2.1.2 Contexte et historique du développement de la
RSE
2.1.2.1 La mondialisation
Le développement de la responsabilité des
entreprises est à mettre en relation le phénomène de
mondialisation et ses impacts, provoquant à la fois mouvements de
solidarité et réactions de peur. Ces mouvements ont permis de
faire émerger une réflexion autour de la conduite des
entreprises. Alors, cela a permis de constater un écart entre les
valeurs et attentes de la société civile et celles des
entreprises.
La RSE, associée au concept de développement
durable, repose sur des enjeux géopolitiques : une évolution
dans ces domaines suppose une entente nationale que les Etats-Unis viennent
remettre en cause.
La mondialisation conduit également à la
déréglementation, accordant de plus en plus de pouvoir aux
entreprises, tandis qu'elles souffrent de légitimité.
La RSE devient un outil de développement de cette
légitimité, utilisé par les entreprises.
Mondialisation
mouvements sociaux mise en évidence d'une perte de
légitimité
enjeux géopolitiques de la RSE mondialisation des
objectifs de RSE contrée par les USA
déréglementation pouvoir des entreprises
outil RSE pour plus de légitimité
La mondialisation est liée au phénomène
de fusions - acquisitions qui a généré des tailles
d'entreprises de plus en plus importantes et des groupes de plus en plus
industriels. Ces entreprises, souvent transnationales, concentrent un pouvoir
économique et financier de plus en plus important, ce qui leur laisse
l'opportunité d'opérer des déréglementations,
notamment sociales, en exerçant d'importantes pressions contre les
pouvoirs publics. Ces déréglementations sont contrées par
des mouvements citoyens qui se développent un peu partout dans le
monde.
2.1.2.2 Evolution des rapports entre économies et
sociétés
L'auteur explique dans le premier chapitre que le
développement du concept de RSE est d'abord marqué par des
rapports différents entre le monde économique et la
société.
La notion de PP est apparue en Grande Bretagne et n'a
été développée que bien plus tard en France. De
nouvelles catégories d'acteurs, à côté des
actionnaires et des salariés se sont développées.
Côté actionnaires, d'autres groupes d'investisseurs
défendant l'investissement socialement responsable ont fait leur
apparition.
Deux phénomènes sont constatés :
- la baisse du seuil d'acceptation de certains risques par la
société
- la recherche d'une plus grande légitimité par
les entreprises
Les structures de l'économie sociale et solidaire
constitue en quelque sorte un modèle des valeurs recherchées par
la société.
Les rapports entre économies et sociétés
évoluent en laissant la place à de nouveaux acteurs
« parties prenantes ».
Différents facteurs ont contribué à la
réflexion et au débat autour de la RSE :
- les cercles de dirigeants, ONG et organisations
internationales sur les questions sociales dans le commerce
international : ce sujet est lié au développement de la
mondialisation qui a fait émergé la problématique de
dumping social.
- les milieux écologistes avec la notion de
développement durable, qui n'a cessée de se développer
depuis le sommet de la Terre à Rio en 1992
- l'opinion publique avec la question du respect des droits de
l'homme : la question des droits humains et de la personne est de plus en
plus présente à travers le monde (développement de la
notion d'ingérence humanitaire lorsqu'il s'agit de situations
extrêmes en terme de violation des droits de l'homme ;
dénonciation d'activités criminelles impliquant exploitation et
souffrance humaine ; soutien des consommateurs pour les actions en faveur
de défavorisés, de minorités).
Les organisations ont du faire face à de nouvelles
contraintes qui entraînent l'apparition de nouvelles formes et lient
de plus en plus l'entreprise à son environnement :
- l'entreprise a un périmètre de moins en moins
précis et devient de plus en plus perméable à son
environnement (logiques de réseaux, mouvement d'externalisation)
- de nouvelles formes d'entreprises apparaissent : on
parle d'entreprises nomades, d'entreprises nébuleuses, de modèle
« molécule »
- dès lors, l'emploi évolue à travers de
nouveaux statuts, avec une distinction de son positionnement physique et de son
positionnement juridique
- l'organisation en firme-réseau amène
l'entreprise à développer des relations plus particulières
avec certaines parties prenantes
- l'entreprise est jugée de plus en plus responsable de
son environnement immédiat (dimension sociale, environnementale)
- leurs tailles grandissantes amènent la
société civile a exigé de plus en plus des
entreprises ;
- les attentes de la société civile porte sur
trois dimensions : économique, social et environnemental
- ces exigences les amènent à développer
de nouveaux systèmes de management
- certains demandent la prise en charge par l'entreprise de
certaines charges, trop souvent abandonnées à la
collectivité ; d'autres réfléchissent à des
actions de contrôle
- l'image de la firme, sa réputation, sont
perçues comme un capital immatériel à développer
- le comportement socialement responsable, outil de
développement de cette image, devient alors un élément
intervenant dans la performance des entreprises
Les entreprises s'intègrent dans un mouvement de
développement des préoccupations éthiques,
développées par les milieux d'affaires eux-mêmes. Elles ont
pour objectif de donner une consistance à l'utilité sociale des
entreprises et de leurs dirigeants. L'éthique s'adresse à
l'entreprise mais également à l'ensemble des parties prenantes,
d'où sa large diffusion. Pour faire face au déficit des valeurs,
l'entreprise est érigée en exemple à suivre. Le risque de
cette exigence éthique est de placer comme débat central la
recherche de croissante « socialement correcte » au
détriment d'un débat sur les choix politiques fondamentaux. Des
mouvements de réflexion ont été créés, sous
l'impulsion des entreprises. D'autres s'inscrivent, par secteur
d'activité, dans un ensemble de principes et d'engagements.
Les autorités politiques interviennent également
dans le changement de contexte, notamment en tant qu'autorités
appelées à réguler les pratiques des entreprises.
Nous noterons, sur le plan international, la création
du programme « Global Compact » par l'OIT, l'OCDE et
l'Union européenne, sensé promouvoir de meilleures pratiques en
terme de droits de l'homme, du travailleur et de l'environnement. Le manque de
contrôle limite toutefois son impact. La RSE a également
été mise en avant lors du sommet mondial du développement
durable à Johannesburg en 2002. Le retrait des Etats laisse une plus
grande place au rôle direct de l'entreprise dans la mise en oeuvre du
développement durable ; les ONG essaient de limiter ce
phénomène en demandant « un cadre international
effectif, juridiquement contraignant sur l'obligation de rendre compte et sur
la responsabilité des entreprises ».
Certains états jouent également un rôle
dans la promotion de la RSE, comme au Royaume-Uni, ou encore en France.
Les collectivités territoriales jouent, quant à
elles, un rôle important dans l'application des objectifs de Rio (Agenda
21) concernant le développement durable.
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