1.1.2. Impact des activités
minières sur l'environnement
La présence des nombreuses collines riches en minerais
de cuivre et cobalt a conduit dans le district du Haut-Katanga au
développement des industries d'extraction et de transformation des
minerais. Celle-ci a débuté depuis l'époque
précoloniale, où les croisettes de cuivre étaient
utilisées comme monnaie dans la transaction commerciale, et s'est
ensuite intensifiée dès 1906 avec la création de l'UMHK
pour atteindre le pic de production des minerais avec la Gécamines vers
les années 1970 ; qui connut par la suite une chute de production
spectaculaire due à une mauvaise gestion vers les années 1990
(Ngoy, 2007). Une reprise très nette des activités d'extraction a
lieu depuis quelques années et actuellement, ces activités
d'exploitation minière ont connu une expansion florissante due à
l'arrivée des nombreux investisseurs dans le secteur minier.
Cependant, toutes les étapes du traitement des minerais
depuis l'extraction jusqu'à la production du métal purifié
sont génératrices des nuisances pour l'environnement par
l'altération de celui-ci. En effet, depuis l'extraction du minerai des
gisements par l'établissement des carrières jusqu'à celle
du métal spécifique recherché à l'industrie,
l'activité minière rejette les déchets et effluents
(gazeux, liquides, solides) car le métal recherché n'est qu'une
infime fraction du volume de la roche déplacée (Impes et
al., 1991).
L'exploitation minière entraîne une
dégradation de l'environnement par :
v L'établissement des carrières
souterraines : l'extraction des minerais s'effectue par
établissement des tunnels souterrains. Ce mode d'exploitation ne
perturbe que des superficies relativement petites car les tunnels souterrains
réduisent la dispersion des poussières et le déplacement
des terres « stériles ». De plus, à la fin de
l'exploitation, la région peut retrouver des conditions presque
similaires à celles d'avant exploitation. Néanmoins, les eaux qui
remplissent les couloirs (après exploitation) peuvent faire passer les
ETMs en solution et contaminer la nappe phréatique.
v L'établissement des carrières à ciel
ouvert : ce mode d'exploitation est plus dangereux car il modifie
complètement le paysage et son impact environnemental peut toucher de
grandes régions à cause de la dispersion des poussières
provenant des déblais miniers et d'énormes volumes de terre
déplacés. Il a également un effet plus néfaste sur
la perte de la biodiversité
v Le transport des minerais excavés de la
carrière, généralement par voie ferroviaire ou
routière, favorise également une dispersion des ETMs à
cause de grandes quantités de poussières dispersées le
long des trajets
v Les rejets des déchets dans les rivières (pour
les usines qui procèdent par hydrométallurgie) avec comme
conséquences la pollution des rivières par les substances
chimiques. Ceci entraîne un débordement des boues à
caractère souvent sableux, se propageant ainsi sur un grand espace blanc
semblable à un désert communément appelés
« Katapula », cas de Kipushi, UZK (usine de zinc de
Kasombo), Mashamba...et les usines qui procèdent par
pyrométallurgie, qui, par leurs cheminées, polluent
l'atmosphère en émettant les déchets sous forme gazeuse
(Montgomery, 2003 ; Anonyme, 2004 ; Prince, 2007).
Cependant, la pollution liée aux ETMs est censée
avoir un lien avec les exploitations minières dans le district du
Haut-Katanga. Les ETMs constituent par ailleurs un problème
sérieux surtout lorsqu'ils sont impliqués dans la pollution des
sols et des eaux. Non seulement leur toxicité peut être fortement
dommageable pour les milieux aquatiques et les sols, mais leur accumulation
dans la chaîne alimentaire pourrait ainsi avoir des effets plus ou moins
graves sur la santé des consommateurs (l'homme et le bétail)
(Michel et Katanga, 2007).
Dans le district du Haut- Katanga, l'industrie minière
est source de plusieurs altérations de l'environnement. L'extraction du
minerai, que ce soit par carrière à ciel ouvert, parfois profonde
d'une centaine de mètres (à Ruwe par exemple), ou par galeries
profondes (plus de mille mètres à Kipushi), engendre des
déplacements de volumes importants de roches et de terres. Les
émissions de l'industrie métallurgique sont aussi à
l'origine des pollutions atmosphériques (Leteinturier, 2002).
Il a été recensé une dizaine des types de
perturbations engendrées par l'exploitation minière dans
l'hinterland minier du Katanga (Fig. 1-2), notamment les sites
métallurgiques précoloniaux, Les tranchées de prospection,
les mines à ciel ouvert, les déblais stériles, les
ballasts des voies ferrées, les bassins de décantation, les
accotements des routes chargés avec des minerais, les sites de lavage de
roches excavées, les émissions des dépôts
poussiéreux aériens résultant des activités
industrielles (Baker et Walker, 1989a ; Leteinturier et al.,
1999).
Fig. 1-2. Exploitation minière au Katanga et
pollutions métallifères (zones pointillées) y
afférentes durant les périodes précoloniales, coloniales
et récentes (Adapté de Leteinturier et al.,
1999).
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