2. Les limites du principe de compétition :
Les auteurs de la théorie analytique mettent en avant
trois arguments pour étayer leur pessimisme quant au bien-fondé
du principe de compétition :
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
- D'abord BARDHAN (2002), avec beaucoup plus de
réalisme, il analyse le modèle de TIEBOUT (1956). Il
s'aperçoit que ce modèle tient uniquement si le principe de
mobilité des citoyens est vérifié. Si
cela serait le cas dans les pays développés, cela n'est pas
forcément le cas dans les pays en développement où la
mobilité des citoyens peut dépendre de plusieurs autres facteurs
et pas uniquement pour rechercher une collectivité qui a une meilleure
offre infrastructurelle. La mobilité des habitants quand elle existe,
peut être guidée par des facteurs aussi variés que le
coût du logement, le coût du transport ...etc. L'économie de
la localisation et l'économie urbaine en ont fait un vaste champ
d'investigation théorique.
- PRUD'HOMME (1995), note que les besoins des citoyens dans le
contexte des pays en développement sont connus : il s'agit de satisfaire
les besoins fondamentaux en fournissant les biens publics capables d'assurer
les services sociaux de base. Il n'est point besoin qu'il existe au
préalable une compétition entre les collectivités locales
ou qu'il y ait une meilleure adéquation de l'offre des biens publics aux
préférences des populations.
- TANZI (1996) quant à lui affirme que la
décentralisation dans les pays en développement n'est pas un
moyen efficace de satisfaire les besoins particuliers des communautés
car il y a peu de chances que les caractéristiques des populations
soient distribuées géographiquement entre les juridictions
(CALDEIRA, 2011).
Toutes ces limites avancées par les partisans de
l'approche analytique ont mis en exergue l'absence de lien entre la
décentralisation financière et l'efficacité dans
l'allocation des biens publics ; ce qui limite l'impact de la
décentralisation financière sur la croissance. Ce débat
reste aussi disputé sur le plan empirique.
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