CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Du mois d'Avril 2010 à Avril 2011, nous avons
mené une étude analytique rétrospective
(Cas-témoins) dans la ville de Lubumbashi (RDC) à travers 11
maternités pour définir le type ainsi que la fréquence des
malformations congénitales cliniquement visibles à la naissance
et pour en dégager les facteurs de risque en vue d'orienter
d'éventuels projets d'intervention visant à prévenir leur
survenue à Lubumbashi.
Au cours de cette étude, nous avons obtenu une
prévalence de malformations 58.4 pour 10000 naissances (0.58%),
statistiquement la même que celle trouvée dans une étude
multicentrique à Kinshasa (0.57).
Le sexe masculin est plus représenté que le sexe
féminin avec un sex ratio de 2. La commune de Kampemba est la plus
grande pourvoyeuse de cas de malformations avec 30.6% des cas.
Les malformations du système nerveux central sont les
plus fréquentes (20.29 pour 10000 naissances) suivies des malformations
des membres (10.55 pour 10000 naissances) et des fentes oro-faciales (8.11 pour
10000 naissances).
En analysant plus en détail ces systèmes, les
spina-bifida, les fentes labiales et palatines ainsi que les pieds bots sont
les plus représentés avec respectivement 5.68 ; 6.49 et 5.68 pour
10000 naissances.
La trisomie 13 est la malformation chromosomique la plus
représentée dans notre série.
Près de 96% des cas de malformation ont
été découverts à la naissance plutôt
qu'à l'échographie dans le cadre des consultations
prénatales.
Malformations congénitales cliniquement visibles à
Lubumbashi/Mémoire de spécialisation 2010-2011
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Dans cette série, 11.1% des enfants portaient des
malformations incompatibles avec la vie et 32.9% des cas de malformations
vivants à la naissance sont décédés dans les 7
jours qui ont suivi.
Le fait pour le père d'être ouvrier ou minier, de
même que l'âge de la mère supérieur à 35 ans
étaient associés à un risque élevé de donner
naissance à un enfant malformé dans notre milieu.
Par ailleurs, l'absence de fièvre au premier trimestre
de la grossesse et le fait pour les mères de ne consommer ni alcool, ni
médicaments sans ordonnance médicale de même que le fait de
résider en dehors d'une commune où il existe une
activité
minière, ont constitué des facteurs
protecteurs. S'agissant de ce dernier facteur, la prudence s'impose car
aucune étude à ce jour n'a établi de façon formelle
de relation de cause à effet entre l'activité minière
à Lubumbashi et la variation des prévalences des malformations
congénitales.
Ce travail constitue un véritable plaidoyer en faveur
de la poursuite du projet de registre des malformations congénitales
à Lubumbashi initié en 2009 par les Professeurs Kalenga Muenze de
l'Université de Lubumbashi et Yves Gillerot de l'Université
Catholique de Louvain, responsable du registre des malformations
congénitales Belge du Hainaut et Namur.
Cet enregistrement systématique de tous les cas de
malformations congénitales est très capital dans la mesure
où il joue un rôle de « sentinelle » sur notre
environnement et où il permettra d'envisager une stratégie
nationale et/ou régionale de diagnostic anténatal, de conseil
génétique et de prévention des malformations
congénitales à la naissance.
Nous recommandons une surveillance particulière
d'éventuels nouveaux complexes malformatifs de cause inconnue.
Malformations congénitales cliniquement visibles à
Lubumbashi/Mémoire de spécialisation 2010-2011
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Nos résultats nous permettent de recommander
également le renforcement de la politique de supplémentation en
acide folique des femmes en âge de procréer, des programmes de
sensibilisation maternelle au cours des consultations prénatales
vis-à-vis de la consommation d'alcool et de l'automédication
d'une part, et d'encourager la supplémentation
périconceptionnelle en acide folique d'autre part.
Il s'avère également vital de renforcer les
mesures de sécurité dans les exploitations minières au
Katanga pour minimiser le risque pour ces ouvriers d'avoir des enfants porteurs
de malformations congénitales.
La poursuite de ce projet et la mise en oeuvre de ces
recommandations nécessitent des moyens tant humains que financiers. Sa
pérennisation ne peut donc s'inscrire que dans le cadre d'un programme
national avec implication des pouvoirs publics.
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