La communauté libanaise et le développement économique de la Côte d'Ivoire 1960- 2001( Télécharger le fichier original )par Kouadio Adolphe N'GORAN Université Alassane Ouattara de Bouaké ( Côte d'Ivoire ) - Maà®trise 2012 |
2-L'évolution et la répartition de la communauté libanaiseL'établissement des Libanais en Côte d'Ivoire s'est effectué de manière progressive. La population libano-syrienne s'accroit à partir des années 1920. La communauté Libanaise de Côte d'Ivoire augmente chaque année. Forte de 56 membres en 1921, elle passe à plus de 835 personnes entre 1921 et 1940, soit une augmentation de 41 personnes par année. La croissance de la population s'accentue entre 1930 et 1940. La croissance se fait presqu'au double. Cela s'aperçoit nettement au cours de la période 1935-1940 où la communauté a triplé. Au niveau de sa composition, la population libanaise est dominée par les hommes. Ce nombre croissant d'hommes s'explique par le fait que les hommes sont plus tentés par l'aventure que les femmes. La proposition de femmes et d'enfants est pratiquement égale. Cela est perceptible entre 1929 et 1930. En effet, en 1929, les femmes et enfants étaient respectivement 17 et 19. Alors qu'en 1930, les femmes étaient 27 et les enfants sont au nombre de 26 (Tableau1). Par ailleurs, pendant la colonisation, la Côte d'Ivoire abritait des communautés étrangères non françaises. Les Libanais sont plus nombreux que les autres communautés étrangères vivant en Côte d'Ivoire. Il s'agit entre autres des Anglais, des suisses, des Américains et Italiens. Cette importance démographique de la communauté s'aperçoit à travers le tableau 2. Les Libanais représentaient 73,7% de la population totale des communautés étrangères en 1937-38. En 1940, la communauté libano-syrienne occupe 22,5%38(*) de la population totale française en colonie de Côte d'Ivoire. Ainsi la communauté libanaise s'est considérablement accrue au cours entre 1920 et 1940. Elle s'est poursuivie jusqu'en 1960. Selon Elie Safa, cette croissance exponentielle de la communauté libanaise a atteint à la veille des indépendances plus de 2000 personnes.39(*) Cependant, les Libanais de Côte d'Ivoire sont également inégalement répartis sur l'étendue du territoire. Les premiers immigrants Libanais en Côte d'Ivoire se concentraient sur les côtes comme leurs tuteurs français. Les premiers foyers libanais se localisaient ainsi dans les cercles de Grand-Bassam, Agneby, Lahou et lagunes. En 1926, sur une population de 71 membres, les cercles côtiers abritaient 70 Libanais, soit 98,59%. Alors que l'intérieur de la colonie ne comptait qu'un seul ressortissant syro-libanais qui résidait dans le cercle Baoulé. Le cercle de Bassam regorgeait la plus forte colonie libanaise, soit 83,09%.40(*) Les Libanais pénètrent l'intérieur de la Côte d'Ivoire à la faveur de la mise en place des infrastructures routières et du développement des cultures d'exportation.41(*)Ils s'installaient dans les villes de la basse côte à la recherche de produits de traite. A l'intérieur, les colonies libanaises sont perceptibles dans les centres commerciaux. Cependant les zones de fortes concentrations de populations libanaises restent toujours les villes côtières. La communauté libanaise s'accroit au rythme du développement des activités économiques en Côte d'Ivoire. L'installation des Libanais en Côte d'Ivoire obéit à une volonté économique.
Tableau n°1 de l'évolution de la population libanaise entre 1920 et 1940
Conception N'GORAN Adolphe, informations tirée de Alain TIREFORT, op.cit., p64 Tableau n°2 de la population des communautés étrangères en Côte d'Ivoire en 1937-38
Source : Salma KOJOK, op.cit., p73 * 38Alain TIREFORT, op,cit, p64 * 39Elie SAFA, L'émigration libanaise en Côte d'Ivoire, * 40Salma KOJOK, op,cit,p70 * 41Semi-Bi-ZAN, La politique coloniale des travaux publics en Côte d'Ivoire (1900-1940), 1973, PP256-257 |
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