II-Le dualisme entre finance formelle et finance informelle
:
La contradiction sur la thèse de la
libéralisation financière fondée sur le dualisme entre la
finance formelle et la finance informelle est en partie apportée par les
néo-structuralistes. En effet, ces derniers rejettent l'argument souvent
avancé selon lequel la structure financière des pays du sud
serait la cause du sous développement. Les néo-structuralistes
considèrent les marchés financiers informels comme un mode de
fonctionnement du système financier propre aux pays en
développement, qui jouent un rôle déterminant dans ces
économies puisqu'ils facilitent les transactions entre les
épargnants et les investisseurs. Aussi, ces auteurs estiment que les
réserves obligatoires effectuées par les banques commerciales
constituent des fuites du système financier, et donc les banques ne
peuvent pas allouer de manière aussi efficiente l'épargne que le
marché financier informel, dans la mesure où ce dernier n'est pas
soumis à des contraintes de réserves.
Taylor (1983) et Wijnbergen (1982, 1983) avancent trois
arguments qui sont spécifiques à l'échec des politiques de
libéralisation financière dans les pays en voie de
développement et montrent l'avantage que peuvent procurer les
économies non organisées:
(i)
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l'existence des normes réglementaires en matière
de réserves obligatoires peut entraîner une baisse de
l'intermédiation financière ; par contre, sur le marché
financier non organisé, il n'existe pas d'obligation de
réserve.
(ii) L'augmentation du taux d'intérêt sur les
dépôts entraînant un changement des actifs du secteur
financier informel vers le secteur financier structuré de crédit,
peut réduire la demande d'encaisses monétaires, ce qui
affecterait alors, à la baisse l'offre de prêts sur les
marchés financiers informels, provoquant ainsi une augmentation du taux
d'intérêt nominal sur le marché informel.
(iii) La hausse des taux d'intérêt accroît
le coût du capital productif, ce qui conduit à une augmentation du
niveau général des prix (inflation par les coûts) et
à une baisse de l'investissement et de la demande réelle. De
plus, une augmentation de la propension à épargner peut faire
baisser davantage la demande effective. Ce qui réduit le taux de
croissance de l'économie.
III-Les imperfections des marchés financiers :
La troisième catégorie de critiques à la
politique de libéralisation financière de Mac Kinnon et Shaw
porte sur le fait que ces derniers supposent que le marché du
crédit est purement concurrentiel et donc qu'il ne peut exister de
rationnement lorsque les taux d'intérêt sont fixés à
leur niveau d'équilibre. Stiglitz et Weiss (1981) furent l'un des
premiers auteurs à montrer que la remise en cause de cette
hypothèse compte tenu du déséquilibre structurel des
marchés financiers serait la cause de l'échec des politiques de
libéralisation financière. Les marchés financiers ne sont
pas aussi parfaits que l'estimerait l'approche développée par Mac
Kinnon et Shaw. Ils sont des marchés particuliers et non comparables
avec le marché des biens et services.
Sur les marchés financiers, les crédits sont
échangés contre des promesses futures de remboursement. Le non
respect de cette promesse accroît le risque lié à
l'emprunt.
Stiglitz et Weiss (1981) montrent que l'espérance de
rendement de la banque croît moins vite que le taux
d'intérêt. De ce fait, il n'y a pas de mécanismes
compétitifs qui puissent établir l'égalité entre
l'offre et la demande de fonds prêtables et le crédit sera en
permanence rationné puisque l'offre de fonds prêtables est
fonction de l'espérance de rendement tandis que la demande dépend
du taux d'intérêt. Le taux d'intérêt qui maximise le
profit de la banque est inférieur au taux d'intérêt
d'équilibre et par conséquent, certains emprunteurs seront
rationnés. En effet, les banques sont préoccupées par les
intérêts du prêt, mais aussi le niveau de risque encouru.
Ainsi, le taux d'intérêt fixé par la banque peut affecter
le risque global qu'elle encoure soit par l'effet
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de sélection adverse qui se traduit par l'exclusion des
emprunteurs potentiels ou soit par l'effet d'incitation. Ces deux effets
liés aux problèmes d'asymétrie d'information sur les
marchés financiers sont résolus par les banques selon Stiglitz et
Weiss (1981) en rationnant à chaque date certains agents même si
ces derniers sont prêts à payer des taux d'intérêt
plus élevés. Les banques ne feront donc pas de crédit
puisque la probabilité de défaut associée aux nouveaux
prêts est élevée.
Après la fonction et l'analyse nous essayerons de faire
l'analyse de la relation entre la croissance et la finance
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