Les risques de perte sur les financements participatifs
peuvent être couverts par une partie tierce. Cette dernière peut
être une compagnie d'assurance islamique (Takaful.)
Exemple sur le contrat Moucharaka
· L'investisseur fourni le capital à la
société dont il devient actionnaire.
· L'investisseur vend sa participation en partie ou en
totalité à une partie tierce à un prix
différé égal au montant de capital vendu.
Ainsi la vente différée protège
partiellement l'investissement (Bai Ajil) alors que
la partie restante permet à l'investisseur de participer aux profits
futurs de la société. La partie tierce (par exemple Compagnie
d'assurance islamique ou Takaful) jouit de la participation sans
avancer de règlement et avec une faible majoration (par rapport au prix
réel). Il n'y a pas de transformation du capital en dette et la tierce
partie reste en Moucharaka.
Cette approche reflète le principe du partenariat de
la Charia qui permet aux partenaires de ne pas gérer eux-mêmes la
Moucharaka s'ils ne le souhaitent pas.
58 ORY, 2002.
L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
DIOP Moussa 58
- La perte moyenne ou les pertes
prévisibles
Comme les institutions financières conventionnelles,
les IFI évaluent la perte potentielle en cas de défaut. C'est la
perte moyenne annuelle constatée au cours des années sur un
portefeuille.
Les paramètres utilisés sont la
probabilité de défaut (Probability Default Frequency), la perte
en cas de défaut (Loss Given Default), le montant à risque au
moment du défaut (Exposure At Default).
De façon plus générale, la perte moyenne se
calcule par la relation ci-dessous :
Pertes prévisibles = probabilité de
défaut (EDF) x (encours - garanties) à la date du défaut x
(taux de perte sur les actifs non garantis (LGD))
La probabilité de défaut est estimée
grâce à le Scoring (notation interne). Dans les
années à venir, les IFI devront être en mesure de se
rapprocher des exigences de Bâle II afin d'améliorer davantage la
gestion du risque de crédit.
- Les Fonds Propres économiques ou
Capital Economique
Ils se définissent comme les fonds propres
nécessaires à une banque pour absorber les pertes sur un horizon
temporel donné pour un seuil de confiance prédéfinie
(99,97 %). Lorsqu'on parle de C.E, on fait allusion aux provisions
économiques qui servent à évaluer les pertes
imprévisibles. Pour évaluer les fonds propres économiques,
il faut d'abord calculer la perte totale ou maximale diminuée de la
perte attendue
Capital Economique = Perte totale - Perte attendue (ou
moyenne)
- La Perte Totale
La perte totale correspond à la perte maximale de
l'opération. Pour parvenir à évaluer cette perte maximale,
la banque mêlera les approches historiques (bases de données
internes), et paramétriques (identification de la loi de distribution
des pertes), et utilisera au besoin un modèle aléatoire par
exemple la Simulation de Monte Carlo. Cette dernière est utilisée
fréquemment par les banques dans la modélisation de gestion de
portefeuille car elle permet de contourner les problèmes de
modélisation des lois de probabilité (loi normale, log normale ou
loi béta).
- L'existence d'un RAROC minimale
La banque doit définir un RAROC minimale (k)
laissé à l'appréciation des dirigeants ou des
actionnaires.
L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
DIOP Moussa 59
Ce RAROC minimal permet de savoir si l'opération est
suffisamment créatrice de valeur, compte tenu du risque qui la
caractérise, et de l'exigence de rentabilité des actionnaires.
Envisagée pour une opération
particulière, la rentabilité ajustée par le risque est
acceptable si la marge nette (M : margin) de laquelle on a retiré la
perte attendue (EL) permet de satisfaire le taux de rentabilité (k)
exigé sur les fonds propres économiques (FPE) affectés
à l'opération, c'est-à-dire si : M - EL = k. FPE.
Si l'opération envisagée laisse apparaître
un RAROC inférieur au RAROC minimal retenu, plusieurs
possibilités s'offrent à la cellule commerciale de la banque :
refuser l'opération essayer d'augmenter la marge nette (en augmentant la
tarification du crédit) ou essayer de faire diminuer la « perte
moyenne » attendue (en augmentant les garanties prises, les
collatéraux...)
Exemple sur le RAROC
Une banque islamique considère un projet de
d'investissement à base de Moucharaka.
Le risque principal est le risque opérationnel. Elle estime la
perte attendue (ou moyenne) à 1 an à ce risque est de 2 millions
FCFA et que la perte à 99,97 % dans le scénario le plus
pessimiste s'élève à 40 millions FCFA. Les commissions
attendues de gestion des fonds sont de 12 millions FCFA par an et les
coûts de gestion des fonds devraient s'établir à 5 FCFA par
an.
Estimons le RAROC
Perte Totale = Perte moyenne + Perte imprévisibles ou
Capital économique
Capital économique = 40 - 2 = 38 => C.E = 38
millions FCFA
Produit Net Bancaire = Ressources - Coûts = 12 - 5 = 7
millions FCFA
PNB - PM 7 - 2
RAROC = = = 13,2 %
CE 38
Un RAROC de 13,2 % veut dire que le portefeuille de
Moucharaka a un taux de rendement anticipé sur le capital
propre de 13,5 %. Ainsi plus le RAROC est élevé plus le rendement
anticipé sur le capital l'est.
Il faut noter que le RAROC peut être utilisé sur
les autres produits islamiques comme la Moudaraba, Mourabaha, le
Salam, l'Istisna...