Le traitement des défaillances bancaires des établissements de microfinance( Télécharger le fichier original )par Grégoire TCHOMGUI KOUAM Université de Dschang Cameroun - Master II recherche 0000 |
SECTION 2 : L'ACCENTUATION DE L'INTERMEDIATION SOCIALEL'intermédiation sociale des EMF est le corollaire du volet social qui prédomine dans leurs activités. En effet, les EMF dans leurs activités quotidiennes ne doivent pas seulement se préoccuper de l'octroi du crédit puisque le succès de cette activité dépend de plusieurs paramètres renvoyant à son environnement social. Si l'objectif d'octroi du crédit est légitime, encore faut-il que l'activité de crédit soit rentable pour assurer la croissance et la survie de l'EMF. Il est nécessaire, pour atteindre cet objectif, que les agents concernés suivent régulièrement les crédits octroyés afin de garantir un taux de recouvrement satisfaisant qui épargnerait la structure des risques de défaillances. De même, l'EMF doit pouvoir compter sur la probité et l'honorabilité des dirigeants qui doivent adopter des politiques saines et transparentes de gouvernance intégrant la gestion objective des ressources humaines dont ils disposent. La microfinance est donc autant offre d'argent que livraison des services intégrés d'aide, d'information, d'éducation, de conseils et de formation. Tels sont les principes généraux de l'intermédiation sociale qui est parfois une condition préalable à l'exercice et au succès de l'intermédiation financière. Dès lors, les actions de formation des clients et agents de l'EMF (paragraphe 1) ainsi que des mesures d'accompagnement des bénéficiaires de crédit dans leurs différentes activités (paragraphe 2) contribueront efficacement à la prévention des risques potentiels de défaillances. PARAGRAPHE 1 : LA FORMATION DES CLIENTS ET DES AGENTS DES EMFL'un des plus grands maux qui minent le secteur de la microfinance en Afrique Centrale est le déficit technique des acteurs de ce secteur. Les carences professionnelles des agents des EMF sont la résultante d'une formation superficielle281(*). A la faveur de la crise bancaire des années 90, les agents des structures bancaires qui se sont retrouvés sans emploi se sont repliés vers les EMF. Cette reconversion s'est faite sans formation préalable malgré les spécificités du secteur de la microfinance. Cette situation à été accentuée par la rareté des structures de formation en microfinance. Une timide prise de conscience est observée de nos jours, mais il convient de mettre l'accent sur la formation du client (A) au même titre que celle des agents (B). L'intervention salutaire de la COBAC dans l'agrément des dirigeants renforce les exigences de formation (C). A. L'impératif de la formation des clientsLe client, plus que tout autre acteur, devrait bénéficier d'une formation de la part des EMF soucieux de leur fonctionnement normal car la défaillance du client affecte directement la structure de microfinance. Cette nécessité n'a pas échappé au législateur communautaire qui prévoit parmi les opérations autorisées aux EMF à titre accessoire « les actions de formation »282(*). Même si on peut déplorer le fait que les bénéficiaires de cette formation ne sont pas désignés, on peut légitimement croire que le client est parmi les principaux bénéficiaires au vu des enjeux qui s'imposent. En effet, la nature de la clientèle des EMF oblige ceux-ci à renforcer leurs capacités pour en faire des opérateurs économiques bancables. Si cette clientèle existe déjà, l'action de l'EMF doit viser à renforcer ses capacités afin de créer un climat de confiance qui aboutira à la fidélisation du client. Par exemple, il peut être question d'aider le client à créer un capital productif pour le faire passer du stade d'opérateur économique occasionnel à celui de permanent283(*). Il sera aussi question d'intensifier par exemple la pratique de l'épargne quotidienne en tant que technique de remboursement successif du prêt qui a été octroyé tout en faisant comprendre aux clients l'avantage de la souplesse de ce mécanisme. Par contre si la clientèle n'existe pas encore, il revient à l'EMF d'aller à sa conquête en offrant à son profit une formation attrayante. Les EMF offrent très souvent une gamme de produits variés et complexes. La réticence des populations à accepter les structures formelles de microfinance est le plus souvent justifiée par cette complexité. Il est donc nécessaire que par la formation, les populations soient éclairées et s'engagent en connaissance de cause. Les populations villageoises, surtout celles exerçant dans le secteur agricole ont eu l'habitude de bénéficier des subventions non remboursables et sont ainsi exposées à la confusion entre crédits et subventions. Il revient donc aux EMF d'éduquer les populations sur la gestion du crédit et de l'épargne afin que celles-ci se sentent préoccupées par le respect des échéances des crédits. De plus, les EMF doivent initier les populations dans la création des activités génératrices de revenus qui relèveront non seulement leur niveau de vie, mais aussi permettra la régularité des dépôts. La formation des clients doit nécessairement s'accompagner de l'information, de la sensibilisation, de l'éducation et des conseils qui permettront aux clients de réussir dans leur relation avec l'EMF. Le client dans cette optique doit être informé sur les moyens dont disposent l'EMF pour sécuriser son épargne afin qu'il procède à des dépôts réguliers. La formation des clients, bien qu'elle tende à renforcer leurs capacités, contribue aussi et surtout à la prévention des risques de défaillances des EMF dont le succès dépend du degré de compréhension de son mécanisme par la clientèle. Mais puisqu'il est communément admis que nul ne peut transmettre plus qu'il n'en possède lui-même, il doit être aussi accepté que le bon formateur doit d'abord être formé. Parce que la formation des clients repose sur les agents des EMF, il est important d'insister sur la formation de ces derniers. * 281 Le plus souvent, les agents des EMF sont formés sur le tas. Leur sélection n'est pas faite sur la base des compétences et des aptitudes professionnelles, mais surtout sur des considérations familiales ou tribales. Il n'est doc pas rare de rencontrer les EMF qui ont la physionomie d'entreprise familiale. * 282 Art. 10 du règlement du 13 avril 2002 précité. * 283 MBOUOMBOUO NDAM J., op. cit, p. 64. |
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