3.2.6 Les difficultés de mise en
oeuvre du développement de l'employabilité
Un mouvement collectif des entreprises dans ce sens permet de
mieux préparer les transitions professionnelles de chaque individu,
rendues fréquentes :
- par une évolution plus rapide des entreprises pour
répondre le plus vite possible aux exigences du marché ; par une
évolution des technologies également plus rapide ;
- par le mouvement de globalisation qui offre des
opportunités de développement plus importantes, mais
également plus risquées ;
- par une approche plus libérale des activités
économiques qui autorise plus de flexibilité, synonyme
d'insécurité pour les salariés.
L'entreprise récupère son investissement en
intégrant des individus qui ont été mieux
préparés au changement professionnel au sein de leur
précédente entreprise.
Les entreprises trouveraient bénéfice à
adopter cette nouvelle conception de la formation mais les
bénéfices restent hypothétiques et elles peuvent continuer
à fonctionner de manière non intelligente.
Du point de vue des nuisances créées, les
entreprises en adoptant des comportements impliquant plus de
flexibilité, provoquent plus d'insécurité, des ruptures de
vie professionnelle, dont les conséquences sont assumées pour
partie par les entreprises mais, pour l'essentiel, par la société
et les individus eux-mêmes.
Cette nouvelle conception permet d'entrer dans un cercle
vertueux où l'individu voit que l'entreprise prend en compte les
intérêts des individus à côté de ses propres
intérêts ce qui le pousse à donner à son tour plus
à l'entreprise.
D'autres difficultés de mise en oeuvre de ce type
d'action sont relatives aux individus actifs eux-mêmes. Développer
l'employabilité est le moyen de faire face au risque pour chaque
individu actif de se voir priver d'emploi pendant une période plus ou
moins longue. Nous savons que ce risque est de plus en plus présent du
fait d'une plus grande évolution des activités des entreprises,
provoquant l'obsolescence des métiers ou des compétences, du fait
d'une plus grande flexibilité et instabilité des activités
économiques (notamment par le transfert des activités fortement
utilisatrice de main d'oeuvre vers des pays émergents), amenant les
entreprises à licencier plus qu'auparavant. Pourtant, une réelle
prise de conscience de la nécessité de faire face
individuellement à ce risque tarde à venir. En effet, aucun
dispositif n'existe aujourd'hui qui permette d'agir simplement en ce sens. Ce
type d'engagement, qui s'inscrit dans le temps, apparaît pour beaucoup
difficilement conciliable avec l'activité professionnelle, la vie
familiale, les divers engagements dans la vie sociale et les éventuelles
activités de loisirs. L'importance de la tâche à accomplir,
les obstacles, contraintes auxquels il faudra faire face pour entamer une
réflexion autour de sa propre employabilité, sans même
parler d'actions de développement, sont tels que bien des individus
préfèrent vivre avec le risque d'une perte d'activité,
d'autant plus qu'elle reste dans l'esprit de chacun tout à fait
hypothétique. Il sera alors toujours tant d'entreprendre des actions de
formation, d'évaluation des compétences une faut le risque
réalisé.
Un autre obstacle réside dans la manière dont
est perçu le concept d'employabilité par les individus. Il
renvoie immédiatement au risque de perte d'emploi et est ainsi
chargé de connotations négatives au lieu d'y voir
l'opportunité, dans le temps, d'une meilleure évolution
professionnelle au plus proche de ses aspirations.
Enfin, la difficulté de mise en oeuvre du
développement de l'employabilité du fait des individus actifs
s'explique également par le refus encore présent de prendre une
responsabilité qui était jusqu'ici celle des entreprises : la
responsabilité de la garantie de l'emploi. Nous sommes passés
d'une responsabilité de l'entreprise de garantir l'emploi à une
responsabilité partagée de garantir l'employabilité dans
que ce changement n'est véritablement donné lieu à une
réelle prise de conscience.
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