3.5.2. Dada : les collages et les assemblages
Les artistes dada vont ainsi utiliser toutes sortes d'objets
de récupération dans leurs oeuvres. Ils construisent des
compositions en collant toutes sortes de fragments de papier, d'illustration et
des textes récupérés dans des magazines, de tickets, des
billets de banque, des morceaux de planches anatomiques, comme Raoul Hausmann
dans ABCD. Certains collent aussi de petites toiles peintes.
Ils réalisent aussi des assemblages : ils
fabriquent des sculptures en assemblant différents objets, choisis pour
leurs qualités formelles et pour leur signification symbolique. Ainsi la
tête mécanique de Raoul Hausmann est une marotte de coiffeur sur
laquelle l'artiste a fixé divers objets quotidiens (règles, tuyau
de pipi, écrin a bijou...) afin de faire le portrait « d'un
homme de tous les jours » et de dévoiler
ainsi « l'esprit de notre temps ».
o Kurt Schwitters
De 1919 à 1923, ses oeuvres sont souvent de grand
format : elles sont encore réalisées avec de la peinture
à l'huile sur une toile (ou un support de bois), à laquelle sont
incorporées toutes sortes des matériaux de rebut : papiers
déchirés, cartons ondulé, ficelle, morceaux de bois, des
tissus, métaux usagés, objets tel que :
Il réalise ainsi de véritables compositions
abstraites et géométriques, parfaitement calculées.
Progressivement, il ne va plus s'exprimer que par l'intermédiaire du
papier trouvé, découpé, collé.
Ses oeuvres sont des dimensions de plus en plus petites, en
rapport avec les caractères dérisoires des déchets qu'il
utilise ; ses compositions vont se simplifier avec un sens infaillible de
l'utilisation des formes, et en mêlant intimement les formes et les mots.
Il utilise aussi la technique de l'assemblage, en récupérant des
planches et des morceaux de bois qu'il arrange avec quelques touches de
peinture.
Kurt Schwitters a voulu faire de l'art avec tout, sans
privilégier un matériau ou une forme d'expression qui serait
jugée plus noble que les autres. Il déclare en
1932 : « on peut avec des buts détruire un monde et
par la connaissance et la conformation des possibilités, construire un
monde nouveau avec des débris. »
Kurt Schwitters a donc abandonné la peinture
traditionnelle, expression de l'ordre ancien, au profil de petit support sur
lesquels sont collés des matériaux de rebuts, des déchets
qui sont ceux de la société du 20e siècle. Ces
collages sont rapidement effectués, ils demandent un savoir-faire
réduit, ils désacralisent le geste de l'artiste et
témoignent d'un souci d'économie par le réemploi de
matériaux. Kurt Schwitters donne ainsi un statut artistique à des
compositions formées des déchets. Il rend compte de l'état
de la société et de sa culture en se servant de ses
déchets et en construisant avec ses ruines.
Il se sert de toutes sortes d'objets incongrus,
ramassés au sol dans l'espace urbain. Il les utilise pour leurs
propriétés plastiques, leurs formes, leurs couleurs, leurs
volumes... afin de donner à sa construction toute la dimension
souhaitée, il découpe même le plafond de sa maison.
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