3.5- La commercialisation des tubercules de Dioscorea
sp
La commercialisation des produits agricoles constitue la
principale source de revenu du paysan. Au cours de la période de
l'enquête, la vie économique était florissante car
c'était la période des récoles du Dioscorea
sp.
En effet, les travaux de terrain se sont
déroulés pendant les récoltes, ce qui a permis de faire
une analyse des faits économiques observés.
Ces moments d'abondance, où le paysan retrouve son
équilibre alimentaire après une difficile traversée de la
période de soudure, drainent des milliers d'opérateurs
économiques de différents coins de la région. L'importance
de l'offre et les difficultés d'accès ne sont pas sans influence
sur les prix qui connaissent des baisses considérables ; ainsi,
dans les localités telles que Bikpadjab, Tchébon, Yakédji,
les paysans sont obligés d'accepter les modestes prix imposés par
les commerçantes. La presque totalité de ceux-ci viennent de
Bassar mais il faut voir à l'arrière plan le pouvoir financier
des commerçantes de Kara et Sokodé.
Le partage des activités dans l'achat des produits est
lié au sexe, et le constat général lie le commerce des
produits agricoles aux femmes et celui des produits de l'élevage aux
hommes.
Quelques commerçants s'achètent des produits
agricoles après la vente des produits manufacturés. Toutes ces
activités intensifient le trafic routier dont le flux passe du simple (5
camions) au double (10 camions à 8 voir 10 roues). C'est donc un
ensemble de paramètres dépendants qui reflètent la vie
économique à Dimori qui dépend de la vente du
Dioscorea sp.
3.5.1- Le Dioscorea sp et le développement des
marchés dans la zone
L'importance du marché de Dimori est intimement
liée à la production de Dioscorea sp qui lui vient de sa
position dans une zone aux sols fertiles et à haute productivité.
Cette importance a été un peu affectée par l'enclavement
dont a souffert le milieu pendant des décennies. Son spectaculaire
développement a commencé en 1985. Le marché de Dimori
couvre une superficie d'environ deux hectares en saison sèche ; ce
qui traduit la non occupation totale de l'aire du marché ; le
manque d'entretien de tout l'espace provoque l'enherbement d'une partie de cet
espace en saison des pluies. Il y a une tentative de zonalisation non
précise des produits. Des quatre hangars faits de piliers en
béton et couvert de tôles, seuls deux (les plus proches de la
route) sont utilisés par les commerçants de produits
manufacturés. Quand aux vendeurs de produits agricoles, il devient
difficile de les situer dans l'espace car il y a interpénétration
des acteurs sans distinction de la nature des produits.
La gestion du marché est assurée par les agents
de la municipalité de Bassar. Les taxes sont celles perçus sur
les produits de vente. Ces taxes vont de 25 F CFA à 100 F CFA selon la
nature et l'importance du produit. Quoique situé en zone
frontalière, Dimori est coupé des contacts commerciaux avec les
localités voisines du Ghana. La difficulté de tracer des routes
à cause du relief accidenté explique cette situation. Cependant
quelques produits tels que le pétrole, les lames des houes et les
coupe-coupe proviennent des contrées du Ghana (Séndi).
L'accès au territoire ghanéen étant très difficile,
le transport des produits commerciaux se fait à pied. Le tronçon
Dimori-Binadjoub, Dimori-Yakédji et Dimori- Bikpadjab sont les plus
utilisés pour les transactions.
Réputé pour son offre en produits agricoles dont
les principaux sont le Dioscorea sp et la tomate, le marché de
Dimori attire les commerçants des régions environnantes qui
agissent surtout par l'intermédiaire des femmes de Bassar. Les prix qui
y sont fixés sont généralement inférieurs à
ceux de Bassar d'au moins 20 % et atteignent parfois 40 %. Un mécanisme
spécial régit le marché de Dimori qui s'anime le mardi. La
veille, les femmes du milieu agissant en qualité
d'intermédiaires, s'assurent de la disponibilité des produits de
leurs clientes agréées. Elles achètent ainsi le produit
avant même l'ouverture du marché afin de ne pas mettre leurs
clientes devant une situation de pénurie en cas de surplus de
commerçants le lendemain. Donc, les produits sont préalablement
stockés dans des concessions et l'on attend que l'arrivée des
acheteurs, c'est à ce titre que les femmes de paysans vendeuses de
premier niveau des produits agricoles privilégient les clientes
habituelles par rapport aux nouvelles qui peut-être n'ont besoin que de
faibles quantités pour leurs besoins domestiques.
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