2. Les théories analytiques ou descriptives :
une critique des doctrines précédentes
Ce courant est en effet une critique des théories
libérales ou normatives. Elle se construit également selon deux
axes : dans un premier temps on centre le raisonnement sur les effets pervers
que pourrait instituer la décentralisation puis, dans un second temps,
ce courant va se concentrer sur la définition des avantages et
inconvénients d'un tel système.
- En effet, les théories analytiques estiment que la
décentralisation peut être un obstacle au développement.
Ici on estime qu'elle est source d'inégalité sociale et peut
contribuer à consolider la puissance de l'élite locale et par
là même à renforcer les privilèges de certains
groupes nationaux ou locaux. Selon le PNUD (2004), les théories
analytiques soutiennent et démontrent empiriquement que dans les pays en
développement, la décentralisation a rarement favorisé le
développement ceci pour trois raisons :
. « Elle est potentiellement
inégalitaire
. Elle déprofessionnalise les
décisions techniques délicates.
. Le pouvoir est la question clé dans
l'analyse de la décentralisation. »
La décentralisation pourrait donc ainsi créer
des pouvoirs locaux accaparés par les forces sociales locales. La
démocratie pourrait ainsi diminuer et non augmenter à cause de ce
phénomène dans les zones qu'il touche (GOMAND, 2010).
- Dans un second temps ce courant s'évertue à
distinguer avantages et inconvénients de la décentralisation.
Ceux-ci peuvent être résumés dans le tableau suivant :
23
Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
Tableau 3 : Avantages et inconvénients de la
décentralisation
Avantages
|
Inconvénients
|
-Amélioration des prestations de services
.mieux adaptés aux besoins locaux
.plus flexibles .plus
novatrices .moins couteuses
.tirent parti des avantages comparatifs
des entreprises locales et du secteur associatif local.
|
-Dangers pour les prestations de services
.Décentralisation de la corruption
.Dépenses excessives
.Désengagement de l'Etat à
l'égard de ses fonctions économiques et sociales
.Cadres locaux insuffisamment
qualifiés, indépendants ou disposés à prendre
des risques.
|
-promotion de la démocratie locale
.chances de participation accrues
.intégration des besoins et des intérêts
locaux
.possibilités pour les organisations
associatives et privés d'agir et de s'exprimer
.champ d'expérimentation de la démocratie
.autonomie et intégration politique des
minorités.
|
-La politique locale reste politicienne
.reproduction des élites locales sous une
autre étiquette .capacité politique insuffisante
des pauvres à s'exprimer et à se faire entendre
.clientélisme .responsabilité
amoindrie des élus locaux si les élections locales sont
jugées sans importance et engendre une faible participation.
|
-Intégration nationale
.répartition plus équitable des
ressources .partage vertical du pouvoir
.organe de décisions et de planifications
communs et tâches assumées conjointement
.réalisation de la diversité nationale au sein
de l'unité nationale.
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-Danger de séparatisme
.institutionnalisation du morcellement
ethnique
.reproduction des politiques discriminatoire du
parti majoritaire.
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Source : STEINICH (2001)
L'analyse du concept de « décentralisation des
décisions » nous a permis d'appréhender son caractère
multidimensionnel et surtout multi disciplinaire ainsi que ses fondements
théoriques. Il reste cependant à mettre en évidence le
lien théorique qui existe entre la décentralisation politique et
administrative et la croissance économique.
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