Etude des problèmes et conséquences psychosociaux chez les enfants dont les pères sont chauffeurs de poids lourds. Cas de l'ACPLRWA ( Association des Chauffeurs des Poids Lourds au Rwanda )( Télécharger le fichier original )par Thomas HAGENIMANA Institut supérieur de pédagogie et de catéchèse du Rwanda - Licence en sciences de l'éducation 2010 |
1.2.1.3. Fonction paternelle et son importance.La fonction paternelle par sa présence dans l'environnement où se développe l'enfant forme une base solide à la formation de la personnalité. Cette fonction ne coïncide pas toujours avec une image spécifique et dépendante du milieu culturel. A l'opposé de la fonction maternelle qui a des fondements biologiques, il n'y a pas de lien existant entre la fonction paternelle et une origine biologique. En se référant aux travaux de B. MULDWORF53(*), nous pouvons distinguer deux formes de fonction paternelle: la fonction paternelle directe et la fonction paternelle indirecte. Comme Fonction paternelle directe, le père est tiers séparateur dans la relation mère - enfant. Donc La maturation biologique permet à l'enfant progressivement de se distinguer de sa mère, de se sortir de la relation duelle qu'il entretient avec elle. La mère doit être en mesure d'accepter que son enfant acquière son indépendance et finisse par se séparer d'elle. Le père doit l'aider dans cette démarche, il doit assurer une régulation de la distance entre la mère et l'enfant et ainsi contribuer à l'évolution vers l'autonomie de son enfant. De sa fonction, il empêche de faire des mères abusives Dans sa fonction directe, le père est encore détenteur de l'autorité et porteur d'interdit D.WIDLÖCHER a défini la notion d'autorité et d'interdit dans la fonction paternelle par rapport à la problématique oedipienne. Il précise que le père détient le rôle d'agent de l'interdiction oedipienne, c'est- à- dire qu'il est celui qui interdit le rêve de la possession exclusive de la mère. Selon lui, "la constitution du Surmoi dépend dans les deux sexes du dépôt dans la conscience de l'enfant de cette conscience morale qui est d'abord incarnée par le père54(*)". L'enfant attribue alors au père les
prohibitions, les obligations, les ordres... L'absence d'attachement au père signifie pour l'enfant un état de stress émotionnel plus important. L'enfant en manque de ces ressources adaptatives est ainsi privé d'un point de repère émotionnel essentiel à son développement psychique global et à sa construction identitaire en particulier. Bien qu'il connaisse sa mère, il ne bénéficie pas de l'autre expérience interpersonnelle, celle qui concoure à son parachèvement en termes de développement de l'indépendance, de l'exploration et de l'autonomie. L'enfant privé de manière précoce de père ne rencontre pas celui qui stimule par le jeu et protège par sa présence chaleureuse, c'est-à-dire celui qui s'engage à veiller, à éveiller et à émanciper. Pour M.W.YOGMAN56(*), la fonction initiale du père recouvre deux composantes psychologiques principales: stimuler et protéger. Possédant son propre style relationnel, différent de celui de la mère, un père engagé contribue à l'émergence des compétences de l'enfant et améliore sa capacité à faire face au risque et renforce le pouvoir protecteur de son environnement. L'absence d'implication précoce de père à l'égard du nourrisson et la carence d'investissement affectif paternel (paternage) dans les soins et les jeux, c'est-à-dire la fonction paternelle primaire, engendrent d'incontestables perturbations du développement chez le jeune enfant. Fonction paternelle indirecte est comprise dans le sens qu'en plus de l'amour, le père doit apporter un soutien à sa femme. Il est garant d'une certaine sécurité au sein du couple. La fonction paternelle passe par les rapports du père et de la mère. La fonction maternelle est relative à l'équilibre psychoaffectif de la mère, équilibre qui peut être soit renforcé soit ébranlé par la nature des relations qu'elle entretiendra avec son mari. De ce fait, toutes modifications affectives et émotionnelles chez la mère auront des effets directs sur la relation mère-enfant. L'équilibre du couple est donc nécessaire au développement psychoaffectif de l'enfant. De plus, l'enfant perçoit et intériorise une image de son père, qu'il se construit à travers de sa propre vision mais également au travers de l'image que se fait la mère du père. Ainsi, une femme qui méprise son mari et le diminue aux yeux de ses enfants, favorise l'intériorisation d'un type particulier d'image paternelle qui va par la suite influencer les effets de la fonction paternelle. B.MULDWORF, présente aussi la fonction maternelle indirecte comme une entité comportant trois éléments: la satisfaction des besoins élémentaires, la sédation des tensions, l'apport de présence et de sécurité. Certes, cette fonction maternelle peut être remplie par le père ou par toutes autres personnes mais elle est attribuée à la mère car elle constitue une sorte de continuité naturelle et nécessaire de la naissance. Le père peut effectivement remplacer la mère mais son rôle ne se limite pas à cela. Comme importance de la fonction paternelle, A. FONYI, la souligne en ces termes : «Quand le père (symbolique) est absent se libèrent les forces du désordre... L'absence absolue du père est psychose. Le chaos de la fusion avec la mère qui règne au commencement de l'évolution psychique, époque où le père n'est pas encore, menacera toujours d'engloutir une personnalité dont les structures n'auront pas été consolidées par une présence paternelle; autrement dit, si l'absence originelle du père se prolonge en absence éternelle, les désordres archaïques ne prendront fin qu'avec le néant asilaire.»57(*) La fonction paternelle s'inscrit dans la fonction parentale. La symbiose maternelle étant mortifère, le père dans sa dimension symbolique, permet cette «défusion» d'avec la mère primitive. Cette fonction tierce offre ainsi sens et épaisseur à la limite sujet - objet, et donne une consistance à l'espace de la non - mère pour l'enfant, et symétriquement à celui du non -enfant pour la mère. Par cette différenciation, la fracture fonde la triangulation oedipienne. Toutefois, la condition pour qu'un père existe est qu'un homme désire occuper la place de père et qu'une parole de femme le reconnaisse comme tel. Le père est l'homme de la mère, c'est-à-dire celui qui interdit à l'enfant de prendre sa place auprès de sa femme et à sa femme d'offrir cette place à son enfant. Il s'interdit également à lui-même la réalisation de son désir incestueux pour cet enfant. Le père lui transmet des idéaux sexuels et sociaux. Père biologique ou faisant fonction, il est l'individu qui représente pour l'enfant la loi de la société à laquelle il se réfère et se soumet. Autant l'enfant a besoin de relations affectives avec son père, autant la fonction paternelle, d'un point de vue symbolique (la fonction symbolique est assumée par le père de la réalité, qu'il soit géniteur ou pas) permet à l'enfant de se structurer. Le père occupe une fonction séparatrice entre l'enfant et sa mère. Face à cette place tierce, l'enfant s'élabore psychiquement en dehors de la dyade incestueuse mère - enfant (Construction OEdipienne). * 53B., MULDWORF, Op. Cit. p.26. * 54 D. WIDLÖCHER, http://www.educspe.com/dossiers/actualites-sociales/le-role-du-pere. * 55 M. PORROT, L'enfant et les relations familiales, Ed. Puf, Paris, 1973, p10. * 56M.W. YOGMAN, La présence du père, in: Objectif bébé, Seuil, Autrement Points actuels, Paris, 1985. pp. 207-222 * 57 A. FONYI, Quand le père est absent, in: Le Père, métaphore paternelle et fonction du père: l'interdit, la filiation, la transmission, L'espace analytique, Denoël, Paris, 1989, pp. 369-371 |
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