Section 3 : Les premiers essais d'analyse de la
relation entre la croissance et la finance :
I- Les premiers essais d'analyse de la relation entre la
finance et la croissance :
La rubrique des premières tentatives d'analyse de la
relation entre la finance et la croissance va des premiers
développements théoriques dont les conclusions sont ambiguës
quant à l'impact du développement financier sur la croissance,
aux analyses favorables au développement financier
réalisées par les auteurs d'inspiration néo-classique.
II- Les premiers développements théoriques
:
La littérature sur la relation entre le
développement financier et la croissance économique d'avant Mac
Kinnon (1973), a connu de nombreux rebondissements suivant la
prééminence du courant théorique de l'heure. Ainsi,
après les premières ébauches d'idées
retrouvées chez Bagehot (1873) et Schumpeter (1911), la domination des
débats économiques pendant plusieurs décennies par les
auteurs d'inspiration keynésienne a favorisé le
développement d'une théorie économique qui réserve
peu de place au développement financier. Ceci explique le fait que la
littérature d'avant les années 60 développe une
théorie qui va largement dans le sens d'une relation :
développement économique - développement financier. La
remise en cause du consensus keynésien, et le renouveau de la
théorie classique vers la fin des années 60 a servi de
terreau pour l'émergence d'une thèse plaidant pour le
développement financier qui conduira dans les années 70 à
la théorie de la libéralisation financière proposée
par Mac Kinnon, Shaw et leurs disciples.
Dans l'histoire des développements théoriques de
l'impact du secteur financier sur la croissance économique, on retrouve
en première loge les ébauches d'idées de Bagehot (1873)
qui argumente que les succès du développement
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britannique est dû à la supériorité
de son marché financier, qui avait une facilité relative à
mobiliser l'épargne pour financer les divers investissements à
long terme. Ainsi, les opportunités d'accès au financement des
entreprises auraient été décisives pour la mise en place
de nouvelles technologies en Angleterre. Par conséquent, le
sous-développement économique serait lié à
l'impossibilité de mobilisation des ressources, caractéristique
d'un système financier atrophié ou quasi inexistant.
Aussi, on ne saurait passer sous silence l'importante
contribution de Schumpeter (1911) qui avançait que les services
financiers, en particuliers les crédits bancaires étaient
indispensables pour la croissance économique dans la mesure où
ils améliorent la productivité en encourageant l'innovation
technologique. De plus, le banquier permet d'identifier les entrepreneurs qui
ont les meilleures chances de réussir la procédure d'innovation.
L'entrepreneur innovateur a besoin de moyens financiers pour mettre en oeuvre
de nouvelles technologies de production, et le rôle du banquier est
primordial dans le choix de ces nouvelles technologies. Pour Schumpeter, le
développement financier stimule la croissance à travers
l'allocation efficace des ressources.
A la suite de ces prémisses favorables au secteur
financier, Keynes (1936) propose une théorie du développement
différente de celle de Bagehot (1873) et de Schumpeter (1911), en
mettant l'accent sur le rôle déterminant de l'investissement dans
la production globale et l'emploi. L'un des objectifs de la théorie
keynésienne est d'examiner les conditions dans lesquelles les
mécanismes monétaires peuvent affecter la dynamique de
l'économie réelle. Il apparaît donc ce qu'on peut appeler
un keynésianisme financier (en reprenant les termes de
Chouchane-Verdier, 2001), dont l'objet est de mettre en évidence les
ressorts financiers de l'investissement. Aussi, contrairement aux
néo-classiques, Keynes dans sa théorie sur le taux
d'intérêt et la préférence pour la liquidité
recommande une baisse des taux d'intérêt pour favoriser
l'investissement. Cependant, il serait intéressant de noter que, Keynes
fait la différence entre l'activité d'intermédiation
financière censée supporter l'investissement et la
spéculation financière dont le développement
génère de l'instabilité financière.
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