Le système de santé au Cameroun a une
organisation très structurée. Nous présenterons ce
système, ainsi que les différents organes qui y interviennent.
1.1.1.1. Organisation générale du
système de sante au Cameroun
Nous présenterons de manière brève, le
système de santé du Cameroun ainsi que les acteurs qui y
interviennent.
a. Présentation du système de
santé
L'organe chargé de garantir la santé des
populations au Cameroun est le Ministère de la Santé Publique. Il
est chargé de la conception et de la mise en oeuvre de la politique de
santé. Pour ce faire, il élabore des stratégies de mise en
oeuvre de la politique de santé; assure l'organisation, le
développement et le contrôle technique de ses services et
formations sanitaires publics et privés; contrôle l'exercice des
professions de médecin, chirurgien dentiste, pharmacien, d'infirmier, et
autres professions support; assure la tutelle des organismes de santé
publique, veille au respect de la carte sanitaire et de sa mise à
jour.
Le Ministère est aussi responsable de la gestion des
services et formations sanitaires publics; de l'amélioration du
système national de santé à travers le
développement des soins promotionnels préventifs, curatifs, de la
protection et de l'amélioration des infrastructures et
équipements de santé.
Ce Ministère qui a la charge de tout le système
de santé du pays, dispose pour accomplir ses missions d'un ensemble de
structures12 :
12 Selon l'organigramme du Ministère de la
santé publique au Cameroun.
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· Une administration centrale
Elle est constituée des services internes au
Ministère, et communs à tous les Ministères du
gouvernement.
· Des services extérieurs Ils
comprennent:
- Les délégations régionales de la
santé publique, qui couvrent les limites territoriales de la
région, et sont chargées de l'information, de la coordination
technique, de la synthèse et de gestion administrative de l'ensemble du
personnel et des structures de ladite région;
- Le district de santé assure des prestations
accessibles à tous avec la pleine participation des
bénéficiaires, son action peut s'étendre aux unités
administratives limitrophes à sa zone.
· Des formations sanitaires
Les formations sanitaires publiques sont classées en
plusieurs catégories :
- Les hôpitaux de 1ère
catégorie ou de 4ème référence (HG) : ce
sont les hôpitaux généraux, établissements publics
administratifs dotés de la personnalité juridique et jouissant de
l'autonomie financière;
- Les hôpitaux de 2ème
catégorie ou de 3ème référence:
appelés hôpitaux centraux (HC), ils ne relèvent pas de
l'autorité directe du ministère de la santé publique, et
comme les précédents, sont régis par les textes
particuliers;
Ensuite, viennent les autres formations sanitaires publiques
qui sont placées sous l'autorité directe du Ministère de
la Santé Publique, elles sont reparties ainsi :
- Les hôpitaux régionaux et assimilés
(HR/HRA) qui sont de la 3ème catégorie et de
2ème
référence;
- Les hôpitaux de district (HD), hôpitaux de
4ème catégorie ou de 1ère
référence;
- Les centres médicaux d'arrondissement (CMA) qui sont de
la 5ème catégorie;
- Les centres de santé intégrés (CSI) ;
- Les centres de soins ambulatoires (CSA).
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s Des comités techniques
spécialisés.
Ils sont chargés de l'exécution des programmes
et projets relevant du domaine de la santé publique.
Notre recherche, sera effectuée au sein des
hôpitaux publics de 1ère et 2ème
catégorie, ainsi que dans une moindre mesure, ceux de
3ème catégorie.
b. Les intervenants dans le secteur de la
santé
La mise en oeuvre de la politique nationale de santé
interpelle différents acteurs dont l'Etat, les ménages, les
partenaires extérieurs et le secteur privé y compris les
organisations non gouvernementales:
s L'Etat
Il est le régulateur, le coordonnateur, le pourvoyeur
de ressources, le producteur de soins, d'appui et de relais. Il met en place
des stratégies sectorielles, permettant le développement du
système sanitaire au Cameroun.
s Les ménages
Ils sont les premiers bénéficiaires des
stratégies, de par leur contrepartie financière à
l'accessibilité aux soins, ils contribuent à la gestion des
hôpitaux publics.
s Le secteur privé
Il occupe une place très importante dans l'offre
sanitaire, même si contrairement au secteur public, son offre est
à majorité à un but lucratif (seulement 17% du secteur
privé est à but non lucratif).
s Les partenaires extérieurs
Plusieurs partenaires internationaux interviennent dans le
secteur sanitaire, en appui au gouvernement, surtout dans les zones moins
développées, à travers notamment la mise en oeuvre des
programmes prioritaires. A ce titre, nous pouvons citer notamment l'UNICEF,
l'OMS, la Banque Mondiale, l'ONUSIDA.
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1.1.1.2. Les caractéristiques de l'offre
sanitaire
L'offre sanitaire au Cameroun est sous la
responsabilité du Ministère de la Santé Publique, qui met
en place les stratégies de déploiement du système
sanitaire, et pour cela, il doit élaborer une politique sanitaire et la
mettre en action.
a. Historique du système sanitaire au
Cameroun
La politique sanitaire au Cameroun a été mise
en place il y a plusieurs décennies, en effet, elle commence avec la
période coloniale, avec la stratégie de Eugène Jamot.
Celui-ci initie l'exercice de la médecine mobile dans le Cameroun
oriental, puis, la gratuité des soins médicaux aux
administrateurs coloniaux, militaires, religieux et à quelques
colonisés privilégiés. Apres la 1ère
guerre mondiale, le réseau sanitaire est étendu aux zones
rurales, la formation médicale et paramédicale sont mises en
place, puis, des programmes verticaux mobiles de lutte contre les
endémies locales.
Après les indépendances, le système en
place est celui de la santé communautaire, et il a pour objectif
l'expérimentation des approches de santé communautaire, pour
assurer aux populations des soins de santé à coûts bas.
Les premières réformes élaborées
en 1989, ont été adoptées en 1992 avec la
déclaration sectorielle de santé (DSS) et une
réorientation des soins de santé primaires est effectuée
en 1993 avec des principes tels que:
· La participation communautaire dans le but de son auto
responsabilisation vis-à-vis des problèmes de santé;
· La mise en place du lien entre la santé et le
développement;
· Le respect des droits de l'Homme, de
l'intégrité de l'individu.
Actuellement, la politique sanitaire se situe dans une
approche sous-régionale, tenant compte des recommandations issues des
travaux avec les autres pays africains, et les organisations
internationales.
b. L'offre de soins au Cameroun
L'offre de soins est diverse comme nous l'avons
souligné plus haut, elle varie de l'existence des grands hôpitaux,
à celle des centres de santé intégrés, les
premiers,
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fonctionnent de manière autonome, toutefois, pour
mieux comprendre le système entier, nous allons dans cette section,
explorer l'offre des établissements de santé de catégorie
inférieure.
La dernière enquête de l'Institut National de la
Statistique (INS) sur les dépenses du secteur de la santé et de
l'éducation réalisée en 200313, montre à
partir d'un échantillon représentatif, les
caractéristiques de l'offre de soins au Cameroun.
L'enquête a porté sur un échantillon de
143 formations sanitaires, dont 26,7% des hôpitaux de District (HD),
22,9% des centres Médicaux d'arrondissement (CMA), et 51,4% des centres
de santé intégrée (CSI), et 34 formations du secteur
privé. Les caractéristiques portent sur les infrastructures de
base, la disponibilité de certains équipements, la qualité
du personnel en service et leurs conditions de travail, la disponibilité
des médicaments essentiels.
· Les infrastructures de base
Elles concernent entre autres, l'accès à
l'électricité, l'approvisionnement en eau courante, les
communications téléphoniques et radio, le laboratoire, la chaine
de froid, les salles de consultation, lits d'hospitalisation/observation.
Concernant ces infrastructures, l'accès à
l'électricité est disponible dans l'ensemble des HD
enquêtées, un CMA sur deux n'en possède pas c'est aussi le
cas pour les CSI. Malgré le fait que l'eau est une denrée
indispensable pour le maintient d'une bonne hygiène dans les formations
sanitaires, l'enquête de l'INS a relevé qu'environs 63% des CMA et
77% des CSI ne disposent pas d'eau courante, ceci peut expliquer non seulement
la non-extension du réseau SNEC sur l'ensemble des localités du
pays, mais aussi par la non disponibilité de cette eau à temps
plein. Pour y remédier, les formations sanitaires utilisent des sources
alternatives d'approvisionnement en eau tel que les forages, les puits ou
sources aménagées. La ligne téléphonique est
disponible dans 60% des hôpitaux de district, contre 37% des CMA et 10%
des CSI. Quant au laboratoire d'analyse, il est disponible dans tous les HD, et
dans 81,3% des CMA, les CSI n'en disposent qu'à hauteur de 46%, ce qui
est une situation très préoccupante. Les congélateurs ou
les réfrigérateurs servant à la conservation des vaccins
et de certains médicaments sont présents dans tous les HD, dans
87,5% des CMA et 70% des CSI. Les provinces du centre, du littoral et de
l'Ouest se distinguent par un nombre plus élevé de salles de
consultation, avec en moyenne 70,2 lits disponibles dans les HD, 24 lits dans
les CMA et 9lits dans les CSI. Néanmoins, les formations sanitaires
relevant du secteur privé se distinguent par un niveau
13 Institut National de la Santé, PETS 2003,
Rapport Principal, Juillet 2006.
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élevé d'équipements de base, c'est le
cas de l'hôpital protestant de Ndelbé à
Ngaoundéré qui possède 233 lits.
· La disponibilité des
équipements
En ce qui concerne les équipements médicaux,
66,4% des formations sanitaires possèdent au moins une boite
d'accouchement; 90% environ possèdent un équipement de
vaccination. Les matériels de stérilisation à sec sont
détenus par 51,7% des formations sanitaires contre 37,8% pour la
stérilisation à eau. La logistique de transport est assez rare
dans l'ensemble des formations sanitaires enquêtées, 85,1% de
l'échantillon ne possède pas d'ambulances en état de
marche.
· Disponibilité du personnel
L'effectif du personnel de l'échantillon n'a pas
varié au cours des années, ainsi, on retrouve en termes de
personnel, environ 37,4 employés dans les HD, 13 dans les CMA et 7,2
dans les CSI. Parmi les patients rencontrés lors de l'enquête,
28,8% déclarent avoir été consultés par un
médecin, 32,9% par un infirmier chef et 37,5% par un infirmier ou
sage-femme. Ceci traduit une réelle indisponibilité ou une
insuffisance de médecins dans les hôpitaux. Toutefois la
consultation d'un personnel est fonction du niveau de la formation sanitaire,
de ce fait, il est plus fréquent d'être directement pris en charge
par un médecin dans un HD que dans un CMA ou encore un CSI. La
durée moyenne de consultation varie de 18 à 24minutes dans les
formations sanitaires, avec un pic de 32 minutes pour la région de
l'Ouest, et 10 minutes pour le Nord.
· La disponibilité des médicaments
essentiels
L'enquête a relevé qu'une grande partie des HD
détiennent les médicaments essentiels pour la guérison des
maladies courantes, notamment le paludisme, la fièvre typhoïde, les
maladies infantiles, néanmoins, seuls quelques CMA et CSI
possèdent en leur sein une pharmacie bien fournie, les patients sont le
plus souvent redirigés vers les pharmacies de la ville, malgré le
fait que leur grille de prix n'est pas toujours à la portée de
tout citoyen d'où l'existence du secteur informel avec les «
médicaments de la rue ».
L'offre de soins au Cameroun est bien plus importante
comparée aux autres pays de la sous région, néanmoins,
elle connait plusieurs autres problèmes tels que la couverture de
l'ensemble du territoire, (en effet, plusieurs localités se trouvent
encore isolées de l'accès aux
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Performance des Hôpitaux Publics au Cameroun
soins), la qualité des soins pratiqués, le
coût élevé pour la population, la gestion des ressources
hospitalières. Pour apporter une réponse à tous ces
problèmes, une réforme du système hospitalier a
été initiée par le Ministère de la Santé
Publique en Mai 2003, sa présentation fera l'objet de la section
suivante.