2.1.3. Approches explicatives de la prévalence du
VIH/SIDA chez les femmes
Il ressort dans le cadre de cette étude après
une revue de la littérature, six (6) approches explicatives de la
prévalence du VIH/SIDA compte tenu de la vulnérabilité des
femmes, que nous examinerons. Il s'agit notamment de l'approche
biologique/épidémiologique, socio-culturelle,
socio-économique, socio-démographique, genre et
institutionnelle/politique.
2.1.3.1. Approche
biologique/épidémiologique
Cette approche met l'accent sur un certain nombre de pratiques
liées aux comportements des individus. L'activité sexuelle bien
que considérée comme une pratique de reproduction de
l'espèce humaine, de nos jours est associée à une pratique
de satisfaction des besoins sexuels. Les individus la conçoivent comme
une nécessité sexuelle à laquelle il faut répondre.
Pour se faire, les hommes ainsi que les femmes adoptent des comportements
sexuels à risque pouvant favoriser la contraction du virus : c'est le
cas des rapports sexuels non protégés, la fellation, le
cunnilingus, l'anulingus et même l'utilisation des sex toys par les
lesbiennes, les bisexuels, les homosexuels...(Sida Info Service, 2012). Ce type
de comportements sexuels est le résultat d'un vif désir sexuel ou
d'une pulsion biologique que l'individu chercherait à satisfaire
à n'importe quel prix, directement ou indirectement (Rwenge, 1999.a).
Du point de vue physiologique, les femmes sont les plus
vulnérables à l'infection au VIH/SIDA, elles le sont plus que les
hommes lors des rapports hétérosexuels à risque. Des
rapports anaux violents, non protégés, peuvent entraîner
des déchirures et des saignements facilitant l'entrée du virus.
Or, dans certaines cultures, ce type de rapport sexuel peut être
préféré pour préserver la virginité et
éviter la grossesse (Brady, 1999). Le risque de transmission est
très élevé chez la femme. Dans le cas où c'est
l'homme qui est infecté, son sperme contient une forte concentration du
virus que dans les sécrétions vaginales, ce liquide peut demeurer
dans le tractus génital féminin plusieurs jours, à ce
moment le virus peut
KINSAKIENO Pierre Rostin, Mémoire de fin de formation,
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femmes en République du Congo.
pénétrer aisément dans l'organisme
féminin. Lors de certaines périodes de la vie génitale, la
vulnérabilité des femmes au virus est encore plus grave si elles
contractent des rapports sexuels non protégés telles que pendant
la période des menstrues, la période de grossesse, la
période suivant l'accouchement, la ménopause.
Selon l'OMS (2004.a), la zone de muqueuse exposée au
virus pendant les relations est plus grande chez les femmes et la
fragilité des parois vaginales offre de multiples voies d'entrée
au virus. Ceci est particulièrement vrai chez les jeunes filles, dont le
col de l'utérus est immature et la faible production de mucus vaginal ne
procurent qu'une mince barrière contre les infections. En 2009, on
estimait que 53 % des personnes vivant avec le virus étaient de sexe
féminin (ONUSIDA, 2010). Dans 50 %, voire à 80 % des cas, les
femmes qui ont contracté une IST ne le savent pas, de par l'absence ou
la discrétion des lésions ou des autres signes
pathognomoniques5 et du fait que les femmes, si elles sont
monogames, n'imaginent pas qu'elles puissent être à risque (OMS,
2004.a).
En effet, la transmission du VIH/SIDA d'un homme à une
femme pendant les rapports sexuels a deux à quatre fois plus de risque
de se produire que la transmission d'une femme à un homme (OMS, 2004.a).
D'après Loosli-Avimadjessi (2006 : 10) « en l'absence de toute
autre MST, l'homme séropositif a une probabilité de 1/500
d'infecter une femme séronégative. Dans les mêmes
conditions la femme séropositive a une probabilité de 1/1000 de
transmettre le virus à son partenaire masculin à cause du faible
taux de concentration du VIH dans les secrétions vaginales »,
aussi « la présence plus fréquente d'autres MST parfois
non-traitées pour diverses raisons prédispose plus la femme
à l'infection au virus ». Ceci rejoint l'affirmation de l'OMS
(2000) selon laquelle l'existence d'une IST multiplierait par 10 le risque de
transmission du VIH. Le fait qu'un individu a déjà
contracté une IST telle que : l'infection à gonocoque,
l'infection à Syphilis, l'infection à Trichomonas vaginales,...
devient très exposé et très vulnérable à la
contraction du VIH. Dans ce sens, les IST sont parfois
révélatrices de la séropositivité (Drobacheff et
Derancourt, 2005). Par conséquent, la présence des MST/IST dans
un organisme augmente la probabilité d'être atteint du SIDA.
Cette approche se focalise sur la transmission du virus par
voie sexuelle, la physionomie de la femme, la présence d'autres MST/IST
dans l'organisme humain. Elle nous permet d'acquérir une bonne
compréhension de la vulnérabilité que présentent
les femmes à la contraction du VIH/SIDA. Elle s'inscrit aussi dans le
cadre de mesurer l'influence des
5 Se dit d'un signe spécifique d'une maladie, qui permet
de la reconnaître.
KINSAKIENO Pierre Rostin, Mémoire de fin de formation,
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femmes en République du Congo.
MST. Le fait qu'un individu est porteur d'une MST, ceci est un
cofacteur de l'infection, avec les lésions génitales, la
transmission de cette MST est possible. Rwenge (2002) distingue les MST
ulcérantes qui sont les portes d'entrée du virus de celles non
ulcérantes, qui sont tout de même des facteurs d'accroissement du
risque d'infection. Il conclut à ce sujet en notant que le traitement
des MST asymptomatiques chez les femmes peut contribuer à la baisse de
la prévalence du VIH puisque celles-ci portent souvent des MST tout en
restant asymptomatiques.
Penser que cette approche explicative est la seule qui met en
évidence la vulnérabilité féminine face au
VIH/SIDA, serait écarté l'effet que d'autres approches peuvent
avoir sur le phénomène étudié. Ainsi, l'approche
socio-culturelle semble être importante pour affiner la
compréhension de cette vulnérabilité féminine face
au VIH/SIDA.
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