La communauté libanaise et le développement économique de la Côte d'Ivoire 1960- 2001( Télécharger le fichier original )par Kouadio Adolphe N'GORAN Université Alassane Ouattara de Bouaké ( Côte d'Ivoire ) - Maà®trise 2012 |
2-La contrainte du système commercial localLa période 1960-1980 est une période faste de l'économie ivoirienne. La Côte d'Ivoire connait une prospérité économique. Cependant, le commerce intérieur ne s'inscrit pas dans ce canevas. En plus de son inorganisation, le commerce est confronté à de sérieux problèmes. Cette situation est due en partie à la prolifération des circuits commerciaux parallèles à Abidjan et à l'intérieur du pays. Il se caractérise par la commercialisation des vivriers113(*)qui sont la banane, le manioc, le maïs, le riz, l'igname et bien d'autres produits vivriers. En plus du développement du commerce informel des ressortissants de l'Afrique de l'Ouest, il y a la situation préoccupante des immigrants de la guerre du Liban de 1975. La prise en charge de ces derniers nécessite assez de moyens. Ainsi, les Libanais des vagues antérieures soutiennent ces derniers au moyen du commerce. Ce fait est l'un des facteurs de l'abandon progressif du petit commerce. 3-Le désir des Libanais de céder le petit commerce à leurs compatriotes victimes de guerreLa deuxième moitié des années 70 marque le début de l'embrasement du Liban. Face à cette insécurité accrue, une partie des Libanais rejoignent leurs parents établis déjà en Côte d'Ivoire. Selon Henriette Dagri Diabaté, l'association de la communauté libanaise et française à Abidjan était estimée à plus de 50000 âmes114(*) Si certains parmi eux arrivent en Côte d'Ivoire avec d'énormes fortunes, d'autres par contre, immigrent sur la pointe des pieds. Leurs prises en charges nécessitent beaucoup de moyens tant matériels que sociaux. Ils sont à cet effet nourris, logés et soignés. Pour réduire, ces dépenses, les premiers immigrants libanais entreprennent certaines actions. Ils créent des magasins et boutiques dont ils confient la gestion libre aux nouveaux venus.115(*) Ces derniers remboursent au fur et à mesure selon bénéfices. Ces anciens immigrants cèdent alors ce secteur aux nouveaux venus et investissent leurs capitaux dans des secteurs jugés plus porteurs notamment la distribution et l'industrie116(*) Après avoir amorti les coûts des magasins, le gestionnaire devient alors le nouveau propriétaire du local. Dans d'autres cas quand un compatriote arrive du Liban, il est engagé comme employé. Ce dernier travaille et fait des économies ce qui lui permet de se constituer un fond de commerce et de s'installer à son propre compte. Ils sont détaillants et vendent des articles manufacturés de toute nature. Leurs magasins sur les grandes artères ou encore se situent dans les marchés de la capitale et dans les villes de l'intérieur du pays117(*). Ce sont les objets de mercerie, de quincaillerie, de pièces détachées d'automobile. Dans la gestion de leurs entrepôts, ils bénéficient de la collaboration ou du soutien de leurs parents. Ces aides parentaux proviennent généralement des épouses, des enfants et même des neveux ou cousins118(*). Il y a par ailleurs, la volonté du gouvernement ivoirien d'organiser ce secteur et d'y Intéresser les jeunes Ivoiriens. Il entreprend le programme d'action commerciale qui connut un succès important dans ses débuts. Le gouvernement bénéficie du soutien de la Scoa à travers la mise en place des Chaines-avions. Tous ces faits expliquent en partie le retrait progressif des Libanais du petit commerce au profit de la grande distribution.
* 113Idem, p126 * 114Henriette (D.D), op,cit, p94 * 115Catherine, MEZAAD, Op.cit, p92 * 116Jean Pierre AYE, «Le rôle économique des Libanais, frein ou moteur du développement«, In le Démocrate du 13 mai 1992, pp7-10 * 117Dominique MOBIOH, « Les Ivoiriens sont-ils commerçants ? », In Ivoir Soir n°1765 du 7 juin 1994, pp4-5 * 118Idem, pp4-5 |
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