.466
pour les hommes. En 2009, note l'Insee, les femmes immigrées sont
majoritaires parmi les 25-54 ans (52.774 contre 49.296 pour les hommes), et, du
fait de leur mortalité plus tardive, parmi les plus de 75 ans. Mais dans
la tranche d'âge des 55-74 ans, les hommes y sont plus nombreux (32.045
contre 29.935 pour les femmes). Elles sont 47% à n'avoir aucun
diplôme (contre 42% pour les hommes) y compris au niveau de la
région, ce qui peut expliquer en partie le taux de chômage
particulièrement élevé au sein de cette catégorie
de la population, toutes tranches d'âge confondues, avec néanmoins
des disparités importantes selon les nationalités. Cet indicateur
de la faible qualification peut également laisser entrevoir pour une
bonne part d'entre elles les difficultés d'insertion sociolinguistique,
d'où la multiplication des mesures et dispositifs institutionnels, au
travers du PRIPI ou du PDI, visant à combler ces lacunes avec le
concours de divers acteurs. Nous y reviendrons.
48 Insee, RP, 2006 : « La région se situe en
deuxième position pour les nouveaux arrivants derrière
l'Île-de-France, ce qui est conforme à son poids
démographique ».
49 On peut toutefois noter quelques différences selon les
périodes d'arrivée, selon les données fournies par le
PRIPI. Ainsi : « Les populations parvenues en France avant 1990 sont
composées pour deux tiers d'hommes et un tiers de femmes. Pour les
populations arrivées en 1990 et après, le rapport est exactement
inverse». En 2008, au niveau national, 51 % des immigrés sont
des femmes, contre 44 % en 1968.
37
Tableau 5. Situation au regard de l'emploi des femmes
selon le niveau de diplôme
Source: Insee, RP, 2006.
1.3.3.3. Les migrants âgés50
Si la population immigrée es globalement jeune, tant
chez les hommes que chez les femmes, dans le département du Rhône
« la part des plus de 55 ans est plus importante dans la population
immigrée (33%) que dans la population non immigrée (25%). 19% de
la population immigrée est retraitée ou
préretraitée »51.
Cet accroissement de la population des migrants
âgés ne va pas sans poser quelques problèmes, notamment
pour ceux des migrants vivant dans les foyers de travailleurs et dont une part
importante, selon une étude du GRDR, est confrontée à une
méconnaissance de leurs droits sociaux et font face à
d'importants soucis de santé. L'accentuation des campagnes de
sensibilisation sur le sort de cette catégorie de migrants a
également amené les pouvoirs publics à prendre la question
à bras le corps en intégrant les migrants âgés comme
public prioritaire ( comme les primo-arrivants et les femmes migrantes ) dans
sa politique globale d'accompagnement vers l'accès aux droits communs
spécifiquement accompagnement socio-sanitaire, accès à la
prévention et aux soins) et plus largement vers intégration
nationale.
Quant aux populations originaires d'Afrique sub-saharienne
dans le Rhône, elles représentent 9,8% de la population
immigrée totale avec près de 20.000 personnes dont 9.400 hommes
et 9.800 femmes. Près de la moitié des sub-sahariens de la
Région Rhône-Alpes se concentrent dans le département du
Rhône, et plus spécifiquement dans les communes qui constituent
l'agglomération lyonnaise. Cette population a considérablement
cru en 6 ans. Ils étaient près de 34.000 au niveau
régional en 2006.
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