La protection de l'environnement en droit coutumier congolais. Cas de pygmées de la province de l'Equateur en RDC( Télécharger le fichier original )par Bienvenu Wapu Samaki Université catholique du Congo - Gradué en droit 2012 |
CHAPITRE TROISIEMEDE LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT PAR LES PYGMEES DE LA PROVINCE DE L'EQUATEURLes pygmées, gardiens du patrimoine forestier, font partie intégrante des populations ignorées et oubliées des grandes préoccupations politiques de la plupart des états de l'Afrique centrale qui ont en partage la forêt du bassin du Congo. En effet, malgré l'intérêt qu'elles ne cessent de susciter auprès des Etats, des Organisations non Gouvernementales nationales et internationales et des agences de développement depuis quelque décennies, les populations pygmées d'Afrique centrale restent encore en marge de la vie politique, économique, sociale et culturelle de leur pays respectifs et leurs conditions de vie demeurent précaires et incertaines. A l'heure actuelle où le problème de la protection de l'environnement se pose avec acuité, il convient de nous référer à la sagesse de ce peuple marginalisé qui dispose énormément d'atouts pour gérer le patrimoine forestier aujourd'hui victime de la déforestation. Dans ce chapitre, nous allons dans la première section, localiser les pygmées en Afrique centrale et chez nous en RDC, leur situation dans la province de l'équateur et le mode de gestion de leur patrimoine forestier ; dans la deuxième section, nous donnerons les perspectives d'avenir. Section 1 : DU CADRE TERMINOLOGIQUE ET ESPACE OCCUPE PAR LES PYGMEES§1. DU CADRE TERMINOLOGIQUELe concept « pygmées »vient du grec « pugmaïos », qui signifie littéralement « haut d'une coudée ». Ce terme aurait été utilisé dans la littérature européenne en 1873, à l'initiative de son inventeur, l'allemand SCHWEINFURTH qui fut un explorateur. Ce dernier, au cours d'une exploration dans la région des Grands Lacs Africains, notamment dans l'actuelle Province Orientale de la RDC, se serait exclamé en rencontrant des populations de taille réduite : « ca y est ! j'ai rencontré les pygmées d'Homère »76(*) Notons de suite que ces populations rencontrées par les européens en Afrique n'avaient rien de commun avec celles décrites dans la mythologie grecque. Pour JEROME LEWIS « pygmée » est un terme abstrait qui désigne les peuples de chasseurs-cueilleurs et d'anciens chasseurs-cueilleurs de petite taille vivant dans les forêts équatoriales et dans les régions voisines en Afrique du centre. Ce terme est largement utilisé par les non pygmées, mais très rarement par des pygmées eux-mêmes. Les étrangers l'utilisent souvent par dénigrement. La plupart des Batwa de la région des Grands Lacs n'aiment pas ce terme parce qu'ils ne l'entendent que dans le contexte d'insultes de la part de leurs voisins, mais les militants Batwa ont tendance à l'approuver et à en faire usage »77(*) Dans son introduction à l'ethnographie du Congo, Jean Vansina estime que les pygmées sont constitués des populations présentant de signes physiques particuliers (petite stature, lèvres minces, etc.).Ils sont assimilés à tous les chasseurs nomades qui ne pratiquent pas l'agriculture78(*) En dehors de tous les préjugés, de toutes les mythologies et de toutes les prémonitions, il est admis que les pygmées font bel bien partie de l'espèce humaine ; qu'ils sont des hommes et des femmes à part entière et non des « sous-êtres » ; qu'ils ne sont nullement des prétendus « danseurs de Dieu »comme d'aucuns les appelaient jadis, non sans une forte dose d'ironie. * 76 BAHUCHET S., Les pygmées d'aujourd'hui en Afrique Centrale, in Journal des Africanistes, tome 1, Paris, l'harmattan, 1992, p. 47 * 77Cf. JEROME L., Les pygmées Batwa de la Région des Grands Lacs, Londres, Minority Right Group, 2001, p. 75 * 78Cf. J.VANSINA., Introduction à l'ethnologie du Congo, Bruxelles, Crise, 1966, p. 52 |
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