2. Techniques agro-environnementales
L'amélioration de la qualité de l'eau
vis-à-vis de la pollution, et plus particulièrement de la
pollution nitratée, nécessite certains choix culturaux qui d'une
part, vont limiter les apports d'intrants nécessaires, et d'autre part,
réduire le transfert des polluants vers les masses d'eau. Un panel de
techniques, maintenant largement répandues en France et dont
l'efficacité est établie, constitue le socle des bonnes pratiques
à mettre en oeuvre. A ce titre, ce panel est souvent repris dans les
programmes d'action territoriaux de réduction de la pollution
agricole.
La couverture permanente des sols
En France, les conditions climatiques entrainent de longues
périodes défavorables à la croissance des cultures : entre
septembre et mai pour les cultures de printemps, et entre juillet et mai pour
le passage d'une culture d'hiver à une culture de printemps. Bon nombre
de rotations de cultures annuelles laissent le sol sans couvert
végétal pendant ces périodes, ce qui favorise les
reliquats d'azote minéral lessivables. La plantation de cultures
intermédiaires ou le maintien de résidus de cultures
protègent les sols de l'érosion. La biomasse produite adsorbe les
nitrates et améliore la porosité du sol, favorisant ainsi
l'infiltration des pluies au détriment de leur ruissellement. Les
couverts végétaux intermédiaires constitueraient le moyen
le plus efficace et bon marché pour la réduction du lessivage de
l'azote (Lacroix et al., in Hellier et al., 2009).
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 13
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
Plusieurs études menées en France ont
mesuré une réduction de 30 à 60 % des fuites en nitrates
par cette technique (Beaudoion et al. Et Constantin et al. In Hellier et al,
2009). Les cultures intermédiaires les plus fréquentes sont la
moutarde blanche (Sinapis alba), le seigle (Secale cereale
L.), le sorgho commun (Sorghum bicolor) et la phacélie
à feuilles de tanaisie (Phacelia tanacetifolia) utilisables en
association.
La réimplantation des haies arbustives
Comme pour les cultures intermédiaires, les haies
contribuent à la perméabilisation, à l'activité
biologique et à l'enrichissement du sol au niveau des racines. Des
campagnes de replantation ou de préservation du paysage bocager peuvent
contribuer à réduire de manière remarquable les flux
lessivés vers les masses d'eau. Le transfert de nitrates peut ainsi
être divisé par quatre dans les 120 premiers centimètres du
sol entre l'amont et l'aval de la haie.
L'implantation de bandes enherbées
Les bandes enherbées implantées en bordure de
parcelle ou sur les bords des cours d'eau constituent des zones tampons dont
l'efficacité a souvent pu être démontrée. Simplement
fauchées et non fertilisées, leur largeur optimale se situerait
entre cinq et dix mètres. Leur efficacité dépend de la
nature du sol, du couvert végétal voisin (une bande
enherbée suivie d'une haie offre une efficacité maximale) et de
la saison (efficacité réduite en hiver). Les bandes
enherbées peuvent toutefois être court-circuitées par un
réseau de drainage mal conçu. Une bande de six mètre de
large composée des espèces fréquentes (ray-grass anglais,
fétuque, dactyle...) pourrait ainsi intercepter jusqu'à 99% des
pesticides. Pour la même largeur, une étude privée
d'Arvalis révèle une baisse de 62% du volume d'eau
ruisselé, de 58% des teneurs en nitrates, de 72% des teneurs en produits
phytosanitaires et de 91% en particules solides y compris phosphates(Arvalis).
D'un coût total d'implantation estimé à 100€/ha et
d'un coût d'entretien de 30€/ha, les bandes enherbées
constituent une technique efficiente de protection des cours d'eau.
Exempl
100 90
80 70 60 50 40
30 20 10
0
|
|
6 mètres
12 mètres
18 mètres
|
|
|
|
Volume d'eau
ruisselé
|
Teneurs en
nitrates
|
Teneurs en
produits
phytosanitaires
|
Teneurs
en particules solides,
dont phosphore
|
Figure N°7 : Exemple de l'efficacité de
trois largeurs de bandes enherbées (source Arvalis)
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La préservation des zones humides
Les zones humides abritant des eaux stagnantes peu
oxygénées sont des milieux de dénitrification où
peuvent aussi se fixer les particules érodées sur lesquelles sont
adsorbées du phosphore ou des molécules phytosanitaires. Les
prairies humides de fonds de vallons sont les plus efficientes et les plus
concernées par les campagnes de préservation des entités
paysagères. Leur efficacité est fonction du temps de
séjour des intrants dans la zone humide, d'où une
efficacité moindre en période de forte pluviométrie.
L'efficacité vis-à-vis des nitrates a atteint 75% de
dénitrification pour une zone humide de l'ouest du bassin de la Seine en
période estivale (Curie, 2006). D'autres mesures révèlent
des taux réduits de 35 à 100% (Larson et al., 2000 ; Haag,
Kaupenjohann, 2001 in Hellier et al., 2009)
La priorisation des prairies
Les prairies sont très avantageuses en termes de
préservation de la qualité des eaux. Assurant une couverture
végétale permanente et une perméabilité du sol, le
lessivage hivernal des nitrates est fortement réduit. Sources de
biodiversité et peu traitées en substances polluantes, leur
abandon au profit des cultures fourragères annuelles n'est pas sans
conséquence sur la qualité de l'eau. L'efficacité des
prairies dépend des pratiques, notamment de la densité
d'élevage lorsque celles-ci servent de pâturage. Plus leur gestion
est extensive, moins le risque de transfert de nitrates est important. Les
risques de pollution sont toutefois plus importants sous une prairie
pâturée que sous une praire fauchée (Simon et al, in
Hellier et al., 2009). L'allongement de la durée des prairies est
également favorable à la qualité de l'eau : plus la
prairie se rapproche d'une prairie permanente, plus elle est efficace dans
l'adsorption des nitrates. Cependant, l'intégration ne serait-ce que
d'une prairie temporaire au sein d'une rotation céréalière
s'avère déjà bénéfique pour la
qualité de l'eau.
Les méthodes d'apport des intrants
Les dates d'épandage des substances phytosanitaires en
fonction des conditions météorologiques conditionnent de
manière très significative leur transfert dans le milieu.
En ce qui concerne la fertilisation azotée, celle-ci
doit être équilibrée. Le fractionnement des apports permet
d'adapter la fertilisation aux besoins des cultures et d'éviter les
excédents d'azote lessivable. Un apport annuel d'azote organique
inférieur à 170kg d'azote/ha est à ce titre
conseillé. Un cahier d'épandage et un plan de fumure peuvent
être réalisés par l'exploitant.
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