2. Quelques études empiriques :
Comme annoncée plus haut, la littérature
empirique est essentiellement constituée de deux théories : les
partisans de la théorie analytique qui arrivent à la conclusion
que la décentralisation a un impact négatif sur le taux de
croissance économique et les partisans de la théorie
libérale pour qui, la décentralisation a un impact positif sur la
croissance économique.
D'abord, DAVOODI et ZOU (1998) analyse l'effet de la
décentralisation fiscale sur la croissance économique. En
utilisant la méthode des M.C.O. pour les estimations à partir des
données de panels pour 46 pays sur la période 1970-1989. Ces
auteurs concluent sur l'existence d'une relation inverse entre la
décentralisation financière et la croissance économique
dans les pays développés mais les pays en développement ne
présentent aucune relation significative. ZHANG et ZOU (1998) arriveront
à un résultat similaire pour une estimation sur données de
panel dans le contexte chinois.
Bien au préalable, WOLLER et PHILLIPS (1997) concluent
eux aussi sur une relation négative (et significative) entre la
croissance économique et la décentralisation financière
sur un ensemble de 17 pays développés à partir d'une
régression sur données de panel sur les années
1947-1991.
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
XIE et al (1999) évalue l'effet final de la
décentralisation financière sur la croissance économique
aux Etats-Unis sur la période 1948-1994. A partir d'une
régression linéaire sur données de séries
temporelles dans le contexte des Etats-Unis, cette étude aboutit
à une conclusion selon laquelle la croissance économique est
inversement corrélée à la décentralisation
financière.
MALIK et al (2006) voulant vérifier, la théorie
d'après laquelle la décentralisation financière a un effet
sur la croissance économique dans le contexte Pakistanais. A partir des
données en séries temporelles sur la période 1972-2005,
ils appliquent la régression linéaire en utilisant les M.C.O.
Cette étude aboutit sur des résultats mitigés sur les
variables de la décentralisation : certains paramètres sont
positifs et significatifs et d'autres sont négatifs et pas
significatifs.
D'autres auteurs sont arrivés à des
résultats contraires aux précédents, ce sont les partisans
de l'approche libérale. Nous recensons les travaux suivants :
LIN et LIU (2000) analyse la relation entre la
décentralisation financière et la croissance économique
dans le contexte chinois. Ils concluent à partir d'une régression
sur une série temporelle de 23 ans (1970-1993), sur une
corrélation positive entre la décentralisation financière
et la croissance économique.
THIESSEN (2003) analyse l'influence de la
décentralisation financière sur la performance économique
des pays de l'O.C.D.E. dans son modèle, la décentralisation
financière est captée à partir des
dépenses/recettes des gouvernements locaux. Son étude aboutit sur
une corrélation positive entre la décentralisation
financière et la croissance économique : cet impact est
significatif.
AKAI et SAKATA (2002), en s'inspirant du modèle de
régression linéaire de XIE et al (1999) et à partir des
données transversales en 1998 dans le contexte des Etats-Unis, ils
estiment par la méthode des M.C.O. les paramètres du
modèle et concluent sur une relation positive entre
décentralisation financière et croissance économique. Les
coefficients de leur modèle sont positifs et significatifs.
La BAK Basel Economics, en réalisant un travail
commandité par l'assemblée des régions d'Europe (A.R.E.),
analyse la question du degré de décentralisation et la
performance économique dans le contexte Européen. En utilisant,
les données transversales sur 29 pays et en appliquant la
régression linéaire multiple, on estime par les M.C.O. les
paramètres des
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
variables des décentralisations politique,
administrative et financière. Ces variables sont captés à
partir des indices qui tiennent compte des aspects qualitatif
et quantitatif de la décentralisation. Cette étude aboutit sur
une relation positive et significative entre les variables de la
décentralisation et la croissance économique.
FARIDI (2011), en s'inspirant du modèle de croissance
néoclassique, il établit un modèle de régression
linéaire où la variable dépendante est le taux de
croissance économique au Pakistan. Il estime à partir de la
méthode des M.C.O. sur séries temporelles de 38 ans (19792009) et
aboutit à la conclusion d'après laquelle la
décentralisation financière influence la croissance
économique de long terme.
La principale limite que l'on puisse faire à ces
travaux c'est de ne pas avoir investigué le contexte Africain notamment
la zone Sahélienne qui a pourtant participé de manière
remarquable au mouvement de décentralisation. De plus, il n'y a pas de
consensus sur la manière dont il faut capter la décentralisation
financière.
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