1.5. Contexte socio-culturel
Le Congo est un pays diversifié du point de vue
socio-culturel. L'ethnie, la religion, la musique, les danses,
l'écriture, la peinture, et l'habillement (le phénomène de
la sape) en sont les éléments culturels les plus dominants. Il
compte douze grands groupes ethniques à savoir : les Kongo,
Téké, Mbôchi, Punu, Duma, Sangha-Likwala, Kôta,
Mbéré (Mbéti), Baya, Oubanguiens, Makaa et Pygmées
(populations autochtones) (ESISC-I, 2009). En général, on
distingue plus de 51 ethnies au Congo. Il y a parmi ces derniers, certaines
ethnies qui du point de vue culturel procèdent à certaines
pratiques sexuelles selon lesquelles lorsque leur époux est absent ou
décédé, les femmes peuvent contracter des rapports sexuels
avec l'un des frères de leur époux qui de fois est marié
et leur entrée en vie sexuelle active est précoce. La polygamie
est une pratique admise chez ces femmes, elles sont sexuellement actives. Ceci
pourrait faciliter la propagation du VIH/SIDA, c'est le cas des ethnies : Punu
et Duma se trouvant précisément dans les départements de
la Lékoumou et du Niari au Sud du pays.
La religion est une institution sociale dont la majeure partie
de la population y fait partie. Le Congo est un pays laïc fondé sur
la séparation du pouvoir religieux et du pouvoir civil ou politique. En
effet, le Christianisme est la religion la plus répandue (90 %) dont
30,5 % de la population est catholique (église dominante) et 0,7 % est
musulmane (ESISC-I, 2009). Les moeurs et les valeurs culturelles que
véhicule la religion jouent un rôle important dans la lutte contre
le VIH/SIDA car les individus ont une autre perception de cette maladie. Ce qui
peut les emmener à avoir un comportement sexuel modéré
(fidélité), ou encore se baser sur le principe de la
chasteté avant le mariage (abstinence). Mais, du fait que l'utilisation
des méthodes contraceptives par les adeptes de cette religion est peu
admise, conduirait à les exposer d'avantage à l'infection
à VIH/SIDA.
Autres fois, dans les années 1980, la musique et les
danses congolaises constituaient un fait social qui emmenait les congolais
à prendre conscience de leur vie sexuelle,
KINSAKIENO Pierre Rostin, Mémoire de fin de formation,
Octobre 2012 Page 16
Modernité et prévalence du VIH/SIDA chez les
femmes en République du Congo.
sentimentale et surtout à prendre connaissance du
VIH/SIDA. De nos jours, elles sont en train de perdre certaines valeurs
d'éthiques, de plus en plus on observe un changement d'échelle de
valeurs dans la chanson congolaise, c'est-à-dire que, les valeurs
deviennent des antivaleurs et vice-versa. Par conséquent, ce qui
était voilé dans la chanson, est dévoilé
actuellement (le sexe par exemple). On entend dans certaines chansons des
expressions comme : « on ne mange pas un bonbon avec son emballage, on va
manger du chocolat, on va manger des piments, il faut d'abord mettre la salive,
il faut le sucer... ». Celles-ci sont centrées autour du sexe et
influent sur l'imaginaire sexuel des congolais. Ceci pourrait donc influencer
les comportements des populations en matière de sexualité (les
auditeurs et auditrices de la chanson congolaise) par rapport au VIH/SIDA.
En effet, la violence fondée sur le genre est une
source de graves souffrances pour la femme et la jeune fille congolaise et
entraîne des conséquences incalculables. Cependant, chaque jour
des dénonciations de cas de viols sont publiées dans les
médias. Quelques statistiques récoltées indiquent
l'ampleur des violences sexuelles. A l'hôpital de
Makélékélé par exemple, en 2004, 203 cas de viols
ont été enregistrés dont 52 cas des enfants de 2 à
9 ans ; 163 en 2005 et 89 en 2006, à l'hôpital de Talangai 107 cas
ont été reçus en 2005 et 94 en 2006.
Du fait que la situation de la femme congolaise est
défavorable, ceci l'expose à plusieurs Maladies Sexuellement
Transmissibles (MST) en particulier le VIH/SIDA et aux Infections Sexuellement
Transmissibles (IST). La non utilisation des préservatifs lors des
rapports sexuels par les femmes congolaises contribue aussi au risque
d'exposition à ces maladies et infections. Cependant, peu d'hommes et
peu de femmes exigent le port du condom lors des rapports sexuels. Aussi,
certaines femmes n'ont aucune connaissance sur le VIH/SIDA et ses modes de
transmission, ainsi que sur l'usage des préservatifs féminins.
Parmi les femmes, 58 % savent que le condom et la limitation des rapports
sexuels à un seul partenaire fidèle et non infecté est un
moyen de prévention du VIH/SIDA et 26 % d'entre elles ont utilisé
des condoms au cours de ces derniers rapports sexuels (ESISC-I, 2009).
|