II. LA DECENTRALISATION
POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE ET SON IMPACT SUR L'ECONOMIE LOCALE
En tant que mode d'organisation de l'Etat, la
décentralisation est conçue, par la BM notamment, comme un vaste
éventail de réorganisation du secteur public et ceci pour plus
d'efficacité politico économique. En fait c'est un mode
d'organisation facteur de développement dans la mesure où elle
favorise une meilleure adéquation des pouvoirs publics et des
besoins des populations à la base. Cette adéquation
s'appréhende mieux à partir du principe fondateur de la
décentralisation des décisions : la subsidiarité (1) qui
oblige, effectivement, à une prise en compte des besoins des populations
à la base (2).
1. Du principe de subsidiarité...
Les idées de décentralisation se sont toutes
basées sur la simple idée que nos sociétés peuvent
être gouvernées d'une manière plus efficace et plus
démocratique si les décisions sont prises le plus près
possible des besoins des populations. Plus l'information est bonne (puisque le
responsable public est plus proche du sujet), plus les décisions prises
seraient davantage meilleures (les propositions en termes de politiques
publiques sont mieux adaptées) (GREFFE, 2003).
27
Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
L'on remarque que le principal canal par lequel le principe de
subsidiarité influe sur le développement est bel et bien
l'information (qui se présente nettement meilleure que
lorsque le pouvoir est trop centralisé et donc loin des
réalités locales.). L'on retombe sur la conclusion classique
d'après laquelle l'information s'avère cruciale, très
importante dans le processus d'élaboration d'un projet de
développement territorial d'où son impact positif sur le
développement local (GUESNIER, 1984 ; PUTNAM, 1993 et JANIN et al,
2002).
OLSEN (2007) précise que le principe de
subsidiarité surmonte donc ainsi les problèmes engendrés
par un système politique trop centralisé notamment :
- « La suppression culturelle, politique et
économique des différentes minorités par la
majorité au pouvoir.
- La suppression de la diversité locale et du dynamisme
civique.
- La tendance à privilégier une approche
nationale qui freine le développement
économique régional au profit de la
concentration économique de certaines zones. - Une bureaucratie à
large échelle, centralisée et distante se coupe souvent du
peuple, de
ses citoyens et diminue leur participation. »
Cependant, la subsidiarité ne signifie pas que le
principal centre de gravité du pouvoir est dépourvu de toute
responsabilité dans l'exercice dudit pouvoir. Elle signifie que le
niveau central devra être prêt à assister les unités
dont le pouvoir a été délégué car ces
dernières peuvent être en manque de ressources ou de quoi que ce
soit d'autre disponible au niveau central (GREFFE, 2003). La
subsidiarité s'avère donc être un principe optimisateur des
politiques publiques car, en améliorant l'information, elle rend plus
réaliste les décisions et donc maximise le rendement des
ressources mises à la disposition des collectivités locales.
L'étymologie du terme est d'ailleurs significative car pour les romains
« Subsidium » représentait la force mise en réserve qui
était déployée lorsque les militaires de la ligne de front
commençaient à faiblir. Aussi, bien que l'autorité locale
soit la plus indiquée dans la promotion économique locale, la
tutelle relève du pouvoir central qui définit les grandes
orientations à suivre. Il faudrait donc prendre de la distance avec
l'idée d'après laquelle le « local » est en totale
opposition avec le « global », il devra plutôt être
considéré comme un support du « global » (ESSOMBE
EDIMO, 2007).
Si la subsidiarité justifie le fait que la
décentralisation des décisions, dans ses principes, est
portée vers le développement local, il s'avère qu'elle est
également perçue comme une réponse judicieuse aux besoins
des populations et aux problèmes concrets de développement.
28
Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
|