3.5.3. Le nouveau réalisme 1960-1963 un recyclage du
réel
Le nouveau réalisme est un mouvement artistique
fondé en 1960 par les artistes Yves Klein, François
dufrêne, Raymond Hains, martial Raysse, Daniel Spoerri, jean Tinguely,
jacques de la Villeglé, réunis autour du critique d'art Pierre
Restany. Entre la déclaration constitutive du nouveau réalisme
signée le27 octobre 1960 et la dissolution du mouvement en 1963, trois
expositions collectives, ont eu lieu.
Le regroupement de ces artistes est motivé par
l'intervention et l'apport de théorique du critique d'art Pierre
Restany, qui souligne le point commun à savoir une méthode
d'appropriation directe du réel. Celle-ci consiste, selon ses termes,
dans un « recyclage poétique du réel urbain,
industriel, publicitaire ».ce mouvement préconise un art en
prise directe avec le réel, opposé au lyrisme de la peinture
abstraite de cette epoque.il propose un mode descriptif nouveau : à
la représentation de la réalité par une image, les
nouveaux réalistes préfèrent l'intégration directe
d'objets réels dans leurs oeuvres.
Les artistes sont marqués par l'essor de la
société de consommation en France au début des
années 1960. Le nouveau réalisme présente des traits
communs avec la nouvelle tendance artistique qui se développe au
même moment dans le monde anglo-saxon :le pop art.les deux mouvement
refusent la prédominance de la peinture expressionniste abstraite
refusent la prédominance de peinture expressionniste abstraite(peinture
gestuelle)qui s'est nettement affirmée dans les années 1950.
Ils veulent créer un art qui soit davantage en
adéquation avec la nouvelle société marquée par la
profusion de nouveaux matériaux et objets.
L'artiste américain Robert Rauschenberg,
précurseur du pop art, a joué un rôle très important
dans la réappropriation par les artistes des objets quotidiens.des 1955,
il avait créé Bed, une oeuvre constituée d'un lit
redressé sur le mur, et badigeonné de peinture.
Robert Rauschenberg réinvente l'intégration
dadaïste d'objets quotidiens réels dans ses oeuvres dans le sillage
des collages de matériaux réalisés per schwitters.son
objectif est d'associer l'art et la vie. Il développe ainsi la
production de « combine painting »,c'est-à-dire
des oeuvres hybrides associant peinture, collage et assemblage d'objet les plus
divers prélevés dans le réel quotidien.ces oeuvres lui
permettent de dépasser les limites entre les arts, tout en
renonçant à toute harmonie au sens traditionnel. Ainsi, dans les
combines painting door, Rauschenberg s'est réapproprié une porte
réelle, sur laquelle il a collé éléments issus de
la banalité : morceaux de bois, de grillage, de boite de conserve,
élément vestimentaire...
En France, les artistes du nouveau réalisme vont
récupérer, détourner, accumuler, assembler, comprimer,
coller directement les objets dans leurs oeuvres. Ils font ainsi écho a
la nouvelle fascination de la France pour les objets, mais leurs travaux se
focalisent aussi sur les dangers de la modernisation ; il s'agit, pour
ARMAN, d'une « dénomination de la production en masse qui
allait nous écraser ».
Les nouveaux réalistes utilisent comme matériaux
de leurs oeuvres toutes sorte d'objet (des reliefs de repas, des débris,
des meubles brulés, des tissus, des affiches déchirées,
des ferrailles usagées...), assurant clairement leurs liens avec
l'esthétique du déchet de Kurt Schwitters. Ils créent des
oeuvres qui sont comme l'écho d'un temps disparu, comme des vestiges
archéologiques du temps présent ce qui amène le critique
d'art Alain Jouffroy à parler de « Pompéi
mental » a propos d'eux il érigent les restes de la
destruction en oeuvre d'art, les déchets en mémento mori, comme
les artistes d'une civilisation qui n'aurait exhumée les positions
esthétiques du nouveau réalisme demeurent très
contemporaines : l'appel aux objets quotidiens et aux déchets de la
civilisation postindustrielle reste une attitude très répandue
dans les pratiques artistiques actuelles.
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