3. Le cas des stratégies d'adaptation
Lorsque qu'un programme agri-environnemental est mis en place
selon une démarche intégrée et dans la recherche d'une
adaptation territoriale, il permet aux agriculteurs de transformer des
contraintes à finalité environnementale en opportunités
pour la conduite de leur exploitation. Néanmoins, il arrive que certains
exploitants, notamment par corporatisme, déploient un comportement
offensif d'adaptation des programmes publics. Une négociation entre les
organisations professionnelles les plus influentes et les préconiseurs
des pouvoirs publics a lieu. Les prescriptions techniques et environnementales
sont alors déviées pour être adaptées aux
réalités économiques et sociales des exploitations. Le
programme agri-environnemental perd donc en partie sa vocation
environnementale. Ce phénomène a pu être observé
dans des départements en déclin socio-économique comme les
Vosges. De manière générale, lorsque les mesures sont trop
standardisées, le jeu d'acteurs tend à les infléchir sur
son territoire, et lorsque les mesures sont réellement flexibles, le
phénomène d'instrumentalisation peut être majoritaire.
L'acceptation sociale de tout programme d'action permet d'éviter la
dégradation de sa finalité environnementale.
Rappelons toutefois que la démarche
intégrée et l'adhésion forte d'une partie des agriculteurs
d'un territoire ne suffisent pas à réduire de manière
significative la pollution azotée sur un bassin versant. En effet, ces
leviers ne permettent pas de faire évoluer les pratiques peu
respectueuses d'une minorité d'agriculteurs ne se sentant pas
concernés par les problématiques environnementales. C'est
là le défaut des mesures volontaires qui possèdent un
succès de contractualisation et pérennisent les bonnes pratiques
déjà en place chez les professionnels sensibilisés, mais
ne permettent pas à ce jour la réduction très
significative de la pollution azotée.
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