Conclusion partielle
Le canton de Dimori fait partie de l'unité
morphologique de la partie centrale des monts du Togo principalement dans la
série de Buèm et sur des couvertures sédimentaires. C'est
une succession de collines aux pentes légèrement inclinées
qui font descendre des éléments nutritifs aux sols en aval
permettant ainsi l'enrichissement des terres et par conséquent la
possibilité d'une agriculture, surtout calquée sur la culture du
Dioscorea sp.
Une population diversifiée et cosmopolite depuis les
origines du village conjuguée aux activités professionnelles et
socioculturelles du milieu devraient être des atouts au
développement de la culture du Dioscorea sp et des autres
denrées alimentaires, mais l'analphabétisme et la dominance de la
religion animiste avec ses superstitions, ses tabous et interdits font que,
depuis la découverte du tubercule de Dioscorea sp
jusqu'à nos jours, les systèmes de culture adoptés n'ont
pas évolués pour permettre une augmentation de la production.
CHAPITRE 2 : LA PRODUCTION DU DIOSCOREA SP
DANS
LE CANTON
DE DIMORI
2.1- Des techniques de production peu efficaces
Comme dans tous les pays en voie de développement, les
techniques et le matériel utilisés ne sont pas en
adéquation avec les types de cultures ; ce qui conduit d'habitude
à des pertes de temps et à des rendements médiocres.
2.1.1- Le caractère rudimentaire de l'outillage
Le pays Bassar bénéficie de l'existence des
gisements de fer de Bangeli, gisement dont l'exploitation artisanal a fourni
pendant longtemps la matière première à la fabrication
des outils. `'Les Bassar étaient donc parti favoris pour les
activités agricoles car dans leur rangs se trouvaient des
métallurgistes. D'eux et d'eux seul dépendait la fourniture d'un
outillage de qualité pour cultiver la terre (CORNEVIN R., 1962). Ils ont
su s'adapter à leur milieu et se sont très tôt
distingués des régions environnantes quant à la fourniture
des outils agricoles parmi lesquels on peut citer :
- la grande houe
(Dikuntandjal) : elle sert au buttage, au
billonnage et à la préparation des champs de sorgho. C'est un
outil primordial pour le paysan ;
- la moyenne houe (Kikuntanwayi) : cette
houe est fabriqué sur le même modèle que la grande houe,
sauf qu'elle est utilisée par les jeunes pour le buttage ;
après deux ou trois saisons culturales, Kikuntanwayi sert surtout au
sarclage, mais elle peut être utilisée aussi dans les travaux de
labour et de défrichement ;
- la petite houe (Bagbékou) : elle
est utilisée par les deux sexes pour le sarclage seulement, mais on peut
dire qu'elle est plus utilisée par les femmes parce que c'est un outil
plus facilement maniable par le sexe féminin ;
A côté de ces principaux outils de culture, il en
existe d'autres non moins importants.
- la hache (Kitchoco et Tchéku) :
on distingue deux types de haches : la hache féminine et la hache
masculine. La hache masculine exclusivement utilisée par les hommes est
un outil plurifonctionnel. Elle sert à couper à tailler ou
à sculpter. Elle est appelée `'Kitchoco''. Elle sert
aussi à déterrer les nouveaux Dioscorea sp, dans ce cas
précis les paysans mettent la lame sur un bois vertical.
La hache féminine `'Tchéku'' comme son
nom l'indique, les femmes l'utilisent pour chercher du bois de chauffe. Elle
intervient aussi dans la culture sur brûlis,
- le coupe-coupe (Kpatcha) : il est le
premier outil que le paysan cherche quand il se prépare pour son champ,
il est également un outil de défense. Il sert à couper les
herbes et les arbustes ;
- `'Taata'' :
c'est un outil utilisé pour faire coucher les herbes avant de
défricher. Il est formé d'un bâton et d'une corde à
dimensions variables. A chaque extrémité du bâton, on
attache un bout de la corde. Pour travailler, le paysan tient la corde et met
son pied sur le bâton qui est posé sur les herbes. Ainsi il faut
coucher les herbes avant de revenir les défrichées avec la
moyenne houe (MARTINELLI B.,1984). Ces outils sont très importants pour
le paysan car ils ont des utilités différentes comme le montre le
tableau n°7.
Tableau n°7 : les outils et leur principales
utilités.
Outils
|
Nom local
|
Utilités principales
|
Grande houe
|
Dikuntandjal
|
Buttage ; billonnage
|
Moyenne houe
|
Kikuntanwayi
|
Buttage ; billonnage pour les jeunes
|
Petite houe
|
Bagbékou
|
Sarclage
|
Hache
|
Kitchoko et tchékou
|
Coupe ; sculpture ; déterrement des
ignames
|
Coupe-coupe
|
Kpatcha
|
Défense ; coupe des herbes et arbustes
|
Bâton à couché l'herbe
|
Taata
|
A coucher l'herbe avant le défrichage
|
Source : Travaux de terrain,
2011
Le tableau n°7 montre que dans l'ensemble, six (06)
outils principales sont utilisés par les paysans de Dimori avec des
utilités spécifiques à chacun d'eux. Mais Ceci
n'empêche pas que certains de ces outils soient utilisés à
défaut de ceux destinés à la tâche principale. C'est
le cas par exemple des différents types de houes que le paysan
possède et qu'il peut utiliser à sa guise comme le montre la
photo n°1.
Photo n° 1 : photo des outils utilisés
à Dimori
Source : Cliché de l'auteur ;
photo prise en octobre 2011
Ces outils traditionnels sont les seuls moyens qu'utilisent
les paysans de Dimori.
Selon l'importance des surfaces cultivées, les outils
souvent traditionnels, la nécessité de réaliser certains
travaux dans un laps de temps, à une période bien
déterminée du cycle cultural, exige des prestations de travail en
groupe interne ou externe à l'unité de production.
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