Le texte promotionnel culturel( Télécharger le fichier original )par David LEGOUPIL Université Paris V René Descartes - Master pro 2 expertise en sémiologie et communication 2007 |
7. Des objets de discours « catégorisés » communs aux critiques de presse et aux TPCDans les critiques de presse, les évaluations portent, selon Sophie Moirand, sur des « objets de discours »50(*) divers. On assiste non seulement à cette même variété dans les TPC mais on constate aussi que les objets de discours évalués le sont sous les mêmes angles ; soit que l'on «juge» (ou plutôt «formule une appréciation sur») le produit culturel dans sa globalité : « C'est une histoire sans paroles, du théâtre de marionnettes naïf et profond comme un Chaplin, poétique et onirique comme un film de Méliès. » (David, Les Pieds dans les nuages, j. p., annexe n° 8 bis) soit que l'on «juge» l'histoire ou les personnages : « Une troupe italienne, un public français, le texte d'une Suédoise : belle Babel mais aucune confusion, car Pepe e Stella, magnifique histoire d'une amitié entre un enfant de la balle et son cheval de cirque, possède le souffle et l'universalité du mythe.» (David, Pepe e Stella , j. p., annexe n° 14), « En ce début de millénaire, plus de quatre siècles après la mort de Giordano Bruno (1548-1600), face à toutes les dérives de ce nouveau siècle, il n'est pas inutile de se pencher sur la vie de cet homme hors du commun. » (Jacques, Giordano Bruno, t. p., p. 38), soit que l'on «juge» l'auteur ou les interprètes : « Ses textes, finement écrits, sont une succession d'histoires douces et amusantes et sont peuplés de personnages hauts en couleur » (Vincent, Renan Luce, t. p., p. 16), « Artiste complet, Rémy Boiron campe à lui seul tous les personnages de la pièce. » (Jacques, Âmes à grammes, t. p., p. 20), soit, enfin, que l'on «juge» les caractéristiques techniques de la manifestation (Sophie Moirand utilise le mot « produit ») : « Un spectacle malin, drôle et poétique, à la croisée des arts, où la comédie revisite le théâtre d'ombres, se combine avec brio, à la musique, la peinture et l'illustration (réalisées en direct sur un écran), pour un moment coloré » (David, La Reine des couleurs, t. p., annexe n° 7). Sophie Moirand remarque dans son chapitre portant sur les critiques de presse que ces objets de discours sont généralement « catégorisés », et que cette catégorisation constitue déjà une évaluation51(*). Cette opération se fait notamment par rapport aux « connaissances que l'on a du domaine ». Elle repère par exemple dans quelques critiques de presse les étiquettes «comédie américaine moderne», «comédie à la Capra», «roman historique et poétique», «mélancolie matinée d'éclats de jazz façon Joni Mitchell», etc. Nous relevons, de notre côté, en limitant les citations, tant elles sont pléthoriques, à deux extraits de TPC que nous venons de citer, les « catégories » : « histoire sans parole, théâtre de marionnettes naïf et profond comme un Chaplin, poétique et onirique comme un film de Méliès », « Un spectacle malin, drôle et poétique, à la croisée des arts, où la comédie revisite le théâtre d'ombres, se combine avec brio, à la musique, la peinture et l'illustration (réalisées en direct sur un écran)». On constate que les catégories ne correspondent pas toujours à des genres artistiques codifiés précisément et que les spectacles peuvent être décrits au moyen d'une addition, d'une série de « catégorie » ou en recourant à la comparaison (« naïf et profond comme un Chaplin, poétique et onirique comme un film de Méliès »). Cette valse des étiquettes et des références, plus qu'une faiblesse à trouver le mot juste, s'explique à notre avis par le caractère de plus en plus polymorphe des spectacles produits aujourd'hui, spectacles qui, comme je l'ai écrit dans le TPC promouvant La Reine des couleurs, se situent très souvent à la croisée des arts, mêlent, par exemple, théâtre, musique, cirque et vidéo. * 50 MOIRAND Sophie (1990), op. cit. * 51 MOIRAND Sophie (1990), chap. 4, op. cit. |
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