La communauté libanaise et le développement économique de la Côte d'Ivoire 1960- 2001( Télécharger le fichier original )par Kouadio Adolphe N'GORAN Université Alassane Ouattara de Bouaké ( Côte d'Ivoire ) - Maà®trise 2012 |
DEUXIEME PARTIEL'ABANDON PROGRESSIF DU PETIT COMMERCE AU PROFIT DU COMMERCE DE GROS, DES SERVICES ET DE L'INDUSTRIE DE 1970 A 1980
Entre 1970 et 1980, la Côte d'Ivoire connaît la prospérité économique la plus remarquable en Afrique de l'Ouest francophone. L'année 1970 marque la définition d'une politique de développement économique : Cette politique est axée sur l'industrialisation à travers la transformation des matières premières agricoles. Il y a également la nouvelle politique du commerce à travers le programme d'action commerciale. Face à cela, les Libanais vont s'engager énormément dans la distribution des marchandises et des services, et dans l'industrie. CHAPITRE I : D'IMPORTANTS INVESTISSEMENTS LIBANAIS DANS LE SECTEUR DE DISTRIBUTIONLes Libanais ont joué un rôle important dans le développement du commerce en Côte d'Ivoire pendant la première décennie de l'indépendance. Si entre 1960 et 1970, la présence libanaise dans ce secteur était caractérisée par une forte intervention dans le détail et le demi-gros, les Libanais s'engagent davantage dans la grande distribution. Cela est dû en grande partie aux raisons internes du commerce et à d'autres facteurs extérieurs. I/ Les facteurs de l'abandon progressif du petit commerceLes Libanais entament un abandon progressif du petit commerce. Cet abandon résulte de nombreux facteurs. Ces facteurs sont entre autres la saturation du secteur, la désorganisation de ce dernier, le désir des Libanais d'occuper leurs exilés de guerre à travers le commerce et enfin la volonté de l'État d'assainir ce secteur. A/ Les difficultés grandissantes du commerce en 1970Au début des années 1970, la distribution des produits manufacturés et le commerce de détail de la Côte d'Ivoire reposait essentiellement sur des structures archaïques et informelles. Ceci qui est sans impact sur la rentabilité du commerce. L'on observe la prolifération de détaillants non intégrés et la contrainte du système commercial local et l'intégration de nouveaux immigrants dans le commerce de détail moderne urbain. 1-La prolifération de détaillants non intégrésLes années 60 sont dominées par les fortes migrations des populations étrangères en particulier celles de l'Afrique de l'Ouest en Côte d'Ivoire du fait de la croissante économique qu'a connu le pays durant cette période. Ces populations sont originaires du Mali, de la Haute Volta, de la Guinée, du Sénégal, les Haussa du Niger. Ils sont majoritairement des commerçants. Ils exercent leur négoce dans un réseau très différent de celui des Européens et Asiatiques. Ils sont présents à Abidjan ainsi qu'à l'intérieur du pays. A Abidjan, ils sont des tabliers, des ambulants et des boutiquiers. Ils sont spécialisés dans la vente des produits de grande consommation telle que le sucre, la cigarette, des stylos109(*). Ils vendent à tout point de rues et devant des grands magasins, des boutiques et des établissements publics. Ce commerce est détenu par des Peuhls de Guinée appelés communément « Diallo »110(*). A l'intérieur du pays, pullulent des négociants ambulants Haoussa qui vendent des pagnes, des habits et des bijoux de toute nature importés frauduleusement en Côte d'Ivoire dans les villages et les campagnes. Ces marchandises étaient beaucoup prisées des populations locales. Il existe aussi des boutiquiers qui prolifèrent dans les villes de l'intérieur et campements. Ils vendent des marchandises de grande consommation telle que le riz, le sucre, de l'huile, le pétrole, le savon et biens d'autres produits de la manufacture. Ces boutiquiers pratiquaient des prix au-dessus de ceux exigés par la Caisse de Péréquation111(*). Ils règnent ainsi en maître dans ces localités où leur commerce se développe. Tous ces négoces échappaient au contrôle de l'Etat. Si les communautés africaines précitées exercent dans l'illégalité, les Mauritaniens, quant à eux évoluent dans une structure fluide et bien organisée. Ils n'étaient pas en grand nombre. Au départ, présents dans le bassin du fleuve Sénégal, ils ne sont pas novices dans le commerce. Ils étaient dans le commerce de traite, échangeaient de la gomme, du sel, du mil et des esclaves contre les armes à feu et les produits manufacturiers avec les Européens. Ils devinrent par la suite les intermédiaires et transportèrent la gomme, de l'arachide tout en conservant la pratique de la caravane112(*). En dehors de l'omniprésence des communautés dans les tissus commerciaux, il y a le développement du commerce tenu par les communautés rurales. * 109Ministère de l'industrie, Schéma Directeur du Développement Industriel de la Côte d'Ivoire, Annexe I, Op.cit., p64 * 110Henry BOURGOIN ; Philippe GUILLAUME, op.cit. , p133 * 111Jorci, Décret n°71-169 du mars 1971, p1570 * 112Dominique, HARRE op.cit. , p 128 |
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