L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
DIOP Moussa 60
I.2.4. Moucharaka et le financement à
l'importation
La Moucharaka est souvent utilisée pour le
financement des importations. Souvent la banque islamique est en partenariat
contractuel avec le client.
Prenons l'exemple d'une industrie automobile
sénégalaise qui importe chaque mois d'une valeur de 3 000 000
FCFA de pièces détachés de marque Toyota. Elle dispose
généralement de 800 000 FCFA pour s'approvisionner et a besoin
d'un crédit pour le reste. Elle s'adresse à la BIS et conclut un
contrat de Moucharaka. La BIS apporte à l'entreprise des
liquidités et des services pour une valeur de 3 000 000 FCFA (les
services peuvent inclure une lettre de crédit et des devises
étrangères, des yens japonais) et l'entreprise apporte les 800
000 FCFA en espèces ainsi que ses compétences car c'est elle qui
est chargée de la gestion et de la commande des pièces.
Maintenant lorsque la marchandise arrive au Sénégal, l'entreprise
peut choisir de l'acheter comptant ou à terme au partenariat, ou elle
peut être désignée mandataire du partenaire pour vendre les
pièces détachées sur le marché.
Achète les pièces détachées par
le biais du partenariat ou agit en tant que mandataire du partenariat pour
vendre aux clients
BIS
Industrie automobile
Partenariat contractuel
Pièces détachées importées
S'approvisionne en marchandises
Profits ou pertes
Apport des services
Profits ou pertes
Figure 8: Financement de Moucharaka
à l'importation
L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
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Nous constatons que la BIS va confier l'achat des
pièces détachées et la gestion à l'entreprise
partenaire et se contente seulement de régler les services qui
accompagnent le partenariat. Cependant elle a le droit de participer à
la gestion du contrat. La répartition des bénéfices
garantit l'industrie automobile de rendements importants. Elle reçoit
une part fixe représentant sa gestion du projet et une autre part
provenant sur les termes du contrat. La répartition des
bénéfices permet aussi à la BIS de se dédommager
des services fournis qui sont associés aux contrats à
l'exportation dans les limites de la Gharia, à savoir le
coût de la lettre de crédit et des devises. Il faut noter qu'avec
l'utilisation de ce type de produit la BIS pourra augmenter son activité
bancaire et avoir un rapprochement avec les PME et PMI59.
Observations finales
En définitive pour atténuer les risques sur le
produit Moucharaka, c'est de concevoir les banques islamiques comme
d'abord des banques universelles. De ce fait elles auront la possibilité
d'octroyer des crédits mais aussi de participer au capital. Comme la
Moucharaka est un contrat de partenariat, la législation locale
peut, dans certains cas, entraver la bonne marche du partenariat. La forte
sélection adverse s'explique par la faible potentialité des
partenaires ou bien par des clients douteux. Ceci entraine les banques
islamiques à prendre des mesures précautionnaires plus strictes
et vont davantage s'orienter vers les financements à caractère
commercial comme la Mourabaha que nous allons voir dans le prochain
sous chapitre. Nous avons constaté que l'utilisation des modèles
quantitatifs comme la RAROC constituent une bonne approche pour réduire
le risque de crédit et de capital sur les produits financiers
islamiques. Une approche qui doit être davantage utilisée par les
banques islamiques comme la BIS pour une meilleure gestion de portefeuille.
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