11.3 Les stratégies de placement
11.3.1 Position du problème
Nous avons vu que la banque de détail
considérée investit à chaque date le montant d'en-cours
dont elle dispose, soit en prêt interbancaire de
rémunération EURIBOR pour le mois suivant, soit en obligations
à 5 ans avec coupons mensuels fixes. Nous supposons dorénavant
que l'établissement de détail choisit une proportion fixe y
E [0, 1] pour spécifier cette allocation entre court-terme
et long-terme. Plus précisément, notre hypothèse de
travail pose que la banque investit sur les marchés à chaque date
t un montant yLt sur le support court-terme et le
montant résiduel en obligations. Ainsi, la banque effectue son
allocation en terme de proportions fixes de l'encours des CCP à la date
considérée. À titre d'exemple, un choix de y =
10% signifie que la banque souhaite garder en «rolling» court-terme
exactement 10% de ce qu'elle doit à ses clients. Cela correspond
à une vision moins prudente que y = 50% : en effet, si la
banque doit faire face à un nombre important de sorties à un
moment donné, elle sera plus en mesure, dans le second cas, de lever
facilement les liquidités pour rendre l'argent aux clients qui la
quittent. Il est toutefois plausible de considérer que le placement
à long-terme offre une rémunération supérieure,
dans la mesure où la courbe des taux est (en général)
croissante.
Il y a ainsi deux stratégies caricaturales : d'une
part, placer continuellement à long terme l'intégralité
des dépôts (y=0) et d'autre part investir la
totalité à court terme (y=1). Dans le premier cas, la
volatilité de la marge est fortement réduite mais on est
exposé à un très grand risque de liquidité; dans le
second, la marge nette dégagée connaît de plus fortes
variations et
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suit les effets de cycle, mais on est en mesure à tout
instant de faire face à un retrait massif. Un arbitrage
rémunération/risque doit donc s'effectuer.
De plus, il apparaît plausible que cet arbitrage doive
être considéré différemment suivant la structure de
la base de clientèle existante. Par exemple, une banque en ligne,
présentant un déséquilibre démographique vers
le bas, est a priori moins exposée au risque de liquidité
qu'un établissement présentant, à l'inverse, un
déséquilibre démographique vers le haut. C'est en
tout cas ce que suggèrent nos analyses de la partie
précédente : dans le premier cas, la croissance de l'encours
bancaire est en effet très nette alors que dans le second, des
décroissances locales de celui-ci d'un mois sur l'autre (pouvant
être à l'origine d'insuffisance de trésorerie) sont bien
plus probables.
Nous nous posons donc ici la question du choix de la
proportion optimale26 y" d'allocation
entre les deux supports pour une banque donnée.
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