g- La banque régional de
solidarité :
Mûri depuis deux ans, le projet de la Banque
régionale de solidarité (BRS) devra être une
réalité sur toute l'étendue de l'Union avant 2006.
Le holding du groupe de la Banque régionale de
solidarité (BRS), surnommée "la banque des pauvres" de l'Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a pour objet de
promouvoir l'emploi indépendant en faveur des populations
traditionnellement exclues du système bancaire. La mission
assignée à cette future structure financière consiste, de
manière générale, à financer toutes les
micro-entreprises agricoles, industrielles, artisanales et les petits
métiers. Elle vise ainsi, l'insertion des jeunes, la réinsertion
des travailleurs et plus globalement, le développement
d'activités génératrices d'emplois et de revenus. Sa
population-cible sera principalement :
- les diplômés sans emplois de l'enseignement
supérieur, général, technique ou professionnel, des
écoles des arts et métiers ;
- les apprentis ayant achevé leur formation
auprès d'un maître-artisan dûment inscrit sur le registre
des artisans de son pays et reconnu par ses pairs ;
- les coopératives non financières d'ouvriers,
d'agriculteurs ou d'artisans ;
- les opérateurs de micro-activités de
production aspirant au développement ou à la modernisation de
leur activité ;
-les Systèmes Financiers Décentralisés,
pour leurs besoins de refinancement ou des lignes de crédit.
La BRS disposera d'un réseau de filiales ayant le
statut de banque pour accorder des financements à court, moyen et long
terme.
La holding participera notamment au financement de micro-projets
d'investissement qui relèveront exclusivement du secteur de la
production et, par extension, à la commercialisation résultant de
l'activité de production financée. Elle ambitionne de
satisfaire les besoins de financement des populations à revenu faible ou
sans revenu, ainsi que certains besoins de refinancement des systèmes
financiers décentralisés ne pouvant remplir les conditions
d'accès au crédit bancaire classique.
En outre, la BSR contribuera à l'accroissement de la
"bancarisation" des populations des pays de l'UEMOA ainsi qu'aux efforts de
diversification des économies de ces populations en favorisant le
développement de tous les métiers porteurs de croissance
économique et participera au processus d'intégration
économique régionale. La BRS, qui est dotée d'un
capital de 24 milliards de francs CFA, est une société anonyme
avec conseil d'administration faisant appel public à
l'épargne.
Face à l'ampleur du phénomène dans
l'Union, la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement a, dans sa
Déclaration du 8 décembre 1999 intitulée " Relever
ensemble, dans la solidarité, les défis du troisième
millénaire ", réaffirmé la détermination des Etats
à faire de la lutte contre la pauvreté un impératif des
politiques économiques, grâce à la promotion vigoureuse
d'une croissance plus riche en emplois, une diversification des
activités génératrices de revenus et un renforcement des
programmes sociaux. Dans ce cadre, les Chefs d'Etat ont décidé de
" mettre en oeuvre, de façon diligente, le Pacte de convergence, de
stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats membres
de l'UEMOA, traduisant ainsi leur détermination à approfondir le
processus d'assainissement des économies nationales, à lutter de
façon efficace contre la pauvreté et à consolider les
bases de leur monnaie ".
Le projet porte sur la mise en place d'une Banque
Régionale de Solidarité (BRS-SA), dont l'architecture
prévoit un holding financier, faisant office de Siège ou de
maison mère pour des filiales bancaires qui seront installées
dans chaque Etat de l'UEMOA afin d'exercer à titre principal des
activités de banque. Outre les filiales bancaires, le Holding
développera également des filiales non bancaires pour permettre
au Groupe de réaliser des économies de charges dans les domaines
notamment du système d'information mais aussi dans la gestion des
ressources investies dans la lutte contre la pauvreté par divers
partenaires, à travers une fondation. Par ailleurs, le Groupe BRS
disposera de son propre mécanisme de garantie pour prendre en charge une
partie des risques bancaires. Les pistes de diversification du Groupe BRS ainsi
tracées ne sont pas fermées. D'une manière
générale, l'expansion du Groupe se fera en fonction des
opportunités, tout en préservant sa vocation première qui
est de contribuer à la lutte contre la pauvreté.
Par ailleurs, pour assurer le succès de ses
interventions, la BRS va s'appuyer sur des partenaires (structures relais
financiers, d'appui technique et administratif, etc.) dans les
différents pays de l'UEMOA.
S'agissant des ressources du Groupe BRS-SA, outre les fonds
propres de base de la maison mère, elles sont constituées
d'emprunts effectués sur le marché financier, de ressources
concessionnelles obtenues auprès de partenaires extérieurs ainsi
que de ressources d'épargne défiscalisée, de fonds sociaux
et des fonds de garantie. En outre, s'appuyant sur l'exemple de la Grameen
Bank, la BRS-SA, développera une culture d'épargne à
caractère obligatoire pour la clientèle dès l'obtention
d'un prêt. Outre sa clientèle-cible pour les activités de
crédit direct, la BRS pourrait recevoir les dépôts de
l'ensemble des opérateurs économiques, y compris ceux qui ne sont
pas éligibles à son financement.
En ce qui concerne le mécanisme de garantie, hormis le
fonds de garantie prévu, les filiales bancaires vont s'appuyer d'une
part, sur des mécanismes de garantie " économiques "
(étude des dossiers de financement, encadrement technique et suivi du
promoteur et de son patrimoine) et, d'autre part, sur ceux dits juridiques
(nantissement du matériel financé, garanties nouvelles à
mettre en place telles que les Sociétés de cautionnement mutuel,
épargne forcée, cautions solidaires, etc.). Une combinaison de
ces différentes possibilités devrait assurer une
sécurisation maximale des crédits.
Au total, le projet de création de la Banque
Régionale de Solidarité est entré dans sa phase de
concrétisation. Il permettra de modifier le paysage bancaire et
financier de l'UEMOA, dans le cadre d'une contribution plus hardie à la
lutte contre la pauvreté, à travers notamment la création
de nombreux emplois indépendants dans des secteurs vitaux de
l'économie des pays de l'Union et l'intégration des couches
vulnérables de la population dans le système financier de
l'Union.
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