2.1.2.
Genre
D'après Ouaba et al. (2003), le mot genre est
généralement défini comme les relations entre hommes et
femmes dans une culture donnée et les rapports de pouvoir
inhérents à ces relations. Contrairement au mot «sexe »
qui définit les différences biologiques, le terme anglais de
`'gender'' permet de montrer que les inégalités ne sont pas
immuables, car les rôles attribués aux hommes et aux femmes dans
la société changent sous l'influence des facteurs
économiques, culturels, sociaux, religieux ou politiques. L'approche
`'genre'' met l'accent sur les rapports entre les hommes et les femmes et sur
les autres formes de particularités et disparités socialement et
culturellement construits.
Selon Bisilliat (1992), l'étude du genre (étude
théorique des rapports sociaux entre les femmes et les hommes) permet
d'analyser l'établissement d'une idéologie de la domination et de
mieux penser aux phénomènes sociaux dans leurs rapports de
contradiction de base à laquelle on se heurte : masculin et
féminin.
Selon MINEPAT (1991), les femmes camerounaises ont une forte
fécondité, estimée à 5,8 enfants par femme (moyenne
nationale). Ces dernières années, la fécondité
paraît avoir légèrement baissé, passant de 6,4
enfants par femme en 1978 à 5,8 en 1991.
L'augmentation modeste de la prévalence contraceptive
au cours de ces dernières années est peut-être l'un des
facteurs ayant contribué à la baisse observée. Les niveaux
de fécondité varient en fonction de la résidence :
les femmes de Douala et Yaoundé ont près de 2 enfants de moins
que celles en milieu rural. Il varie également selon le niveau
d'instruction : les femmes de niveau secondaire ou supérieur ont
moins d'enfants que les femmes sans niveau d'instruction (4,5 contre 6,2).
La même étude (MINEPAT, 1991) explique que
l'union demeure le cadre privilégié de la procréation au
Cameroun et elle est presque universelle (moins de 1 % des femmes de 40 ans et
plus restent célibataires). L'entrée en union est très
précoce : l'âge médian à la première
union est estimé à 16,5 ans. Cette précocité est
liée à plusieurs facteurs notamment l'influence du milieu et
l'influence géographique.
En milieu rural 39,8 % des adolescents (15-19 ans) ont
commencé leur vie féconde, contre 30,7 % dans les autres villes
et 25,2 % à Yaoundé et Douala. Géographiquement, la
précocité est plus forte dans les régions septentrionales
(48,1 %) que dans les autres régions, et elle est plus faible dans
l'Ouest et le Littoral (27,4 %).
Barbier (1985) constate qu'à son rôle de
reproductrice, la femme pasteur joue également l'action de
médiatrice, même si, dans cet échange entre groupes, elle
est plus passive qu'active. Son identité clanique lui confère un
double statut selon qu'elle soit considérée comme épouse
ou comme soeur. Son statut de soeur est en général plus
élevé que son statut d'épouse car, dans le premier cas,
elle reste un membre de sa famille d'origine alors que, dans le second cas, on
la perçoit comme étrangère dans la famille de son mari
où très souvent elle réside. En tant que soeur, la femme
joue le rôle de médiatrice entre les deux familles.
De l'étude de Barbier (1985), il ressort que la
totalité des heures de travail des femmes est de 64 heures par semaine
contre 32 seulement pour l'homme. Les taux d'activité féminins
sont plus importants en zone rurale (62 %) qu'en zone urbaine (33 %).
Parmi les éleveurs nomades du Sahel, il n'y a
généralement pas de formulation explicite de droits sur les
pâturages, mais ces droits sont déduits implicitement de
l'appartenance à un groupe de parents (Shostak, 1981).
Dijk (1996) observe que dans une société
d'éleveurs nomades, il est indispensable, pour utiliser les
pâturages, de posséder du bétail et d'avoir accès
à une source d'eau. L'importance de ces ressources naturelles pour les
femmes est grande. Souvent, l'utilisation des terres communautaires est
entièrement intégrée dans d'autres activités
d'usage de la terre. Un exemple en est évidemment le ramassage du bois
de chauffage comme activité quotidienne (Moore & Vaughan,
1994 ; Monimart, 1989).
Les droits sur la production du bétail, sous forme de
lait sont plus nettement définis (Dijk, 1994). Ces droits sont souvent
organisés au niveau de l'unité de foyer puisque chaque femme se
voit accorder les droits sur le lait d'une partie du troupeau.
Cela signifie que l'économie pastorale est toujours
plus axée sur le bétail à engraisser et moins sur le
bétail laitier (Dijk & Bruijn, 1988). Il s'ensuit que les hommes
essaient de restreindre les droits des femmes sur le bétail en trayant
eux-mêmes les vaches pour donner davantage de lait aux veaux et leur
assurer ainsi une croissance plus rapide. Les femmes reçoivent moins de
lait et ont donc moins de revenus (Waters-Bayer, 1988).
|