La santé communautaire dans la région des savanes, Togo. Une étude de cas sur les commissions santé dans les districts sanitaires de Kpendjal, Tandjouaré et Tône( Télécharger le fichier original )par Alexander Doyle Université libre de Bruxelles - Master en sciences de la population et du développement 2012 |
1.1.2. La région des Savanes-- Données générales La région des Savanes se situe à l'extrême nord du Togo. Sa population avoisine les 850 000 âmes. Elle est divisée en cinq préfectures (Cinkassé, Kpendjal, Tandjouaré, Tône et Oti). Son chef-lieu, Dapaong se situe dans la préfecture de Tône. Cette région aride est la plus pauvre du Togo. Son orientation économique est majoritairement rurale, la culture attelée et l'élevage bovin y sont les deux activités les plus considérées. Son niveau socio-économique est atypique pour le pays qui y enregistre une incidence de pauvreté qui dépasse les 90% pour l'année 200983. La région se caractérise également par un brassage multiethnique. Le peuple le plus représenté est celui des Moba-Gourma. Font suite les Tchokossi, les NgamGam, les Mossi et les Peuls. La région est un lieu à la croisée des chemins. Les échanges y sont omniprésents et les contacts frontaliers constants. En effet, cette région se situe à proximité de diverses frontières : le Ghana à l'ouest, le Burkina Faso au nord et le Bénin à l'est. Le réseau routier est très peu développé. Beaucoup de villages et de FS sont très difficiles d'accès, particulièrement durant la saison des pluies. La situation sanitaire de la région des Savanes semble bénéficier d'une légère amélioration au regard des indicateurs préalablement émis. Ceux-ci sont fixés autour de quelques thématiques bien précises : la santé de la mère et de l'enfant, la santé des adolescents, l'IST/VIH/SIDA/MST, le diabète, le paludisme, l'hyper-tension artérielle, etc. À titre d'exemple, la couverture en planification familiale semble s'améliorer quelque peu : il y a quatre ans, cela concernait 4-5% de la population, en 2012, elle atteint les 12% sur le plan régional84. Par ailleurs, au sujet des Consultations Prénatales (CPN), l'objectif national est de 80%, il s'avère que certains centres de santé isolés voient leur taux de fréquentation de CPN dépasser ce taux. Cela reste toutefois rare, étant donné qu'une CPN complète comporte quatre séances. Peu de femmes vont effectivement aux quatre consultations recommandées85. À l'instar du pays tout entier, le paludisme reste à ce jour la première cause de consultation dans la région. Néanmoins, les statistiques officielles recensent sous une même toile les cas suspects et les cas confirmés de paludisme. Cela est notamment dû au manque de 83 http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/scr/2010/cr1033f.pdf (page consultée le 18/05/13). 84 Témoignage anonyme, employé de 3ASC. 85 Ibid. 47 moyens pour détecter correctement les symptômes de cette maladie infectieuse. En effet, la plus grande partie des FS de la région se voient démunies de laboratoires capables d'effectuer des analyses approfondies. Les moyens manquent, mais au travers du protocole national et suite à l'appui du Fonds mondial, des campagnes poussées dans ce domaine ont pu être réalisés ; d'une part, en vulgarisant les Test de Diagnostic Rapide (TDR) et les Combinaisons Thérapeutiques à base d'Artémisinine (CTA), et d'autre part, en effectuant des sensibilisations massives. Par cette stratégie, les cas de paludisme ont pu être confirmés avant d'être traités. Cette situation a permis d'améliorer les diagnostics et de révéler de façon plus précise les symptômes des malades se rendant dans un centre de santé. Entre temps il est vrai, que nombre de structures sanitaires en périphérie sont en rupture de stock et ne peuvent plus émettre un diagnostic aussi précis. En conséquence, par mesure de prévention ou à défaut d'autres possibilités de traitements, nombreux sont les patients qui se verront traités comme des cas de paludisme par le seul fait qu'ils développent des symptômes relativement similaires. Néanmoins, la situation globale ne semble pas s'être améliorée : les dommages sont toujours aussi importants. Le poids des us et coutumes doit également être pris en compte pour une meilleure compréhension des agissements de chacun. -- Infrastructures Les conditions dans lesquelles se trouvent les centres de santé avancés ne sont pas dignes de leur nom. La rareté de l'eau potable et de l'électricité pose un problème partout. Les forages ne sont pas règle commune et dans certains cas on demande même aux patients, notamment aux femmes sur le point d'accoucher, de se présenter au centre de santé avec leur propre réserve d'eau. Quelques dispensaires sont dotés de plaques solaires reçues par diverses ONG dans le passé. Cependant, elles ne sont plus toutes fonctionnelles aujourd'hui, problème dû notamment au manque de moyens pour les entretenir. L'hygiène y est minime et hors-norme. Les équipements sont précaires, le manque de moyens et de matériels n'étonne plus personne, le nombre de lits est très restreint et dans un état insalubre, les ambulances se comptent sur les doigts d'une main pour l'ensemble de la région des Savanes et les systèmes logistiques sont fort peu développés. Suivant les derniers recensements du MS togolais de 2010-201186, il existe un hôpital, secteur privé et publique confondus, pour 124.843 togolais. Suivant les mêmes données, les 86 http://www.sante.gouv.tg/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=14&Itemid=3. (page consultée le 20/05/2013). habitants de la région des Savanes, bénéficient d'un hôpital pour 141.957 personnes. Toutefois, en incluant les USP et les Cabinets médicaux privés, on retrouve une FS conforme aux normes en vigueur pour une moyenne de 10500 habitants dans la région des Savanes. A l'échelle nationale, les mêmes données présentent une FS pour une population supérieure à 7000 habitants. Au regard du tableau des Formations Sanitaires par régions et par types (A5. Tableau des Formations Sanitaires par régions et par types)87, il est constatable que la région des Savanes est celle qui est le moins bien desservie par des FS conformes aux normes. -- Effectifs Selon les données du MS, la région des Savanes possède 14 médecins88 à son actif. La région des Savanes est celle qui détient le moins de professionnels qualifiés dans le domaine de la santé. Les aides soignants font toutefois exception au schéma actuel : avec un total de 119 personnes en exercice, la région des Savanes est celle qui en accueille le plus grand nombre. À titre d'exemple, voici deux graphiques relatifs au district sanitaire de Kpendjal reprenant d'une part, la proportion du personnel qualifié et non qualifié dans le district sanitaire de Kpendjal en 2009 (à gauche) et d'autre part l'évolution du personnel qualifié de 2004 à 2009 (à droite) : Figure 3 : Effectifs du personnel de santé dans le district sanitaire de Kpendjal89 48 87 http://www.sante.gouv.tg/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=14&Itemid=3. (page consultée le 20/05/2013). 88 Ibid. 89Dr. TCHALLA, A., M.-Essoh (DPS Kpendjal), Rapport des activités du district sanitaire de Kpendjal, document 3ASC, 2009, p. 11. 49 |
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