Si, au cours de deux
dernières décennies, les recherches sur les comportements des
entreprises à l'égard du développement durable ou leur
responsabilité sociale se sont multipliées, elles ont toutefois
été principalement menées auprès des grandes
entreprises (Thompson et Smith, 1991). Or, les PME, même si elles ne
représentent pas une entité homogène, sont dans une
réalité commune différente de celles de leurs homologues
plus importants (Jenkins, 2004). Les entrepreneurs font
généralement preuve de conscience sociale, en partie du fait de
leur ancrage dans leur environnement immédiat, ce qui promeut un
comportement responsable (Spence, 2004 ; Longo, Mura et Bonoli, 2005), et
en partie de par les valeurs personnelles du dirigeant (Jenkins, 2009 ;
Paradas, 2007 ; Spence, Ben Boubaker Gherib et Ondoua Biwolé,
2007).
Ainsi, les PME ont un impact direct considérable sur
leur communauté, ce qui n'est pas toujours reconnu en termes de
« responsabilité » en tant que telle. Il est aussi
reconnu qu'un grand nombre de PME est engagées dans le
développement durable sans le savoir (Longo, et al., 2005). En
effet, en dépit d'un ancrage territorial fort, leurs actions envers la
communauté locale ne sont pas toujours systématique ni comprises
dans leur processus stratégique, et ont peu de visibilité
à l'extérieur de l'entreprise. En conséquence,
l'engagement des PME dans le développement durable est difficile
à apprécier et à identifier pour leur permettre
d'accroître leur compétitivité (Perrini, Pogutz et
Tencati, 2006). Cela est d'autant plus vrai pour les PME des pays en
développement, où l'engagement social de l'entreprise fait partie
de la culture, mais n'est pas nécessairement intégré dans
les activités principales (Jamali, Zanhour et Keshishian,
2009b).
Des études récentes montrent cependant qu'une
vision moderne de la responsabilité sociale des PME (c'est-à-dire
considérer la responsabilité de la firme comme allant
au-delà de l'aspect économique uniquement) commence à se
propager dans des pays en développement comme le Liban, la Syrie, la
Jordanie et le Bangladesh (Jamali, Sidani et El-Asmar, 2009a). Cela
est souvent perçu comme un discours réactif « pour
diriger l'attention sur des valeurs et des notions qui sont
intégrées à leur pratique depuis longtemps »
(Jamali, et al., 2009b : 365).
En conséquence, devant les pressions sociétales
actuelles, des exigences environnementales et sociales plus formelles peuvent
être attendues de la part des PME. Néanmoins, même si une
volonté de changement exige un fossé entre les aspirations et les
comportements des entrepreneurs (Tilley, 1999). La mise en place d'une
vision durable comporte en effet de nombreux obstacles : connaissances
limitées du concept, barrières économiques et humaines,
marché incertain, infrastructures institutionnelles inadéquates,
manque de soutien (Biondi, Iraldi et Meredith, 2002 ;
Canadian Business for Social Responsability [CSBR], 2002 ;
Departement of Trade and Industry, 2002). Pour contrer ces obstacles,
Biondi, Iraldi et Meredith (2002) suggèrent un encastrement
dans des réseaux dans un esprit de coopération de façon
à favoriser les échanges d'informations, la synergie et la
réduction de coûts. Dans les pays en développement, outre
l'aspect culturel des réseaux, ces derniers procurent une couverture
sociale qui se substitue à la faiblesse des institutions publiques
(Amaeshi, et al., 2006 ; Jamali et Mirshak, 2007).
Certaines PME, souvent dirigées par un entrepreneur
visionnaire, considèrent ces barrières comme se situant davantage
sur le plan perceptuel que réel (Longo, et al., 2005). Des tels
individus ont le potentiel de considérer les défis du
développement durable comme des occasions d'affaires et de créer
des entreprises innovantes (Larson, 2000). C'est en effet parmi les
entreprises innovantes que se trouvent les entreprises les plus engagées
dans le développement durable (Commission Européenne,
2002).
Pour Jenkins (2009), la mise en place d'une
stratégie responsable menant au développement d'un avantage
concurrentiel pour une PME nécessite, en plus d'une orientation
innovante, un agent de changement qui va piloter le projet, des réseaux
internes et externes pour le porter et le dynamiser, et une certaine
adaptabilité pour prendre avantage de nouveaux créneaux
incorporant des valeurs sociales et environnementales. De là,
l'importance du milieu pour assurer la prospérité des PME et leur
permettre d'intégrer les principes de développement durable.
Dans le chapitre suivant, nous aborderons les points sur les
PME de la cité de Mbanza-Ngungu.
|
|