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Modernité et prévalence du VIH/sida chez les femmes en République du Congo.

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par Pierre Rostin KINSAKIENO
Institut de formation et de recherche démographiques - Master professionnel en démographie 2011
  

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2.1.3. Approches explicatives de la prévalence du VIH/SIDA chez les femmes

Il ressort dans le cadre de cette étude après une revue de la littérature, six (6) approches explicatives de la prévalence du VIH/SIDA compte tenu de la vulnérabilité des femmes, que nous examinerons. Il s'agit notamment de l'approche biologique/épidémiologique, socio-culturelle, socio-économique, socio-démographique, genre et institutionnelle/politique.

2.1.3.1. Approche biologique/épidémiologique

Cette approche met l'accent sur un certain nombre de pratiques liées aux comportements des individus. L'activité sexuelle bien que considérée comme une pratique de reproduction de l'espèce humaine, de nos jours est associée à une pratique de satisfaction des besoins sexuels. Les individus la conçoivent comme une nécessité sexuelle à laquelle il faut répondre. Pour se faire, les hommes ainsi que les femmes adoptent des comportements sexuels à risque pouvant favoriser la contraction du virus : c'est le cas des rapports sexuels non protégés, la fellation, le cunnilingus, l'anulingus et même l'utilisation des sex toys par les lesbiennes, les bisexuels, les homosexuels...(Sida Info Service, 2012). Ce type de comportements sexuels est le résultat d'un vif désir sexuel ou d'une pulsion biologique que l'individu chercherait à satisfaire à n'importe quel prix, directement ou indirectement (Rwenge, 1999.a).

Du point de vue physiologique, les femmes sont les plus vulnérables à l'infection au VIH/SIDA, elles le sont plus que les hommes lors des rapports hétérosexuels à risque. Des rapports anaux violents, non protégés, peuvent entraîner des déchirures et des saignements facilitant l'entrée du virus. Or, dans certaines cultures, ce type de rapport sexuel peut être préféré pour préserver la virginité et éviter la grossesse (Brady, 1999). Le risque de transmission est très élevé chez la femme. Dans le cas où c'est l'homme qui est infecté, son sperme contient une forte concentration du virus que dans les sécrétions vaginales, ce liquide peut demeurer dans le tractus génital féminin plusieurs jours, à ce moment le virus peut

KINSAKIENO Pierre Rostin, Mémoire de fin de formation, Octobre 2012 Page 29

Modernité et prévalence du VIH/SIDA chez les femmes en République du Congo.

pénétrer aisément dans l'organisme féminin. Lors de certaines périodes de la vie génitale, la vulnérabilité des femmes au virus est encore plus grave si elles contractent des rapports sexuels non protégés telles que pendant la période des menstrues, la période de grossesse, la période suivant l'accouchement, la ménopause.

Selon l'OMS (2004.a), la zone de muqueuse exposée au virus pendant les relations est plus grande chez les femmes et la fragilité des parois vaginales offre de multiples voies d'entrée au virus. Ceci est particulièrement vrai chez les jeunes filles, dont le col de l'utérus est immature et la faible production de mucus vaginal ne procurent qu'une mince barrière contre les infections. En 2009, on estimait que 53 % des personnes vivant avec le virus étaient de sexe féminin (ONUSIDA, 2010). Dans 50 %, voire à 80 % des cas, les femmes qui ont contracté une IST ne le savent pas, de par l'absence ou la discrétion des lésions ou des autres signes pathognomoniques5 et du fait que les femmes, si elles sont monogames, n'imaginent pas qu'elles puissent être à risque (OMS, 2004.a).

En effet, la transmission du VIH/SIDA d'un homme à une femme pendant les rapports sexuels a deux à quatre fois plus de risque de se produire que la transmission d'une femme à un homme (OMS, 2004.a). D'après Loosli-Avimadjessi (2006 : 10) « en l'absence de toute autre MST, l'homme séropositif a une probabilité de 1/500 d'infecter une femme séronégative. Dans les mêmes conditions la femme séropositive a une probabilité de 1/1000 de transmettre le virus à son partenaire masculin à cause du faible taux de concentration du VIH dans les secrétions vaginales », aussi « la présence plus fréquente d'autres MST parfois non-traitées pour diverses raisons prédispose plus la femme à l'infection au virus ». Ceci rejoint l'affirmation de l'OMS (2000) selon laquelle l'existence d'une IST multiplierait par 10 le risque de transmission du VIH. Le fait qu'un individu a déjà contracté une IST telle que : l'infection à gonocoque, l'infection à Syphilis, l'infection à Trichomonas vaginales,... devient très exposé et très vulnérable à la contraction du VIH. Dans ce sens, les IST sont parfois révélatrices de la séropositivité (Drobacheff et Derancourt, 2005). Par conséquent, la présence des MST/IST dans un organisme augmente la probabilité d'être atteint du SIDA.

Cette approche se focalise sur la transmission du virus par voie sexuelle, la physionomie de la femme, la présence d'autres MST/IST dans l'organisme humain. Elle nous permet d'acquérir une bonne compréhension de la vulnérabilité que présentent les femmes à la contraction du VIH/SIDA. Elle s'inscrit aussi dans le cadre de mesurer l'influence des

5 Se dit d'un signe spécifique d'une maladie, qui permet de la reconnaître.

KINSAKIENO Pierre Rostin, Mémoire de fin de formation, Octobre 2012 Page 30

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MST. Le fait qu'un individu est porteur d'une MST, ceci est un cofacteur de l'infection, avec les lésions génitales, la transmission de cette MST est possible. Rwenge (2002) distingue les MST ulcérantes qui sont les portes d'entrée du virus de celles non ulcérantes, qui sont tout de même des facteurs d'accroissement du risque d'infection. Il conclut à ce sujet en notant que le traitement des MST asymptomatiques chez les femmes peut contribuer à la baisse de la prévalence du VIH puisque celles-ci portent souvent des MST tout en restant asymptomatiques.

Penser que cette approche explicative est la seule qui met en évidence la vulnérabilité féminine face au VIH/SIDA, serait écarté l'effet que d'autres approches peuvent avoir sur le phénomène étudié. Ainsi, l'approche socio-culturelle semble être importante pour affiner la compréhension de cette vulnérabilité féminine face au VIH/SIDA.

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