La coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée à l'épreuve de la criminalité transfrontalière. Etat des lieux et esquisse de solution( Télécharger le fichier original )par Vernuy Eric SUYRU Université de Yaoundé II Cameroun - Master en relations internationales, option intégration régionale et management des institutions communautaires 2011 |
B. Mutualiser et coordonner les ressourcesResponsabiliser les Etats de la région dans la prise en charge de leur propre destin sécuritaire revient aussi, outre l'adoption d'une vision stratégique commune autonome, à mutualiser let à coordonner les ressources en faible disponibilité. Pour ce qui concerne la mutualisation des ressources, il s'agit particulièrement de rendre opérationnel et d'élargir le champ des compétences du Centre de coordination régionale pour la sécurité maritime de l'Afrique centrale (CRESMAC) dont le rôle est de mettre en commun les compétences militaires et civiles des Etats de la CEEAC. La stratégie de la CEEAC vise notamment six objectifs : échange et gestion de l'information ; surveillance commune de l'espace maritime ; harmonisation des actions en mer ; institution d'une taxe maritime régionale ; acquisition d'équipements communs et institutionnalisation d'une conférence maritime régionale. Le CRESMAC a été implanté à Pointe-Noire en République du Congo et son financement doit provenir d'une taxe maritime régionale dont les modalités sont encore à définir ainsi que les contributions budgétaires des Etats membres201(*). A terme, ce centre doit s'accompagner de la création d'une école régionale de sécurité maritime et terrestre afin d'améliorer et de mettre en commun la connaissance et la surveillance des espaces transfrontaliers terrestres et maritimes dans le golfe de Guinée. En sus, en synergie avec le CRESMAC, cette école pourrait également accueillir des ressortissants de tous les pays du golfe de Guinée afin d'optimiser les effets bénéfiques de la mutualisation des ressources. De même, « afin d'améliorer la surveillance et la diffusion rapide et efficace de l'information, les Etats de la CEEAC et de la Cedeao devraient envisager sérieusement la conversion du centre d'échange d'informations sur le commerce maritime (MTISC), en voie d'être établi au Ghana, en centre interrégional de partage d'information. Le MTISC utilise un mode de collecte d'information en provenance des Etats et de l'industrie qui a fait ses preuves au large de la Somalie.»202(*) Pour ce qui concerne la coordination des ressources intergouvernementales, il convient de relever que celle-ci devrait s'objectiver dans les efforts sécuritaires pour des zones transfrontalières spéciales. A cet effet, la constitution ou encore la redynamisation des commissions bilatérales de sécurité aux frontières à l'oeuvre en Afrique de l'ouest et centrale participe de cette volonté de coordination desdites ressources. Dans ce sens, les engagements pris en Juillet 2011 dans le cadre de la commission mixte Cameroun-Nigéria constituent des étapes importantes qui doivent désormais se concrétiser. En effet, les deux pays ont convenu de régler définitivement la question de leur frontière terrestre et maritime et de renforcer leur coopération contre les groupes armés et les réseaux criminels. Seules la mutualisation et la coordination des ressources en conformité avec la vision stratégique globale préalablement définie peuvent participer à la responsabilisation des Etats du golfe de Guinée en les rendant maitres et acteurs de leur propre sécurité. Toutefois, certes l'édification d'un système de sécurité collective autonome dans le golfe de Guinée passe par la responsabilisation de chaque Etat de la région dans la gestion de son destin sécuritaire, mais ce système ne pourrait avoir de pertinence et de consistance que s'il existe un leadership militaro-sécuritaire capable de le rendre viable. * 201 International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.22 * 202 Idem, p.32 |
|