L'Analyse des produits financiers islamiques et la
gestion des risques : Moucharaka et Mourabaha
DIOP Moussa 55
CHAPITRE 3 : GESTION DES RISQUES POUR LES PRODUITS
MOUCHARAKA
ET MOURABAHA
Les modes de financement islamique proposés
présentent beaucoup de limites dans leur exécution, d'où
le souci de faire l'inventaire des risques financiers islamiques. Le fait que
ces produits sont soumis à la Gharia et aussi leur
spécificité fait qu'ils sont très risqués et leur
application nécessite beaucoup de normes de la part des banques
islamiques.
Les organismes et les institutions financières
islamiques, vu l'ampleur de la tache, n'ont cessé de développer
des normes et des techniques de gestion pour être en conformités
avec les normes de Bâle II sur la gestion des risques. Parmi les produits
financiers islamiques, sont présentés comme les plus
utilisés les produits Moucharaka et Mourabaha.
Cependant ils ne présentent pas le même degré de risque. Le
produit Moucharaka est perçu par les banques islamiques comme
le produit le plus risqué tandis que la Mourabaha
57est le produit le moins risqué. Parceque la
Moucharaka est un produit spécifique à la finance
islamique et qui nécessite des normes spécifiques pour sa gestion
de la part des IFI et la Mourabaha est souvent assimilée
à la vente de crédit classique donc les normes internationales de
gestion de risque peuvent s'appliquer sur ce produit tout en respectant les
principes islamiques.
Donc nous verrons d'abord dans ce chapitre les risques
liés aux produits Moucharaka et Mourabaha ensuite nous
ferons une étude de gestion de risque pour chacun des deux produits.
I. LA GESTION DES RISQUES LIES AU CONTRAT DE
MOUCHARAKA I.1. Les risques liés à la Moucharaka
Les spécialistes en matière de financement
considèrent que l'utilisation du mode de financement Moucharaka
par les banques est préférable aux autres financements
à rémunération fixe comme la Mourabaha,
l'Ijara ou l'Istisna... Cependant, dans la pratique,
l'usage de ce mode de financement reste minime (17 % de l'activité
bancaire islamique). Cela est essentiellement dû au fort taux de risque
de crédit lié au mode de financement Moucharaka.
Le risque de crédit lié au financement
Moucharaka s'apparente à la notion de non
récupération des fonds avancés en volume et en temps
opportuns. Ce risque est élevé en raison de plusieurs sources.
57 Une étude faite par l'Institut Islamique de
Recherche et de formation (IIRF, 2002).
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Nous pouvons citer :
- l'absence de garanties ;
- un fort taux d'aléa de moralité et de
sélection adverse ;
- un manque de personnel qualifié au niveau des banques
en matière d'évaluation technique des projets.
- un cadre institutionnel (traitement fiscal, les
systèmes de comptabilité et d'audit et les textes
règlementaires) qui n'est pas approprié et qui pose
d'énormes problèmes à l'application du contrat de
Moucharaka.
A coté de ce risque de crédit le produit
Moucharaka subit le risque action c'est-à-dire les actifs
détenus en actions par l'investisseur peuvent se
déprécier. Dans le contrat Moucharaka toutes les parties
participent au capital et donc aux pertes éventuelles. Pour le
diminiching-Moucharaka, l'une des parties s'engage à racheter
tout le capital en actions à un prix prédéterminé.
Celle-ci s'expose au risque maximum alors que les autres parties ne subissent
pas de pertes (vente à terme). Toujours dans le contrat Moucharaka,
il y a le risque sur le capital si le contrat subit de pertes
financières, c'est ainsi que le RAROC est utilisé pour
déterminer le capital assigné aux instruments financiers.
I.2. Gestion de risques pour la Moucharaka
Les structures de Moucharaka sont des montages
financiers qui se rapprochent plus de la prise de participation que de
l'endettement. Ainsi en cas d'échec de la transaction les risques ne
sont les même qu'avec on prêt conventionnel et la banque peut
perdre sur le capital investi.
I.2.1. Couverture du Capital risque
Le produit Moucharaka présente un fort risque
de pertes financières. Pour réduire ce risque, le
spécialiste Mouhamed Ali M'rad (2011, p.94) propose des alternatives
:
· Combinaison du contrat initial avec une vente
différée
· Au lieu de fournir le capital en numéraire
à la société, l'investisseur vend une partie de sa
participation à un prix différé donné
· L'investisseur couvre partiellement son risque
financier tout en gardant une participation aux gains de la
société
· Possibilité de vendre l'usufruit et/ou la
nue-propriété
Des alternatives qui cherchent plus à protéger
l'investisseur à l'occurrence la banque islamique qui est plus
exposée dans les contrats de participation.
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A cause de sa forme tripartite, la banque gère plus de
risques, risque liés au fournisseur et au client. C'est ainsi que la
banque islamique a la possibilité de combiner le contrat initial
Moucharaka avec un contrat Mourabaha ou vente
différée pour se couvrir des risques de pertes
financières.
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