La coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée à l'épreuve de la criminalité transfrontalière. Etat des lieux et esquisse de solution( Télécharger le fichier original )par Vernuy Eric SUYRU Université de Yaoundé II Cameroun - Master en relations internationales, option intégration régionale et management des institutions communautaires 2011 |
Paragraphe II : La mobilisation de l'appui technico-financier de la communauté internationale : gage d'efficacitéLa mobilisation de l'appui technico-financier de la communauté internationale nous semble être le support indéniable à la sécurisation effective du Golfe de Guinée. Car, elle permettrait de mettre à la disposition des structures opérationnelles de prévention et de lutte contre toutes les formes de criminalité qui prolifèrent dans la région, des moyens technologiques de pointe tout en mettant à leur disposition l'expertise technique246(*) et les ressources financières conséquentes. Pour ce faire, il faudrait que la communauté internationale, sous l'égide de l'ONU, des Etats-Unis et de la France, multiplient les exercices d'entrainement et de perfectionnement aux techniques de combat et d'intervention aérospatiales, navales et terrestres à l'endroit des forces opérationnelles du golfe de Guinée. Ces exercices devraient intégrer les troupes de tous les Etats du golfe de Guinée, sans conditionnalités liées au respect ou non des règles de démocratie, de bonne gouvernance ou encore des droits de l'Homme247(*). Car, l'objectif ici est de doter les Etats de capacités techniques opérationnelles leur permettant de participer à la pleine sécurisation efficace de cet espace. Or, l'exclusion de certains Etats de ces exercices pourrait servir de terreau fertile aux criminels qui pourraient aller y constituer leurs bases arrière, du fait de leurs faiblesses. Dès lors, on devrait inéluctablement s'acheminer vers un partage de rôles entre les Etats-Unis, la France et l'ONU. « Les premiers s'occuperaient de la sécurité maritime tandis que l'assistance de la seconde prendrait la forme d'un soutien militaire logistique aérien et terrestre. »248(*) Tandis que l'ONU, à travers l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) en partenariat avec Interpol249(*), devraient fournir conseil et assistance pour le suivi des flux financiers aux Etats du golfe de Guinée dans le cadre des enquêtes sur les organisations de pirates, de bandes criminelles et sur le trafic des hydrocarbures. Cette répartition des rôles devrait être coordonnée par une structure opérationnelle spécialisée, la CGG réformée250(*) à l'occurrence, pour leur donner une cohérence et un sens. Quant à l'appui financier, la communauté internationale devra proportionner son assistance aux capacités d'absorption de la future structure opérationnelle de prévention et de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée et aligner cet appui sur les priorités de paix et de sécurité adoptée dans la vision stratégique de sécurité collective de la région du golfe de Guinée. Pour ce faire, il convient de créer un fonds international, alimenté par les centimes additionnels prélevés sur les bénéfices des compagnies multinationales qui exploitent les richesses naturelles de la région ainsi que par les dotations annuelles des grandes puissances et autres partenaires multilatéraux, pour le financement des besoins de sécurisation du golfe de Guinée. En fin de compte, la sécurisation effective et efficace du golfe de Guinée nécessite la conjugaison d'un certain nombre de réformes de dimension régionale appuyées par un soutien international coordonné. Ces actions devraient aboutir à la mutualisation des forces, des moyens et des ressources disponibles, afin de conférer une effectivité et une efficacité à la coopération sécuritaire déployée dans le cadre de la prévention et la lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée. * 246Les Etats et les donateurs doivent identifier ensemble les besoins en matière de renforcement des capacités et répartir les taches en fonction de la volonté et des domaines d'expertise des bailleurs. * 247 L'opération OBANGAME qui s'est déroulée en Mars 2011 a permis la formation sur les techniques de communication maritimes des personnels du Cameroun, du Gabon, du Nigéria et de Sao-Tomé et Principe. La Guinée-Equatoriale n'a pas été invitée à y participer par les Etats-Unis à cause des allégations sur ses violations des droits de l'Homme. * 248 International Crisis Group, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité : l'Afrique centrale (I), op.cit., p.21 * 249 Interpol, à travers sa Maritime Piracy Task Force qui travaille déjà à la collecte de preuves, à l'échange de données et au renforcement des capacités afin de traduire les pirates somaliens devant les tribunaux, devrait étendre ses opérations dans le golfe de Guinée. * 250 Elle rendrait en effet les efforts de la communauté internationale complémentaires en direction des Etats membres, pour éviter les doubles emplois et les offres concurrentes de matériel et de formation. |
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