2.1.3.5. Approche genre
Cette approche met en évidence le genre, et est
utilisée par le projet Santé Familiale et Prévention du
SIDA (SFPS) par l'OMS. Elle distingue principalement l'homme et la femme par :
le sexe et le genre. Dans la société, ils n'ont pas une
même position sociale et un même pouvoir, ainsi pour Scott (2000 :
56) «le genre est un élément constitutif des rapports
sociaux fondés sur des différences perçues entre les sexes
et le genre est une façon première de signifier des rapports de
pouvoir». Le genre est donc une construction sociale10, et
le sexe compte à lui est purement biologique. « Le concept de
genre exprime le fait qu'au-delà des différences biologiques qui
caractérisent chaque sexe, les différences de statut entre hommes
et femmes et les rapports qui en découlent ont un caractère
socialement construit. Ce concept recouvre donc les différences entre
les rôles qui sont assignés aux hommes et aux femmes,
10 La construction sociale désigne l'ensemble des
processus sociaux (interactions, rapports de force, etc.) à travers
lesquels émergent une certaine institution, une catégorie, un
groupe.
KINSAKIENO Pierre Rostin, Mémoire de fin de formation,
Octobre 2012 Page 45
Modernité et prévalence du VIH/SIDA chez les
femmes en République du Congo.
aux garçons et aux filles, en fonction de la
culture et la société dans lesquelles ils évoluent
» (Rwenge, 2004 : 147).
En effet, les questions soulevées par l'approche genre
liées à la sexualité et au VIH/SIDA portent sur les
inégalités sociales existant entre l'homme et la femme. Les
inégalités entre sexe sont très fortes en Afrique. La
femme considérée comme être inférieur à
l'homme et non son égal, se trouve assujetti par ce dernier. Cette
situation de dominance le rend vulnérable au VIH/SIDA. Selon Locoh
(2000), les inégalités qui existent entre hommes et femmes et les
rapports qui en découlent sont socialement construits, prennent des
formes spécifiques dans chaque société et méritent
d'être analysées en tant que productions sociales et non pas comme
des faits intangibles liés au destin de chaque sexe. Dans ce sens, l'on
parlerait de « rapports de genre » désignant selon Kamdem
(2006) l'ensemble des statuts conférés, selon certaines
prescriptions sociales et/ou culturelles, aux hommes et aux femmes.
Concernant la sexualité, en raison de son faible
pouvoir de décision, la femme ou la jeune fille n'a aucun contrôle
ou n'a qu'un contrôle limité sur sa sexualité (Kombelembi,
2005). Selon lui l'adoption de comportements comme l'utilisation du condom
devrait résulter du consentement des deux partenaires, mais hélas
souvent les femmes n'ont pas le pouvoir de demander, encore moins d'exiger
à leur partenaire que les rapports soient protégés ou non.
Les femmes victimes des violences sexuelles sont vulnérables au virus.
Celles-ci peuvent être dues parfois à un quiproquo entre elles et
leurs conjoints ou non, en l'absence de soumission ou d'obéissance
envers eux. D'une manière générale, la femme est plus
faible que l'homme, partant de cette perception l'homme se veut toujours
être dominant dans une vie de couple. Le plus souvent dominer ou
assujettir la femme est une façon pour lui de manifester ou de prouver
sa masculinité et sa supériorité envers elle. Ceci influe
sur la vie sexuelle des femmes notamment sur les décisions liées
à la sexualité (quand, où, avec qui pratiquer l'acte
sexuel,...), et sur l'exposition au VIH/SIDA. Les jeunes femmes ont aussi
souvent des partenaires sexuels plus âgés qu'elles et qui sont
plus susceptibles d'être séropositifs que les hommes plus jeunes
(ONUSIDA, 2010).
En Afrique, lorsqu'une fille ou une femme est
séropositive, elle se trouve stigmatiser, et même rejeter par la
société, ce qui n'est pas souvent le cas chez un homme
séropositif. La stigmatisation est plus forte envers une femme qu'envers
un homme. Selon l'expression utilisée par the Society of Women and AIDS
in Africa (SWAA), les femmes encourent donc un « triple péril
» face au SIDA : en tant que personnes infectées par le VIH, en
tant que
KINSAKIENO Pierre Rostin, Mémoire de fin de formation,
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Modernité et prévalence du VIH/SIDA chez les
femmes en République du Congo.
mères d'enfants infectés, et dans la
responsabilité qui leur incombe de s'occuper de leurs partenaires, des
membres de leur famille ou d'orphelins atteints du SIDA.
Cette approche vise l'amélioration du statut social de
la femme afin de lui procurer une position sociale différente de ce
qu'elle occupe dans certaines cultures africaines et lui faire participer
à la prise de décision tant au niveau national que familial.
« L'approche genre, pour être efficace, doit être
généralisée à toutes les politiques et programmes
d'action, qu'ils relèvent prioritairement de l'économie, de la
culture, des législations ou de l'action sur les comportements
démographiques » (Kamdem, 2006 : 16). Bien qu'elle s'appuie
sur les inégalités sociales, économiques, sexuelles,...
entre l'homme et la femme qui sont perçues aussi dans d'autres approches
évoquées ci-dessus. L'approche institutionnelle/politique semble
être importante à examiner à cet effet.
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