2. Le phosphore d'origine agricole
L'analyse territoriale conduite dans ce mémoire
sera focalisée sur la pollution agricole azotée, les phosphates
et les phytosanitaires répondant à des mécanismes de
transferts différents qui ne sauraient être traités au
cours de ce travail.
Longtemps sous-estimé comme polluant, cet
élément est lui aussi à la base de la fertilisation des
sols en tant que facteur limitant de la croissance végétale par
sa faible teneur naturelle dans le milieu. Tout comme les nitrates, les
phosphates sont des eutrophisants puissants, issus des effluents
d'élevage et responsables d'une prolifération algale en
période d'étiage. Ces phénomènes de «
marées vertes » très médiatisées touchent
essentiellement les régions d'élevage intensif comme le Grand
Ouest. Ces substances rapidement adsorbées sont très peu
lessivables et restent stockées dans les premiers centimètres du
sol ou dans les sédiments. Leur transfert vers les masses d'eau
répond à des mécanismes différents de l'azote. La
contamination du cours d'eau n'a lieu qu'en cas de ruissellement important ou
d'érosion de sols vulnérables.
Figure N°5 : Cycle du phosphore en milieu naturel ou
anthropisé (source SOeS, 2009)
Des choix culturaux raisonnés permettent de limiter les
teneurs en phosphore à la source et de stabiliser les sols afin d'en
limiter le transfert vers les masses d'eau.
Master 2 Politiques Territoriales de Développement
Durable 9
Première partie :
Relation Eau-Agriculture au niveau national La Seille :
Gestion de la ressource en eau et pollution agricole
3. Les produits phytosanitaires
Avec plus de 78 000 tonnes consommées chaque
année, dont 95% dans le secteur agricole, la France occupe la
quatrième place européenne des pays utilisateurs de produits
phytosanitaires. Parmi les 900 substances actives recensées par l'UIPP,
42% sont des fongicides, 35% des herbicides, 15% des insecticides et 12%
d'autres produits. La toxicité élevée de ces
molécules en fait des substances extrêmement nocives à
faible dose pour de nombreuses espèces. Des impacts sur les fonctions
respiratoires, génitales, neurologiques, cardio-vasculaires ainsi que
des propriétés mutagènes et cancérigènes ont
été démontrées sur l'Homme. Le danger principal de
ces produits réside dans leur temps de demi-vie élevé : on
retrouve encore des teneurs en Triazine dépassant dix fois le seuil
légal de 0,1 ug/L en Bretagne, malgré l'interdiction du produit
phare contenant la molécule, l'Atrazine, en 2001. D'autre part,
l'association de métabolites issus de la dégradation de ces
substances actives peut provoquer un « effet cocktail »
particulièrement imprévisible et difficilement détectable,
rendant délicates les tentatives de prévision de toxicité
de ces produits sur l'environnement.
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