I. FONDEMENTS THEORIQUES :
La décentralisation est un concept multidimensionnel et
en tant que tel elle recèle plusieurs aspects : l'aspect politique,
l'aspect économique, et l'aspect socio culturel. A cet effet, un
débat existe autour des fondements théoriques de la
décentralisation, c'est la principale raison pour laquelle les
théories sur la décentralisation sont de deux ordres (SIDIQUEE,
1995) :
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
- Les théories normatives ou libérales et
- Les théories analytiques ou descriptives.
1. Les théories normatives ou libérales
:
Bon nombre d'auteurs ont analysé la question, tout
l'enjeu reste à regrouper dans un ensemble cohérent les
différentes contributions de chacun.
L'on pourrait tout de même noter que A.de TOCQUEVILLE
est l'écrivain qui a le plus promu la décentralisation pour des
raisons démocratiques. Selon lui, le centralisme Etatique était
de nature à réduire les libertés individuelles et le
pouvoir des collectivités locales, organes de la démocratie et
premier opposant à l'autoritarisme central (GOMAND, 2010). Les
théories normatives ou libérales (qui découlent
énormément de cet Auteur) peuvent être saisies suivant deux
axes :
- Le premier considère la décentralisation comme
une garantie de la stabilité.
En effet, en rapprochant gouvernants et gouvernés
(HAYEK, 1948), en institutionnalisant la participation et surtout en mobilisant
les ressources locales (spécifiques et génériques) dans la
quête du développement communautaire local, A. de TOCQUEVILLE voit
en la décentralisation une garantie de stabilité, de
démocratie et de développement. La responsabilité du
gouvernement (local ou national) est mieux engagée dans un tel processus
car la décentralisation impose une gestion transparente et rationnelle
(SIDDIQUEE, 1995). Gestion transparente puisqu'elle est participative et
gestion rationnelle puisqu'elle prend en compte prioritairement les exigences
locales.
- Le second axe est celui qui mobilise la théorie du
« choix public » pour justifier les fondements de la
décentralisation.
Ici, la décentralisation est considérée
comme un mécanisme important de la fourniture des biens publics.
RONDINELLI (1989) qui en est l'un des théoriciens estime à cet
effet que « sous la condition d'un choix assez libre, la fourniture de
certains biens publics est économiquement plus efficace lorsqu'un grand
nombre d'institutions locales sont engagées que lorsque le gouvernement
central seul, en est le fournisseur ». L'on peut constater que les
théoriciens du choix public estiment donc que des institutions locales
plus nombreuses agissent plus efficacement qu'une seule administration
centrale. TIEBOUT(1956),
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
universitaire Américain de la seconde moitié du
XX ième siècle a affiné cette idée en
théorisant l'idée selon laquelle la multiplicité des
collectivités locales (et donc, l'accroissement de la
décentralisation) favorise une meilleure efficacité de celles-ci
par le simple mécanisme du marché (GOMAND, 2010).
L'on remarquera ainsi la pluralité des concepts
normatifs que renferme ce courant. Tout est basé ce qui devrait
être, ce que devrait permettre et ce que pourrait favoriser la
décentralisation. C'est justement de ce constat que viendra les
critiques notamment à travers le courant analytique.
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