II.2.2. Mourabaha et la couverture du risque de taux
de rendement
Dans un contrat de Mourabaha, la banque et son
client sont soumises au risque de taux de rendement car une dette ne peut pas
être augmentée après la conclusion de la vente et il n'y a
pas de possibilités de vente différée (Bai Ajil)
avec des versements variables.
Concernant la gestion du risque de contrepartie, le
modèle de titrisation des actifs est encore proposé. Il faut
noter que la titrisation n'élimine que partiellement le risque de taux
de rendement.
Il n'y a pas encore de solution spécifique pour
couvrir le risque de taux de rendement qu'on note dans le contrat à
vente différée comme la Mourabaha.
II.2.3. Mourabaha et le risque d'inflation (risque de
taux d'intérêt)
Les banques islamiques utilisent de manière
fréquente les contrats à deux étapes pour se couvrir du
risque de taux d'intérêt ou de référence sur le
contrat Mourabaha.
· Contrat Mourabaha à deux
étapes
Dans un contrat à deux étapes, la banque joue le
rôle de garant des fonds octroyés aux différents agents
déficitaires. Sachant que dans un contrat à deux étapes
l'offre de garantie ne relève pas des activités commerciales,
celle-ci peut être offerte par la participation de la banque islamique
dans le processus de financement en tant qu'acheteur.
Dans les contrats Mourabaha consacrés
actuellement, la banque paie le fournisseur au lieu et place du client. Dans un
contrat à deux étapes, la banque aura à signer deux
contrats Mourabaha, l'un en tant que fournisseur vis-à-vis du
client, et l'autre en tant qu'acheteur vis-à-vis du fournisseur (voir
figure 9). La banque n'aura donc pas à faire de paiement immédiat
au fournisseur. Le contrat Mourabaha à deux étapes aura
un certain nombre d'implications sur les banques.
L'importance de ces contrats est qu'ils peuvent servir comme
source de fonds et renforcent les ressources gérées par les
banques. Cela permet aussi de renforcer la solvabilité immédiate
des banques islamiques.
L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
DIOP Moussa 65
Figure 9
Contrats à deux étapes
Client
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Banque
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Fournisseur
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Contrat Mourabaha : client-banque Contrat Mourabaha
: banque-fournisseur
Source : BID, 2002.
Le concept de contrats à deux étapes n'est pas
limité à la Mourabaha. Il peut être étendu
à l'Istisna, au leasing et au Salam.
II.2.3. Mourabaha et les risques de prix de
marchandises et des actions
Selon la BID (2002), les fluctuations des prix des
marchandises et des actions ne posent pas un problème sérieux aux
gestionnaires des banques. . Il y a cependant quelques considérations
liées à la conceptualisation de ces risques,
particulièrement les risques des prix des marchandises dans les banques
islamiques.
Par exemple en ce qui concerne le contrat Mourabaha,
il est nécessaire de distinguer le risque de prix lié à ce
dernier et celui lié au prix des marchandises. En d'autres termes de
séparer le risque de prix lié à la marge de profit et le
risque lié au prix de la marchandise. C'est ainsi que la BID estime de
traiter le risque de prix de marchandises de la même manière que
le risque de taux d'intérêt (ou de référence) sur le
produit Mourabaha.
Pour couvrir le risque de prix de marchandises, les contrats
parallèles entre Mourabaha et Salam sont
proposés. Ces derniers permettent d'atténuer les risques de prix
sous-jacents à ces transactions et de réduire les effets pervers
de l'inflation.
Exemple de contrat parallèle entre Mourabaha
et Salam
Supposons la Banque Islamique du Sénégal ait
vendu des actifs valant 100 FCFA selon la formule Mourabaha sur une
période de 6 mois. Elle peut se prémunir contre le
phénomène de l'inflation en achetant pour une valeur de 100 FCFA
selon la formule Salam.
Supposons que l'inflation provoque une
dépréciation de 10% des actifs vendus, les biens
contractés dans le cadre du Salam sont revalorisés de la
même proportion.
Mieux encore, concernant le contrat Salam, la
couverture contre les risques de dépréciation peut se faire par
la BIS en adoptant un contrat Salam parallèle en tant que
fournisseur. La figure suivante explique cette possibilité.
FIGURE 10
Gestion des créances pour se prémunir
contre l'inflation
Valeur des ventes à règlement
différé
(Mourabaha) :100 FCFA
|
Valeur des achats à livraison
différée (Salam) :100 FCFA
|
Créances totales non-ajustées à
l'inflation 200 FCFA
L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
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Valeurs des créances ajustées à l'inflation
Valeurs des créances ajustées à l'inflation
90 FCFA 110 FCFA
Valeur totale des créances ajustées
à l'inflation 200 FCFA
Observations finales
En définitive, le contrat Mourabaha est plus
apte aux techniques de gestion des risques que la Moucharaka.
Cependant sa gestion par rapport aux risques serait plus meilleure s'il
n'y avait des divergences sur le statut juridique de la Mourabaha par
les différents comités de Gharia. Donc le produit
Mourabaha manque d'uniformité. D'où la nécessité de
créer un comité de Charia suprême qui regroupe tous les
comités de Charia des banques islamiques et va statuer sur les produits
financiers islamiques. C'est un contrat qui est facile a utiliser mais
très rigide c'est pourquoi les banques islamiques recourent souvent
à la location-vente (le Salam) qui est une autre forme de
contrat à règlement différé.
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gestion des risques : Moucharaka et Mourabaha
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