3.5.4. Les affichistes
François Dufrêne, Jacques de la villeglé,
Raymond Hains et Mimmo Rotella puisent leur inspiration dans des promenades
urbaines : ils recueillent des affiches qui ont été
lacérées par les passants et sont ainsi devenues illisibles.
L'oeuvre est donc le fruit des facteurs aléatoires, le résultat
des déchirures effectuées par les passants anonymes.
Ces oeuvres remettent en question la reconnaissance de
l'artiste, en accordant une valeur artistique à des gestes
insignifiants. Ils tournent ainsi en dérision les artistes
expressionnistes abstraits qui dominaient les scènes artistiques de
l'époque, pour lesquels la valeur artistique reposait uniquement sur le
geste pictural du créateur.
Arman radicalise l'utilisation des déchets en les
élevant directement au statut d'oeuvres d'art.
Les débris et rebuts deviennent, dès 1959, son
matériau de prédilection.
Il est célèbre pour ses Accumulations :
assemblages d'objets usagés identiques présentés dans une
boite vitrée. L'objet acquiert ainsi une puissance expressive par la
répétition. Il utilise aussi directement les
détritus : il réalise
des « portraits » à partir des poubelles
personnelles des gens, présentées dans des boites de verre.
Travailler avec les déchets lui permet de porter un
témoignage sur la société de l'époque. Il est
persuadé que les conséquences les plus manifestes du
développement de la société de consommation sont
«l'inondation de notre monde de déchets et d'objets de
rebut ».
En 1960, il réalise une exposition intitulée Le
Plein : il remplit entièrement la galerie Iris Clert de
déchets (cageots, paniers, bicyclettes, chiffons, détritus...).
C'est une sorte de réponse à l'exposition Le Vide qu'Yves Klein
avait réalisée dans cette même galerie peu temps avant.
Dans le cadre de ses recherches artistiques sur la
sensibilité picturale, Klein avait présenté au public une
galerie entièrement vide, avec les murs peints en blanc et vitres en
bleu.
Daniel Spoerri saisit la réalité telle quelle,
il la « piège » et l'accroche au mur en un
« tableau-piège ». Le passage du plan horizontal de
la réalité au plan vertical de l'oeuvre d'art donne aux objets
une présence insolite.
Ainsi, Les puces (1961) est un tableau réalisé
à partir d'un étalage découvert sur une brocante. Spoerri
organise des « diners-piégés » : au
repas, il colle le couvert et les restes sur le plateau de la table, qu'il
accroche au mur ; c'est ce qu'il nomme ses
« tableaux-pièges ». Par exemple, Table Bleue,
Galerie J a été réalisé à la suite d'un
diner organisé par l'artiste dans une galerie parisienne.
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