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Facteurs associés aux infections post-opératoires dans les services de chirurgie et de gynéco-obstétrique. Cas de l'HGR Panzi en RDC

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par Théophile MITIMA KASHOSI
Université catholique de Bukavu RDC - Master en santé publique 2011
  

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1.3.2. Mesures spécifiques

a) Patients et soignants, même combat

A côté des infections nosocomiales des malades, les infections nosocomiales des soignants d'Afrique intertropicale, à l'évidence négligées et sous-évaluées, ont un impact individuel certain et des conséquences lourdes pour des systèmes de santé déjà précaires. Parce qu'il s'agit de maladies professionnelles, les mesures préventives relèvent de la responsabilité de l'employeur. Ces mesures sont de plus un investissement à consentir pour garantir le bon fonctionnement des systèmes sanitaires (12). Le risque infectieux nosocomial étant donc partagé par les malades et les soignants, la prévention doit être globalisée pour le mieux-être de tous (12).

b) Prévention des infections transmises par le sang et les liquides biologiques

Le risque de transmission parentérale de microorganismes est majoré en Afrique intertropicale, où il est largement dominé par le VIH, les hépatites virales, le paludisme et la syphilis (10,13). Les principales mesures de prévention sont bien

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Théo. MITIMA K., Mémoire de Maitrise en santé publique, 2e promotion SACO

connues et souvent applicables, même si elles peuvent se heurter à des problèmes de faisabilité et de manque de rigueur technique.

? Sécurité transfusionnelle

Le recours aux transfusions sanguines est quotidien en Afrique intertropicale, tant en contexte chirurgical, obstétrical que pédiatrique (anémies palustres graves). Les prévalences élevées du VIH, VHB et VHC dans la population générale de certains pays exposent inévitablement à un risque de contamination transfusionnelle (14, 15). Cette situation impose la limitation des indications de transfusion aux urgences avérées, une sélection stricte des donneurs, un dépistage sérologique systématique avec contrôle de qualité, l'éviction des poches séropositives et la fidélisation des donneurs « sains » (16). Le risque de syphilis justifie également un dépistage sérologique systématique et un stockage de la poche d'au moins 72 h en cas de test positif (17) ou, à défaut, une antibioprophylaxie si l'utilisation ne peut attendre. Dans les zones hyper endémiques pour le paludisme, le dépistage des donneurs peut être remplacé par un traitement antipaludique systématique des transfusés (17). Enfin, l'asepsie lors du prélèvement et de la pose de la poche, l'utilisation de matériel adapté et le strict respect de la chaîne du froid permettent de limiter le risque de contamination bactérienne (17). Toutes ces précautions, encore insuffisamment suivies en Afrique (15), imposent la création dans tous les pays de services de transfusion sanguine pourvus de moyens et d'autorité (18).

? Sécurité des injections, des vaccinations et des perfusions

L'OMS estime qu'en Afrique subsaharienne, environ 18% des injections sont réalisées avec des seringues réutilisées et/ou des aiguilles non stérilisées (17). Elles sont responsables d'un nombre mal estimé d'infections évitables à VIH, VHB ou VHC, dont elles pourraient amplifier les épidémies dans certains pays (17). À cette morbidité virale, s'ajoutent les fréquents abcès, veinites, lymphangites, septicémies iatrogènes...

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La situation est à ce point inquiétante que la sécurité des injections constitue pour l'OMS un axe majeur dans la lutte contre l'iatrogénie. L'incitation des soignants et patients à réduire le nombre massif d'injections abusives est une mesure indispensable, mais encore illusoire à court terme (5). Former les soignants à renforcer l'hygiène des injections est également nécessaire. L'usage de matériel jetable non stérilisable est également promu, tandis que la solution des seringues autodestructrices ou sécurisées pour prévenir la tentation du recyclage est limitée par l'aspect financier. La gestion des déchets médicaux contaminés (aiguilles, lames...) est un problème majeur pour la majorité des structures sanitaires, exposant aux accidents d'exposition au sang ainsi qu'à un recyclage illégal et dangereux (18). Ainsi, sans oublier qu'une stérilisation insuffisante expose tout de même au risque viral, le retour à l'utilisation rationnelle et encadrée de seringues et aiguilles stérilisables est même considérée par certains comme une alternative rentable et réaliste aux dispositifs jetables (18). Enfin, la promotion par l'OMS de pratiques chirurgicales plus sûres s'appuie sur un guide de bonnes pratiques chirurgicales, insistant notamment sur la lutte anti-infectieuse au bloc opératoire, l'asepsie et la stérilisation du matériel (19).

? Prévention des accidents d'exposition aux liquides biologiques chez les soignants

La réalité des contaminations de soignants africains par le virus VIH, le VHB ou le VHC après accidents d'exposition professionnelle au sang ou autres liquides biologiques (10) justifie plusieurs mesures de protection. Il convient d'insister sur le bannissement de pratiques à risque comme le recapuchonnage des aiguilles (20) et sur la promotion de techniques chirurgicales exposant moins les opérateurs (19, 21). Le dépistage préopératoire systématique des patients séropositifs pour le VIH n'est pas retenu de façon consensuelle du fait de son risque de discrimination thérapeutique. La protection individuelle des soignants au moyen de gants (notamment plus résistants à la perforation, ou imprégnés de biocides), de tabliers et de lunettes doit être encouragée dans les situations qui l'exigent (20, 21). L'utilisation d'aiguilles à bout mousse n'occasionnerait pas de surcoût important

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(21). La diffusion de containeurs de type « Safetybox » destinés au recueil des déchets piquants et tranchants et la mise en place de réseaux sécurisés pour leur ramassage et leur élimination (incinération, combustion ou, à défaut, enfouissement) sont indispensables (20). La vaccination de rattrapage contre l'hépatite B à l'embauche doit être mise en place. Par ailleurs, bien que nécessaire, l'instauration de protocoles post-accident d'exposition aux liquides biologiques avec suivi sérologique et possibilité de recours aux antirétroviraux (25), ne doit pas être priorisée par rapport aux mesures préventives déjà citées (8). Enfin, la sécurité biomédicale dans les laboratoires face au maniement d'agents hautement contagieux comme les virus des fièvres hémorragiques africaines (Ebola...) relève bien évidemment de cette démarche de réduction du risque nosocomial pour les soignants.

? Prévention des infections transmises par les mains sales

Risque universel, y compris en pays développés, la transmission manuportée d'agents pathogènes lors du contact entre soignant et patient est très largement négligée en Afrique intertropicale. Pour preuves, citons les fréquentes infections de cathéter et de site opératoire, les épidémies de diarrhée dans les services de pédiatrie, ou la diffusion intra-hospitalière des BMR... (13). Ceci est d'autant plus inacceptable que la prévention en est élémentaire et de faible coût puisqu'elle repose principalement sur un simple changement des pratiques de soins (22). Les recommandations majeures sont le lavage régulier des mains au savon et à l'eau propre, doublé idéalement d'un recours avant et après chaque soin à des produits hydro-alcooliques, certes coûteux mais qui procurent une observance bien meilleure, ainsi que l'usage de gants stériles dans les situations qui l'exigent. Le nettoyage des surfaces inertes des services de soins, souvent largement contaminées, appartient à la base de l'hygiène hospitalière, même si son impact sur la prévention de la plupart des infections reste limité (23). De plus, les procédures utilisées ne sont pas sans risque pour les agents et les malades, et exposent à l'émergence de résistances (6). Quoiqu'il en soit, la salubrité de l'eau s'avère un élément capital pour l'hygiène des mains et des surfaces, que les

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structures de soins africaines ne peuvent pas toujours garantir. Elle constitue un enjeu majeur.

Par ailleurs, l'isolement de contact en chambre seule est également une mesure ayant fait la preuve de son efficacité. À défaut, la pratique du « cohorting » de patients avec la même infection pourrait être étendue, comme lors d'épidémies de choléra (8).

? Prévention des infections aéroportées

La transmission aéroportée intra-hospitalière de la tuberculose est avérée dans les pays à forte prévalence du VIH - SIDA et elle majore sans ambiguïté l'expansion

de souches multirésistantes de Mycobacterium tuberculosis (MDR-TB) et
l'émergence de souches extrêmement résistantes au sein des malades et soignants, sidéens ou non (13,10). C'est le constat désormais régulièrement fait à partir d'études de biologie moléculaire.

La tuberculose ne constitue pas encore une priorité dans la plupart des programmes de lutte contre les infections nosocomiales, mais différentes recommandations insistent sur la mise en place de mesures organisationnelles qui, pour un faible coût, permettent de réduire de manière efficace la production de gouttelettes infectantes (6). Elles comportent la recherche précoce des patients suspects de tuberculose (toux chronique...), leur mise à l'écart rapide (sortie des files d'attente et installation dans un lieu bien ventilé...), leur éducation immédiate concernant leur toux (couverture de la bouche et du nez, fourniture d'un masque de type chirurgical FFP2), un dépistage rapide par examen direct des crachats et l'isolement en milieu spécialisé avec instauration d'une multithérapie antituberculeuse adaptée au statut du patient (primo-infection, rechute, échec...). Les unités d'hospitalisation doivent organiser la séparation géographique des patients suspects, des malades tuberculeux confirmés et bacillifères et des patients avec possible MDR-TB. Cette démarche doit être doublée d'une implantation de l'unité « tuberculose » à distance du site d'accueil des patients fragiles comme les enfants, les personnes vivant avec le VIH ou atteints d'hémopathies. Idéalement, les patients bacillifères devraient porter un masque de

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type chirurgical de type FFP2 pour sortir de leur unité jusqu'à négativation de leur expectoration, mais des obstacles économiques et culturels en constituent les deux entraves majeures. En pratique, ces mesures simples et d'efficacité incontestable sont insuffisamment mises en oeuvre dans les structures de soins africaines (6).

Les mesures de contrôle environnemental visant à réduire la concentration des gouttelettes dans l'air sont également essentielles bien que moins efficaces (6). L'irradiation germicide aux rayons ultra-violets, la filtration de l'air (de type HEPA : High Efficiency Particulate Air filter) et la ventilation en pression négative sont évidemment inaccessibles du fait de leur coût d'achat et de maintenance. À défaut, le renforcement de la ventilation naturelle, le contrôle de la direction des flux d'air (ouverture des fenêtres, ventilateurs dirigés vers l'extérieur) et la « stérilisation » par UV solaires doivent être promus.

? Prévention des infections transmises par vecteurs

La transmission nosocomiale du paludisme ou d'arboviroses par piqûre des moustiques, de malade à malade ou de malade à soignant, est possible mais non documentée par des études récentes à notre connaissance. A titre d'exemple, il serait intéressant d'étudier l'incidence des cas de paludisme survenant en cours de séjour et le taux de parasitisme des anophèles dans l'environnement de ces services. La démoustication et les moustiquaires imprégnées devraient être plus largement utilisées dans les hôpitaux africains, dans un double but, altruiste pour les malades infectés et protecteur pour les malades atteints d'autres pathologies.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote