2. Résultats économétriques :
Avant d'effectuer les analyses économétriques il
faut se rassurer que les données sont stationnaires, ce que nous
vérifierons à l'aide du test de Levin-Lin-Chu. L'hypothèse
H0 : toutes les séries sont non stationnaires contre l'hypothèse
alternative H1 : toutes les séries sont stationnaires. Une
probabilité du test inférieur à 10% conduit au rejet de
H0.
Ces tests ont été réalisés lors de
l'estimation du modèle [A] sauf le test de stationnarité pour la
variable d'intérêt décentralisation financière dont
le résultat indique qu'elle est stationnaire1.
· Présentation des résultats :
Le tableau des résultats d'estimation à l'aide
de la méthode des moindres carrées ordinaires (M.C.O.) se
présente comme suit :
Tableau 11 : Résultats du modèle [B] par la
méthode des M.C.O.
. xtreg gdp exp fbcf gpi reg df,
re
Random-effects GLS regression Number of
obs = 60
Group variable: i Number of
groups = 6
R-sq: within = 0.0080
Obs per group: min = 10
between = 0.6854
avg = 10.0
overall = 0.2171
max = 10
Random effects u_i ~
Gaussian Wald chi2(5) = 14.97
gdp Coef. Std. Err. z
P>|z| [95% Conf. Interval]
.0122137 .0273231 0.45 0.655 -.0413386
.0657659 .1965846 .0921357 2.13 0.033 .0160019
.3771672 -.4587277 .1857366 -2.47 0.014 -.8227646 -.0946907
-1.609427 .8115487 -1.98 0.047 -3.200033 -.0188203 1.726178
.6054343 2.85 0.004 .5395488 2.912808 -2.021762 2.075456 -0.97 0.330
-6.089581 2.046057
sigma_u
sigma_e
0
1.6416095
0 (fraction of variance due to
u_i)
rho
exp
fbcf
gpi
reg
df
_cons
corr(u_i, X) = 0
(assumed) Prob > chi2 = 0.0105
· Analyse critique des résultats :
D'après les résultats des estimations
présentés ci-dessus, l'influence des variables explicatives sur
le taux de croissance est globalement significative ; la probabilité de
Fisher (Prob> F = 0,0105) étant statistiquement inférieure
à 5%.
Les valeurs du R2 Between (0,6854) montre que
l'ensemble des variables explicatives choisies de la théorie
économique, a bien une influence sur la variable expliquée. Le
modèle
1 Résultat du test de Levin-Lin-Chu pour la
variable décentralisation financière disponible en annexe.
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
étant à effets aléatoires c'est le
R2 Between qui est pris en compte. Les coefficients des variables
explicatives FBCF, GPI, REG sont tous significatifs à 10% sauf la
variable d'intérêt DF qui est significative à 5%.La
constante et la variable EXP ne sont pas significatifs quant à elles.
Les résultats de notre modèle pour la variable
d'intérêt confirment l'hypothèse émise à
partir du tableau de corrélation (voir tableau 10) selon laquelle la
« décentralisation financière » entretient une
relation positive avec le taux de croissance économique. Plus
on décentralise les finances, plus la croissance économique est
importante.
Ce résultat est similaire aux conclusions
générales auxquelles ont abouti LIN et LIU (2000), AKAI et SAKATA
(2002), THIESSEN (2003). Résultat également identique à
celui trouvé par la BAK Basel Economics (2009) dans le contexte des pays
Européens.
L'on peut justifier ces résultats par plusieurs arguments
:
Tout d'abord, dans les pays qui font l'objet de cette
étude, l'Afrique du sud influe énormément
sur ce résultat puisqu'en Afrique subsaharienne, il demeure le pays qui
décentralise le plus les finances publiques. DEMANTE et TYMINSKY (2008)
le rappelaient encore dans un article intitulé «
Décentralisation et gestion locale en Afrique : des processus, des
expériences ». En 2005, on estimait le volume total des ressources
annuelles des collectivités Africaines à environ 8,5 milliards
d'euro dont 7,5 milliards pour l'Afrique du Sud (82%). De même, les
collectivités locales Ougandaises administraient en
2008 environ 30% du budget national (source : Banque Mondiale, 2008) ce qui
atteste de l'ampleur de la décentralisation financière dans ce
pays qui ira jusqu'à obtenir un prêt de 55 Millions de dollars en
Décembre 2007 pour la gestion et les services des collectivités
locales. Plus de la moitié (environ 32 millions de dollars) sera
consacrée au financement d'infrastructures des collectivités
locales faisant l'objet d'aides au développement local attribuées
par le gouvernement ougandais sous formes de transfert.
On note donc ainsi une certaine évolution dans la mise
en place de la décentralisation financière même si ce
résultat global ne devrait pas nous faire oublier la différence
qui existe entre pays francophones et pays anglophones.
A la différence, les pays francophones de notre
échantillon ont une culture centraliste beaucoup plus forte. L'Etat
peine à transférer véritablement les compétences et
surtout les moyens. Le processus reste à parfaire. Le cas du Cameroun
est très symbolique : ce n'est que
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
depuis l'année 2010 que s'opère un
véritable transfert de moyens même si le FEICOM redistribuait
déjà bien avant les CAC aux collectivités locales au rang
de la fiscalité partagée. Aujourd'hui encore ces transferts
demeurent annuellement inférieurs à 10% du budget national
d'où l'on peut comprendre l'objectif affiché par gouvernement
(notamment le MINATD1) d'atteindre les 10% à
l'échéance 2015. En Afrique francophone les transferts aux
collectivités locales demeurent faibles même si ces
dernières années, l'on a pu noter une certaine
évolution.
Pour ce qui est du Sénégal, l'un des tous
premiers pays à connaitre la communalisation en Afrique francophone, si
l'on a connu des retards de versements de fonds aux collectivités
locales, il n'en demeure pas moins que l'on notait une remarquable
capacité à mobiliser les ressources locales propres. Sur la
période 1996-2005 le ratio recettes locales propres sur recettes
publiques totales est de 3,6 (source : VERGNE, 2009).
En Guinée, le système de transfert
essentiellement axée sur la fiscalité partagée, la
dotation générale de fonctionnement et la subvention
d'investissement, s'avère aléatoires et irréguliers avec
une politique opaque et pas souvent effective. Ce qui est bien dommage puisque
les collectivités locales de ce pays présentent en 2007 une
excellente capacité à mobiliser les ressources locales propres :
le ratio recettes locales propres sur recettes publiques totales est de 7,0
(VERGNE, 2009). L'Afrique francophone essaye donc tant bien que mal de se
mettre à jour en ce qui concerne la politique de décentralisation
financière mais d'énormes avancées majeures restent
à effectuer. C'est la raison pour laquelle des propositions de
politiques économiques seront faites pour davantage renforcer cet impact
positif sur la croissance économique.
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