5 Conclusion
Au cours d'une mission d'organisation que nous avons
menée en entreprise concernant la fonction Formation, certaines
décisions de cette structure ont fait émerger une
intuition : les orientations qu'elle prenait en matière de
formation pouvaient avoir des répercussions fortes sur
l'employabilité. Il nous semblait que l'entreprise, à travers ces
décisions, pouvait aussi bien contribuer au développement de
l'employabilité que le bloquer.
Considérant l'employabilité comme un levier fort
en faveur de l'émancipation des individus, il nous a semblé
dès lors important de nous interroger sur ce phénomène.
Notre finalité était de faire émerger quelques
idées concrètes en faveur du développement de
l'employabilité. Pour cela, et compte tenu de notre expérience
précédente, nous devions vérifier si le pouvoir de
l'entreprise en matière d'employabilité était aussi
important qu'il nous était apparu. Si tel était le cas,
l'entreprise pouvait être considérée comme responsable du
développement de l'employabilité. Cette employabilité
ayant des répercussions sociétales, elle entrait alors dans le
champ d'application de la responsabilité sociale de l'entreprise.
Après une étude détaillée des
notions de responsabilité sociale de l'entreprise et
d'employabilité, la mise en relation de ces deux concepts nous a
montré que notre intuition, si elle était en partie exacte ,
devait être largement reconsidérée.
L'entreprise, s'il est vrai qu'elle peut développer
l'employabilité, et qu'elle le réalise par différentes
actions qui font partie de sa gestion quotidienne, ne doit pas apparaître
comme étant l'intervenant exclusif du développement de
l'employabilité ; en premier lieu, parce que le pouvoir qu'elle
détient effectivement en la matière sert d'abord ses propres
intérêts, souvent éloignés de ceux des
salariés ; en second lieu, parce qu'elle n'est pas l'intervenant
exclusif de l'employabilité. Ainsi, utiliser un mode de mise en oeuvre
« obligatoire » de la responsabilité sociale de
l'entreprise n'est en aucun cas une garantie de développement de
l'employabilité.
Au contraire, le fait de maintenir ce mode de raisonnement
empêche d'explorer de nouvelles approches, telle que celle que nous avons
développée, à savoir une prise en responsabilité
par l'individu de son employabilité, mais accompagnée des
pouvoirs et des moyens qui sont nécessaires à son
développement, et qui sont pour une bonne part détenus pour
l'instant par l'entreprise. Cette « externalisation » de
l'activité de développement de l'employabilité vers
l'individu nous semble être une des meilleures garanties de
résultat. Cette idée suppose de reconsidérer plus
profondément les liens existant entre entreprises et salariés et
de repenser, en particulier, sous cet angle toute une partie de la fonction
« Ressources Humaines » afin que son développement
servent plus efficacement les attentes des individus.
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novethic.fr
orse.org Observatoire sur le Responsabilité
Sociétale des Entreprises
alliances-asso.org
imsentreprendre.com
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