2/ Analyse statistique de l'actif bancaire de
l'UEMOA
L'actif du bilan de la banque représente l'utilisation
que la banque fait de ses ressources. La figure ci-après retrace
l'évolution de l'actif des banques de l'UEMOA entre 1990 et 2011.
FIGURE1
La courbe précédente reflète une tendance
croissante du total de l'actif des banques de l'UEMOA entre 1990 et 2011 et
nous permet de distingué essentiellement deux phases de cette
évolution : de 1990 à 1993 : la période avant
dévaluation et de 1994 à 2011 ; la période
post-dévaluation.
La figure suivante nous permet de faire une analyse plus
approfondi des différents éléments de l'actif qui
expliquent cette évolution que nous observons:
FIGURE2
En effet, sur la figure ci-avant qui représente
l'évolution des différents éléments qui compose
l'actif du bilan des banques de l'UEMOA de 1990 à 2011 leurs ratios au
total de l'actif nous permettent faire le constat suivant :
Les réserves : Au cours
des années 1990 à 2011, compris entre 9% et 14% du total des
actifs bancaires de l'UEMOA les réserves constituées par les
banques n'ont pas beaucoup changé et évoluent positivement en
fonction des crédits en souffrance comme si les banques constituaient
plus de réserves pour se prémunir des pertes.
En effet avant la dévaluation le niveau des
réserves reste important (11% en moyen de l'actif) entre 1990 et 1993
pour ensuite observer une baisse à partir de 1994, période
post-dévaluation pour s'établir à 6% de l'actif et enfin
entamer une hausse continu pour atteindre en 2004 le même niveau qu'avant
la dévaluation. Cette évolution des réserves n'est pas la
chose la meilleure pour l'économie de l'UEMOA. En effet la brèche
se trouve au niveau des réserves exigés et les réserves
effectivement constituées par les banques. L'analyse de
l'évolution des réserves obligatoires requises et celles qui ont
été effectivement constituées, laisse apparaitre que ces
dernières elles ont été en moyenne largement
excédentaires dans l'UEMOA ce qui peut s'avéré être
contre-productif. En effet les excédents sont compris entre 36,17% et
83,45% des réserves effectivement constituées.(nos calculs
à partir des données BCEAO)
La liquidité bancaire se réfère à
la liquidité nécessaire pour honorer les demandes de retrait
à court terme des contreparties, ou pour couvrir leurs
opérations. Selon cette acception, un établissement bancaire est
dit liquide s'il dispose de disponibilités, ou de possibilités de
mobilisation rapide, permettant de couvrir ses exigibilités suivant leur
échéance durant une période donnée, souvent
inférieure à trois mois. Quand une banque en a en excès
cela est dit surliquidité bancaire. L'excès de liquidité
bancaire à connu son pic en 1993 (85,22% des réserves
constituées). Dans la théorie, l'excès de liquidité
des banques de l'UEMOA peut s'expliquer par trois facteurs : les contraintes
liées à la parité du franc CFA, l'entrée des
capitaux et le niveau élevé des taux d'intérêt.
Les créances sur les
Etats : Au début des années 90 à 93
les créances sur les états étaient peu importantes dans
l'actif des banques (4 à 8%). Mais après l'ajustement
monétaire qui a eu lieu dans l'UEMOA à travers la
dévaluation du franc CFA de 1994 cette part à plus que
doublé passant de 8% en 1993 à 17% en 1994, elle a atteint le pic
de 19% en 2011. Ce fort pourcentage des crédits alloués aux Etats
dans la comptabilité des banques est du à la nouvelle
réglementation des autorités monétaires de la zone UEMOA
obligeant les Etat à recourir aux marchés financiers par
l'émission des bons de trésor pour financer leurs
investissements. Cela est venu aggraver le sous-financement du secteur
production. Elle a provoqué la fuite vers la qualité des
ressources financières qui devaient être mises à la
disposition des acteurs économiques.
Les avoirs extérieurs
nets : ils sont passé de 3% du total des actifs
en 1990 à 4% en 2011 en passant du simple au double en 1994 à
cause de l'ajustement monétaire, ont cru jusqu'à atteindre le pic
de 10% en 2000 et ont ensuite décrue progressivement. On constate par
ailleurs qu'une hausse des avoirs extérieurs correspond à une
baisse du crédit à l'économie. Et ce parce qu'ils
constituent une fuite de capitaux vers le reste du monde au détriment
des économies de l'UEMOA d'où un manque à gagné.
Le crédit à
l'économie : le crédit à
l'économie décroit de 55% en 1990 à 45% de l'actif en 1993
pour ensuite croitre et atteindre son pic de 55% en 2005 pour après
relativement se stabilisé au moment ou il y'a une grève des
crédits en souffrance après la dévaluation qui passe de 9%
en 1990 à 3% en 2005 son niveau le plus faible.
Malgré l'abondance de liquidité et
l'assainissement du système bancaire, suite à sa restructuration
au début des années quatre-vingt dix, la contribution du secteur
bancaire au financement des économies de l'Union reste faible. Cette
contribution, mesurée par le rapport entre les crédits à
l'économie et le PIB, est passée de 14 % en 2000 à 18 % en
2009, contre un ratio de 34 % au Nigeria, 77 % au Maroc et 145 % en Afrique du
Sud. En termes relatifs, la tendance dans l'Union traduit une accentuation des
difficultés d'accès aux concours bancaires dans les États
membres.
En outre, les concours à moyen et long termes,
essentiels pour assurer les fondements d'une croissance économique
durable, représentent une faible proportion des financements
disponibles. En effet, leur part dans le total des crédits à
l'économie est ressortie à 41 % en 2009 contre 49 % en 1993. Elle
est cependant en progression depuis 2004, après avoir enregistré
une tendance baissière à partir de 1994.
L'analyse de la répartition sectorielle des
crédits à l'économie montre que le financement bancaire
bénéficie à près de 70 % au secteur tertiaire,
contre moins de 8 % pour le secteur primaire qui emploierait près de 70
% de la population active dans l'Union. Ainsi, les petites et moyennes
entreprises (PME) et les petites et moyennes industries (PMI) des secteurs
primaire et secondaire, potentiellement créateurs d'emplois, sont
insuffisamment financées. (BCEAO 2010)
Par ailleurs, le coût du crédit reste
élevé. En effet, la marge d'intérêt des banques sur
les opérations avec la clientèle, mesurée par la
différence entre les rendements des prêts et les coûts
moyens des ressources provenant de la clientèle, est de près de 9
points de pourcentage dans l'UEMOA en 2008, contre une moyenne africaine de 8
points et de 5 points 1 à l'échelle mondiale. (BCEAO 2010)
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