2. Le rapport d'inspection
Le texte de 1973 confère à l'autorité
médicale la mission d'inspection des locaux pénitentiaires. A cet
effet, elle enregistre tous les faits et anomalies constatés. Etant
donné que les détenus sont au centre de toute politique
pénitentiaire, elle ne peut manquer de s'intéresser à eux.
L'inspection des détenus ne doit en aucun cas occulter la visite
médicale puisqu'elle ne saurait se substituer à cette
dernière et ne peut faire un double emploi avec elle. De toutes les
façons, elle est capitale pour l'accès des détenus au
droit à la santé.
Intervenant à la fin de la mission d'inspection, le
rapport, établi par l'autorité médicale et adressé
au ministre responsable de l'administration pénitentiaire, contient
toutes les observations utiles sur l'hygiène de la prison et la
santé des détenus. Si les rapports d'inspection médicale
des locaux pénitentiaires sont dans l'ensemble adressés au
ministre responsable de l'administration pénitentiaire, on ne peut
affirmer que leurs contenus, le plus souvent alarmants sur la situation des
pénitenciers étudiés, reçoivent toute l'attention
qu'on pouvait espérer.
En nous basant sur le contenu des archives disponibles, nous
avons remarqué qu'à la prison de Dschang, à partir de
1986, les différents rapports d'inspection ont, de manière
récurrente, attiré l'attention sur l'état de
dégradation avancée des locaux de détention -prison
délabrée et frappée d'obsolescence : effritement des
mûrs, dégradation de la toiture, détachement des
débris - de l'inconfort des lits des pensionnaires dont certains sont
faits en bambous. Le rapport d'inspection de l'année 1988 enfonce le
clou car "dans la cellule n° 1, il y a trente lits de bambou sur lesquels
les détenus s'entassent et ceux qui ne trouvent pas de place dorment
à même le sol, la toiture laisse couler
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de l'eau en temps de pluie"68. Plus loin le rapport
note : " ceux de la cellule 04 se plaignent gravement de l'alimentation. Elle
est faite d'eau avec de l'huile de palme sans sel, une boule de couscous de
maïs"69. Sur un tout autre plan, " la prison dispose de
chambres d'hospitalisation qui, faute d'aménagement, ne sont pas
fonctionnelles. C'est une situation qui perdure depuis des années
malgré les rapports d'inspection qui en appellent à leur
aménagement"70.
Grosso modo, les rapports d'inspection médicale
stigmatisent la vétusté des locaux du pénitencier de
Dschang qui ne répondent plus aux normes architecturales internationales
surtout avec l'inflation carcérale, source de nombreux problèmes
de santé des pensionnaires. Il convient de préciser ici que
l'absence des sources concernant la prison de Mantoum n'a pas pu faire
prospérer nos analyses sur cet aspect, mais l'exploitation peu
rationnelle des rapports d'inspection est à l'origine de la
récurrence des problèmes de santé des détenus aussi
bien à la prison de Dschang qu'à celle de Mantoum.
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