c. Les domaines spécifiques dans lesquels sont
engagées ces actions ou ces stratégies :
Carroll propose six domaines d'intervention : le
consumérisme, l'environnement, la discrimination, la
sécurité des produits, la sécurité du travail, les
actionnaires. Ces domaines peuvent être différents d'un
secteur de l'économie à l'autre (une banque, par exemple, ne sera
pas soumise aux mêmes pressions environnementales qu'une entreprise
industrielle) et peuvent changer dans le temps. L'évaluation
réalisée par Vigeo pour la Caisse d'Épargne, par exemple,
retient les domaines suivants : la gouvernance, les ressources humaines, les
droits de l'homme, la communauté et la société, la
relations avec les clients et les fournisseurs et l'environnement).
Aux entreprises, Carroll propose un outil opérationnel
leur permettant de mieux conduire leurs actions sociétales (en
réinsérant notamment leurs responsabilités éthiques
et discrétionnaires dans un cadre économique et légal) et
d'évaluer leur performance globale.
La synthèse proposée par
Wood
A partir de la définition de la notion de CSP
proposée par Wartick et Cochrane (1985), Wood (1991, p. 693) propose une
autre définition de cette notion : c'est « une configuration de
principes de responsabilité sociétale, de processus de social
responsiveness, et de politiques, programmes et résultats observables en
tant qu'ils se réfèrent aux relations sociétales de
l'entreprise ».
Wood définit alors trois niveaux d'approche des quatre
catégories de responsabilités de Carroll :
a) Le niveau institutionnel qui repose sur le principe
de légitimité : la société
délègue à l'entreprise le pouvoir de "faire du business",
à condition de respecter les normes légales et éthiques
existantes et de résoudre les problèmes que son activité a
créés directement (responsabilité "primaire") et
indirectement (responsabilité "secondaire"). Ce principe de
légitimité est appuyé par l'idée de stake holders
(Freeman, 1984), comme le soulignent Ballet et De Bry (2001, p. 194) : «
l'organisation est située en interrelation non seulement avec les
clients, les fournisseurs, les employés, les détenteurs de
capitaux, mais également avec toute personne, tout groupe de personnes
ou toute institution qui peuvent être affectés par l'organisation
de l'entreprise et sa production ».
b) Le niveau organisationnel qui repose sur le principe
de la responsabilité publique : l'entreprise est responsable,
directement et indirectement des conséquences de son activité
dans les domaines où elle intervient. Mais sa responsabilité
n'est pas infinie : un constructeur automobile pourra, par exemple, être
tenu pour responsable d'un accident provoqué par une défaillance
mécanique de son véhicule, mais en aucun cas de la mauvaise
conduite du conducteur ou de l'illettrisme dans le pays.
c) Le niveau individuel qui repose sur la
volonté managériale : l'entreprise est composée
d'acteurs qui prennent constamment des décisions dont ils doivent
assumer personnellement la responsabilité économique,
légale et éthique.
En croisant les quatre catégories de
responsabilité de Carroll (1979) et les trois niveaux d'approche, Wood
construit une nouvelle grille de lecture plus opérationnelle.
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