2. ... A la prise en compte des besoins des populations
et des problèmes concrets de développement :
Dans les années 80, avec des indicateurs
macroéconomiques pas très encourageant, la société
africaine a développé envers l'Etat une sorte de méfiance
au point que ce dernier a été considéré par
beaucoup comme l'une des causes du sous-développement. La
décentralisation s'avère donc pour beaucoup, une « sortie de
crise » (JALBERT, 1991) car d'emblée, elle signifie la
réduction du poids de l'appareil de l'Etat centralisé.
Ce nouveau système politico administratif, est
censé prendre davantage en compte les besoins des populations qui ne
sollicitent qu'une amélioration des conditions de vie. L'importance de
la prise en compte des besoins des populations est également de plus en
plus soulignée par les bailleurs de fonds internationaux. A cet effet,
la Banque Mondiale dans son rapport de 1997 observe que : « les programmes
publics donnent de meilleurs résultats lorsqu'ils sont
exécutés avec la participation des bénéficiaires et
lorsqu'ils exploitent le potentiel associatif de la collectivité
».
A partir des besoins exprimés, des initiatives sont
suscitées par le gouvernement local ce qui rend le processus de
développement, participatif, dont l'origine est du ressort le plus bas
de l'échelon social (DEMANTE, 2005). Les éventuelles
difficultés que rencontrent les porteurs de projet sont ainsi
surmontées de manière conjointe entre la municipalité et
les autres acteurs sociaux (acteurs privés, société
civile, services déconcentrés...etc).
La réflexion sur la décentralisation comme
réponse aux problèmes concrets de développement à
la base s'inscrit largement dans la gouvernance. Les collectivités
locales sont amenées à jouer un rôle particulier dans la
gouvernance territoriale que LELOUP (2003) définie comme un mode de
coordination entre acteurs locaux, puis entre groupes d'acteurs locaux et
niveaux plus globaux. Elle conduit à la valorisation des ressources
spécifiques et à la création d'un avantage comparatif
territorial (PIVETEAU, 2005). Le développement local est une approche
qui privilégie les initiatives des acteurs de terrain ; ce sont ces
derniers qui sont confrontés aux problèmes et à la
réalité des besoins des populations locales. Même s'il
advient que l'impulsion vient du haut, il s'avère essentiel que la base
s'y approprie pour que conjointement la cohérence soit
définie.
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
Les collectivités locales, en tant qu'agents de
développement, devraient travailler de concert avec tous les autres
acteurs, notamment ceux impliqués en matière de
développement même si, comme le souligne les travaux du PDM
(2005), la maitrise du développement local issu de la
décentralisation en Afrique n'est pas à la mesure de la
responsabilité des collectivités locales ; notamment à
cause du besoin criard du renforcement des capacités de ressources
humaines de ces différentes collectivités mais aussi à
cause de la faiblesse des ressources financières de celles-ci (ESSOMBE
EDIMO, 2010).
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